#174 19 Juin 2019 00:19:23
Bonsoir !
J'ai acheté trois livres vendredi, le dernier a été lu aujourd'hui.
Tout d'abord Charmer, s'égarer et mourir de Christine Orban.
L'auteure a décidé d'explorer à nouveau la vie de Marie-Antoinette pour tenter de decrypter qui était cette femme. On y découvre une enfant, puis une adulte sans réelle culture politique, infantilisée par sa mère et dans l'impossibilité de prendre de la hauteur. Elle n'imaginait pas devoir passer sa vie sous surveillance constante, être en proie aux stratégies, luttes de pouvoir et complots. Chaque chapitre aborde des thématiques précises : l'affaire du collier, la relation conjugale, le Trianon, ou l'emprisonnement. Elle y apparaît comme une femme éduquée dans la convenance mais pas intellectuellement. Elle n'a d'ailleurs jamais éprouvé le desir de parler avec des philosophes, peut-être n'était-elle pas éveillée. Christine Orban y évoque aussi son attachement, et donne des éclairages sur son travail de recherche. C'était intéressant.
La fille de la supérette de Sayaka Murata. Là encore, court récit d'une Japonaise ayant du mal à s'adapter à la société. À 36 ans, elle continue de travailler à temps partiel dans une supérette (konbini), un job qu'elle avait débuté étant étudiante. Je ne suis pas spécialiste mais la jeune femme semble presenter des signes d'autisme, au niveau de son analyse de son environnement et de cette volonté de mimetisme pour integrer la société. Elle est et se sent incomprise, forcée de rentrer dans des cases au risque d'être perçue avec suspicion. Je ne suis pas persuadée que ce mal être soit propre au Japon, mais peut-être est-il plus difficile de le vivre dans une société où le conformisme est bien vu. J'ignore en vérité quelle place est laissée aux autistes dans ce pays. Quoiqu'il en soit, la jeune femme assimile les codes pour tenter de se fondre dans la masse et identifie aussi que l'ensemble de son entourage le fait, visiblement avec plus de spontanéité. Au final, elle a quand même une place dans ce monde, il lui suffit d'ouvrir les yeux et d'aller dans ce sens. Mais évidemment, il est difficile de s'en rendre compte par soi-même, sans miroir positif. Distrayant et intéressant aussi, notamment car cela apporte des éléments pertinents sur notre fonctionnement (la nécessité des codes, de partager des traits communs pour se sentir en sécurité).
Les dévorantes de Marinca Villanova. La thematique m'intéressait : celle de l'absence d'amour maternel et de l'opposition dévorante-dévorée. On suit trois générations de femmes, et la transmission de cette indifférence à l'enfant qui vient de naître, puis à cette méchanceté qui en découle entre les mère et fille. Le récit est froid, et d'après les lectures de certains chroniqueurs, peut laisser de marbre. Cependant, pour toutes les personnes ayant un lien fragilisé avec leur mère, ce peut être une sorte de piste pour comprendre comment un désamour a pu prendre racine, et avancer pour ne pas le reproduire. Évidemment, si vous cherchez à vous identifier aux personnages, vous serez déçu. Car l'auteure explore le mecanisme de la conception de cette defaillance. C'est franc, avec des personnes qui ne sont pas à leur avantage. Mais une fois le récit terminé, il suffit de prendre le temps de réfléchir pour comprendre comment la situation a pu en arriver là.
C'est une sujet rarement abordé, celle de la femme qui enfante par contrainte, pour être dans la norme, et aussi la menace de l'isolement qui pousse à la dépréciation. Un récit surprenant et dur, mais qui semble basé sur des histoires de vie réelles.
Dernière modification par Tomisika (19 Juin 2019 08:33:22)