Nouvelle

 
    • stefiebo

      Mange-mots

      Hors ligne

      #1 11 Décembre 2015 12:41:02

      Bonjour
      Il y a quelque temps, j'ai fait le concours de nouvelles proposé par Edilivres sur le thème de l'espoir.

      Je vous propose donc de lire ma nouvelle. Soyez indulgent : c'est ma toute première (bon, ok ! J'ai du en faire une autre en devoir quand j'étais en 6eme)
      J'accepte toutes les critiques ;)

      Asling le Rêveur

      Il rêve de la voir. Pourtant, il sait que ce sera long. Et dangereux. Mais quelle aventure !

      Quand on n’a que 7 ans, c’est normal de rêver d’aventures. Et rêveur, Asling l’est. Comme son père lui dit souvent, il porte bien son nom. La réciproque est vraie : Asling n’a jamais vu d’homme plus valeureux que son père, Fergal. Mais quand on a 7 ans, il est normal de voir son père comme un homme fort et courageux.

      Pourtant, il arrive que les papas aient peur. Ils se cachent pour faire bonne figure. Ils plaisantent et racontent des histoires. Des histoires qui font encore plus rêver les petits aventuriers.

      Et c’est ce que fait Fergal. Un soir, il dit à son petit aventurier : « prends quelques affaires. Nous partons à l’aventure. Tu rêves de voir la mer ? Tu vas la voir… Tu rêves de monter dans un bateau ? Celui-là sera encore plus grand que les curragh que tu vois ici et là. Tu rêves d’un monde inconnu ? Celui là l’est de tous. Moi même ne sais ce qu’on va y trouver. Des animaux différents de chez nous ? Sans doute… Des personnes étranges ? J’en doute car Dieu a fait l’Homme a son image. Il est donc partout pareil. Je ne te cache pas que ce voyage sera long et périlleux. Mais quand tu la verras, tu sauras que tu seras arrivé. Ferme tes yeux petit bonhomme… Et rêve de ce voyage extraordinaire »

      Asling ferme ses petits yeux et rêve. Il sent les embruns de la mer et entend les cris des mouettes. Bien qu’habitant une île, il se ne doutait pas que la mer puisse réellement exister, même dans les rêves.

      Il est face à un immense bateau, encore plus immense que la plus haute église de Tullamore. Fergal avait raison ! Ça change des curragh qu’on prend pour traverser les canaux de la ville. Et qu’est ce que ça bouge. Ça tangue, on se balance d’un côté comme de l’autre. C’est si réel qu’Asling a la nausée. C’est tellement fort qu’il va vomir. Il vomit même. Ce qui le rassure, c’est qu’il n’est pas le seul à vomir. En regardant autour de lui, il en voit des hommes qui faisaient les fiers avant le départ et qui sont maintenant aussi verts que les costumes de Leprechauns. D’ailleurs, certains ressemblent beaucoup à ces petits êtres… A moins que ce ne soit que son imagination qui lui joue des tours. En tout cas, ils sont bien étranges tous ces hommes qui l’entourent. Il ne peut les compter car ils sont trop nombreux et lui, comme il n’aime pas trop l’école, il ne sait que compter jusque 10. C’est pratique, c’est le nombre de doigts qu’il a sur ses mains.

      D’ailleurs, pourquoi ces hommes s’invitent-ils dans son rêve ? Il le demande à son père, qui l’accompagne. Car quand on a 7 ans, il est normal que papa accompagne. Et c’est rassurant d’avoir son papa à côté de soi, même dans ses rêves d’aventures.

      Fergal lui répond : « tu sais, petit bonhomme, il est fréquent que plusieurs personnes fassent le même rêve. C’est pour ça que tu les vois dans le tien. Ces hommes là, sont des aventuriers comme toi. Ce sont des rêveurs, tout comme toi. Ils aspirent à découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes, de nouvelles habitudes. Ils aspirent à aller toujours plus loin. Bien plus loin que les murs de Tullamore ou que le comté d’Offaly. Et ils sont poussés par les mêmes raisons que toi. Ce sont des curieux qui espèrent… Et qui rêvent.

      Ont-ils peur ? Je ne sais. Toi, as- tu peur ? Tu vas me dire que non parce que je suis près de toi. D’ailleurs, si tu regardes bien, beaucoup sont accompagnés de leurs proches. Un voyage comme celui-là ne peut pas se faire seul. Tu vois, même les solitaires ont besoin de se rapprocher des autres voyageurs. Ne penses-tu pas que c’est pour se rassurer ? L’inconnu est tout de même un peu effrayant non ? »

      Asling se serre encore plus près de son père. Il a besoin de sentir son souffle, son calme, sa chaleur, son odeur. Dans ses bras, il se sent invincible. Il pourrait déplacer des montagnes. Rien n’est impossible tant qu’il est à ses côtés. C’est tellement rassurant les bras d’un papa, surtout quand on est un petit garçon de 7 ans.

      « Papa, quand sait-on qu’on arrive? »

      Fergal attend cette question depuis le début du voyage. « Ne t’inquiète pas petit bonhomme. Tu le sauras. Tu le sentiras. L’espoir est quelque chose d’incroyablement magique. Il arrive comme ça, sans qu’on ne s’y attende. Pour certains, il est long à arriver. Pour d’autres, il reste toujours enfoui au fond d’eux, tapi dans l’ombre mais prêt à jaillir tel un arc en ciel après un bel orage. Sois plus malin que les fées, et tu le trouveras. »

      Asling se sent rassuré par ses dernières paroles. Son rêve devient plus léger. Tout au plus ne prête-t-il pas attention à la Banshee qui est près de lui. L’étreinte de son père se desserre peu à peu. Sa chaleur diminue également. Il aurait presque froid. Qu’importe… Asling le rêveur rêve. Il rêve de cet espoir qu’il sent au fond de lui et qui n’attend qu’à jaillir. Il sait qu’il va arriver et n’est donc pas inquiet. Car, quand on a 7 ans, on n’est jamais inquiet sauf quand on voit Stingy Jack.

      La traversée se fait plus douce. Asling est moins malade. Ses compagnons de rêverie reprennent eux aussi des couleurs. Ils se mettent à parler, beaucoup et de tout. Ils se mettent à chanter, jouer de la musique et danser. Pour un peu, on se croirait dans un pub. Un pub dans lequel il aurait le droit de renter, à 7 ans ! C’est assez incroyable. Mais après tout, c’est cela un rêve. Asling se sent en sécurité avec les autres. Il n’ a pas peur.

      Tout en écoutant cette douce musique, il sent quelque chose monter du fond de son ventre. Au début, il n’y fait pas attention. Mais ce quelque chose se fait plus pressent. D’ailleurs, il n’est pas le seul à le ressentir. Toutes les personnes présentes dans son rêve arrêtent de danser et de chanter. Elles se ruent dehors. Asling sait ce qu’il a à faire. Il se fraie un chemin jusqu’au pont. L’air est frais, il frissonne. Il pleut et il fait nuit. Le silence sur le pont contraste avec le cri des mouettes qu’il n’avait plus entendu depuis si longtemps. Tout est calme, trop calme. Asling a l’impression que tout le monde arrête de respirer. A moins que leurs cœurs battent tous à l’unisson. Et d’un coup, il la voit, cette fameuse Statue de la Liberté dont Fergal lui avait tant parlée. Cette statue, espoir d’un monde meilleur, comme son père lui avait très souvent décrit. Et Asling le rêveur sait qu’il n’est plus en train de rêver.