#1 11 Août 2016 14:49:39
J'ai longtemps hésité et j'ai décidé de me lancer !
Voici un petit texte écrit alors que je m'ennuyais (je ne savais pas du tout ce que ça allait donner !) :
Mitch n'était pas ce que l'on pouvait décrire comme un mec ponctuel. Il se moquait bien de faire attendre du monde, peut-être même qu'au fond il aimait se faire désirer. Il ne considérait pas la vie comme des heures de stress à subir du berceau à la tombe, il préférait prendre les choses avec nonchalance ; mais cette philosophie de vie ne plaisait pas à tout le monde, à très peu de monde à vrai dire ; et pour ce petit nombre de personnes, c'était plus par résignation que par réelle patience. Ils savaient que ça ne ferait pas changer le concerné qui ne faisait que ce qui lui plaisait. Il se savait suffisamment béni des dieux pour faire preuve d'hédonisme : il était jeune, il était beau, et il n'avait pas froid aux yeux. Pourquoi respecter les autres lorsque l'on avait tous les atouts possibles ? Il n'avait pas à faire preuve d'hypocrisie pour obtenir chez les autres ce que lui n'avait pas car il avait tout : sa famille était suffisamment riche pour qu'il se fasse plaisir, il n'était même pas entravé par les problèmes financiers. Et peut-être était-ce pour cela que les autres faisaient fi de son irrespect envers eux, parce qu'en contrepartie, ils pouvaient profiter de son argent durant les nombreuses soirées que le jeune homme organisait lorsque ses parents étaient absents.
Mais il y avait bien une personne qui se montrait franche avec lui et qui savait lui dire quand elle en avait marre de son comportement mal-élevé : sa petite amie, Rosanne, et c'était sûrement pour cela qu'elle lui avait plu et qu'il ne l'avait toujours pas plaquée ; parce qu'elle osait lui faire des reproches et le traiter de nom d'oiseaux lorsqu'il lui sortait par les yeux. Et par dessus le marché, c'était une très jolie blonde au visage d'ange, ce qui contrastait avec son caractère enflammé. Mitch aimait le paradoxe, et Rosanne en était un. L'aimait-il ? Il ne pensait pas être capable d'amour romantique, mais il l'appréciait, elle le faisait rire. Il la connaissait depuis un petit moment maintenant, il avait confiance en elle, et il savait que sa blonde était très attachée à lui et que, malgré ses frasques à lui et ses menaces à elle, jamais elle ne le plaquerait ; il appréciait cette relation stable, c'était sûrement la seule chose qui l'était dans sa vie.
Ses parents ? Il s'en moquait, ils n'étaient jamais là : son père était homme d'affaires, sa mère mannequin et actrice ; ils passaient leur temps à voyager pour leur travail et ne pouvaient s'occuper de lui, alors en contrepartie ils lui laissaient l'accès libre à leur fortune. Mitch trouvait ça pathétique de leur part, comme si leur argent pouvait faire office de parents, mais ça ne l'empêchait pas de piocher dans leurs comptes ; tout en se disant qu'ils n'auraient jamais dû fonder une famille. Mitch ne se sentait pas désiré en tant qu'enfant, voilà longtemps qu'il s'était convaincu n'être qu'une erreur dans la vie de ses géniteurs. Ils auraient pu ne pas l'avoir, cela n'aurait pas changé grand-chose dans leur vie alors que la sienne n'aurait pas été ainsi : s'il avait pu grandir dans une famille normale, s'ils avaient fait l'effort de travailler un peu moins, il aurait été aimé et certainement mieux élevé, et il ne les aurait jamais méprisés. Parce que c'était le cas aujourd'hui : il méprisait ses parents.
Ses amis ? Juste une bande de figurants qui ne servaient qu'à lui faire passer le temps et à le divertir, mais il se moquait bien d'eux ; s'ils sortaient de sa vie, il ne s'en formaliserait pas plus que ça. Tant qu'il avait Rosanne, en vérité, le reste n'importait peu. Mais jamais il n'irait avouer une chose pareille à sa blonde, jamais il ne lui dirait à quel point elle lui importait, petite amie ou pas. Il ne lui avait même jamais dit « Je t'aime », et jamais elle ne l'avait embêté avec ça comme une fille romantique l'aurait fait. Rosanne était pragmatique et pas très fleur bleue, encore une de ses qualités qui plaisait tant à Mitch. Autant dire qu'elle était parfaite à se yeux...parfaite pour lui.
De la famille ? Oui, il avait bien des oncles, tantes, cousins et cousines, mais il ne les connaissait pas tant que cela, à peine plus que ses prétendus amis. Oh, il y avait bien son cousin Lubin qu'il appréciait, mais de là à dire qu'il passait le plus de temps possible avec, c'était autre chose. A chaque fois, c'était Lubin qui le réclamait, proposant une sortie, et lui acceptait et, parfois, lui posait un lapin parce qu'il avait décidé de faire autre chose au dernier moment. Mais jamais son cousin ne lui en voulait. Peut-être l'aimait-il beaucoup plus que ce que Mitch pensait. Lorsqu'ils étaient ensemble, on leur disait qu'ils se ressemblaient, qu'ils pourraient être frères ; Mitch ne voyait pas en quoi ils étaient si semblables, mais Lubin semblait à chaque fois touché par ces remarques. Certes, ils avaient tous les deux les cheveux noirs et les yeux plutôt clairs bien que de couleur différente, mais les points communs s'arrêtaient là d'après Mitch. Pas du tout de quoi passer pour des frères, alors que Rosanne, elle, ne pouvait pas du tout renier le sien, Seraphin, qui tient ce prénom de ses cheveux blonds et sa bouille qui était trop adorable pour ne pas être angélique aux yeux de ses parents ; Rosanne disait souvent être contente d'avoir échappé à pareil sobriquet du genre Angélique ou Angel, même si elle trouve son prénom plutôt moche et vieux. Mitch, lui, trouvait que ça lui donnait un charme, il aimait bien ce prénom désuet et peu commun ; mais il était d'accord pour Seraphin : son prénom ne faisait pas partie de ses atouts. Et pour en revenir : ces deux-là ne pouvaient pas se renier, Lubin et lui si, mais les gens n'étaient pas de cet avis. Ok, qu'il en soit ainsi, se disait donc Mitch. Après tout, ce n'était pas comme si Lubin était laid, au contraire : il était joli garçon malgré ses traits juvéniles ; en vérité, sa petite tête d'enfant était un outil de séduction dont certaines filles fan de kawaii raffolaient mais dont le principal concerné ne connaissait pas du tout la puissance. Lubin n'était pas un séducteur né ; son visage poupin était assorti à sa personnalité encore innocente pour son âge, et être aux côtés de son cousin ne l'aidait pas à se dévergonder, ses soirées étaient les seuls évènements qu'il esquivait, lui qui, d'habitude, passer le plus de temps possible avec lui.
Parce que Mitch n'organisait pas de gentilles pyjama-party, oh que non, il leur préférait les fêtes endiablées où l'alcool coulait à flots, de toutes sortes et de toutes les couleurs ; « sans alcool, la fête est plus folle », paraît-il, mais lui n'était pas d'accord : si l'on ne pouvait pas s'enivrer, impossible de s'amuser, selon lui. L'alcool préféré de Mitch était le rhum Bacardi, de ce fait le Cuba Libre faisait partie de ses cocktails de prédilection avec le Mojito. Quant à Rosanne, aussi angélique paraissait-elle, elle savait et aimait boire ; plus raffinée que son jules, elle avait un faible pour la Pina Colada et le Bellini ; Rosanne avait toujours aimé les notes fruitées et florales, cela se prouvait par son parfum qui enivrait Mitch. Son frère Seraphin n'avait pas autant d'expérience que sa soeur et donc moins de tenue lorsqu'il essayait, et pourtant elle avait la bonté de lui servir des cocktails légers quand Mitch s'amusait à lui en faire des corsés juste pour le voir ivre. Autant dire que sa belle n'appréciait pas ses méchants tours lorsqu'elle trouvait son frère complètement saoûl. Pour ce qui était de Lubin, lui ne buvait jamais, raison de plus pour éviter les soirées de son cousin.
Tout ce petit monde vivait à Paris, mais Mitch passait également une partie de l'année à Los Angeles, où se trouvait une des résidences de sa mère qui aimait cette ville. Cette dernière était Américaine et n'avait jamais réussi à abandonner son pays natal pour vivre en France ; d'ailleurs, elle n'avait pas plus réussi à se faire à l'idée qu'elle était mère, d'après son fils, mais bon, il s'y était fait : c'était ainsi depuis sa naissance. Le fait de vivre dans des grandes villes a fait que Mitch ne se sent pas du tout attiré par les petites villes et le monde rural ; selon un certain point de vue, il pouvait même passer pour un snob aux yeux des provinciaux, mais lui trouvait plutôt qu'il se moquait de leur existence plus qu'il ne la méprisait. Rosanne, à l'inverse, aimait les coins de nature car elle en avait parfois marre de la vie citadine et du rythme trépidant de la capitale française, où elle trouvait que la nature manquait ; malgré les différents jardins qu'on peut trouver dans cette grande ville, il y avait trop de béton et de gris aux yeux de la jolie blonde. Au fond de lui, Mitch ne lui donnait pas tort : malgré sa réputation, Paris manquait de beauté par endroits et un peu plus de verdure ne lui ferait pas de mal. Mais Los Angeles, pour lui, était beaucoup plus belle et attrayante que Paris. Pour commencer, il y faisait tellement plus beau et l'ambiance était plus sympathique, les gens moins stressés ; la plage y était sûrement pour beaucoup. Peut-être qu'au fond, Mitch avait plus pris de sa mère et se sentait plus Américain que Français, après tout, ce n'était pas impossible. Los Angeles était plus sa ville que Paris, et il aimerait partager son attachement à la Cité des Anges avec Rosanne, sûrement à son anniversaire : elle était née en hiver, passer plusieurs jours au soleil pour fêter sa naissance lui ferait certainement plaisir ; et la voir en paréo en cette période de l'année ne lui déplaisait pas du tout. En espérant que ses parents soient d'accord pour que leur fille se fasse embarquer en Californie par son petit ami qu'ils n'estimaient pas plus que ça. Non, ce couple que formaient ses beaux-parents n'appréciait pas vraiment Mitch, ils le trouvaient indigne de leur fille adorée, ils voulaient quelqu'un de plus posé et de plus respectable que lui, sûrement un premier de la classe qui passait ses journées en bibliothèque, un jeune homme comme Lubin, en quelque sorte, timide, sérieux, et pas un dépravé mal élevé qui passait son temps à faire la fête. A leurs yeux, il n'était qu'un petit voyou qui avait mauvaise influence sur leur chère et tendre petite Rosanne et, par extension, sur leur gentil Seraphin, et ils savaient montrer leur animosité envers lui, ce à quoi Mitch réagissait avec une parfaite indifférence : il se moquait bien de ce qu'on pouvait penser de lui, et si ses beaux-parents ne l'aimaient pas, tant pis ; ce n'était pas avec eux qu'il sortait, après tout. Cependant, il faisait des efforts pour se montrer aimable quand il les voyait, pour Rosanne, parce qu'elle vivait mal la mésentente entre les personnes qu'elle aimait. Et Seraphin aussi essayait de lui faire gagner des points auprès de ses parents, plus ou moins subtilement, et pour cela, Mitch l'appréciait...sans le lui montrer, cependant : Mitch était trop fier, il n'aimait pas montrer ses sentiments.
Pourtant, son comportement mis à part, Mitch avait tout pour plaire, il était ce qu'on pouvait appeler un bon parti : issu d'une famille riche, seul héritier de ses parents, inscrit à une grande école où il s'en sort avec une bonne moyenne, vivant dans le plus beau quartier de Paris, il possédait tout ce qui pourrait faire le bonheur de ses beaux-parents, mais il semblerait qu'ils ne se fiaient pas à ses biens matériels mais à ce qu'il était, lui. Quelque part, Mitch trouvait ça bien de leur part, qu'ils ne livrent pas leur fille à quelqu'un juste par intérêt, qu'ils préfèrent qu'elle soit heureuse avec quelqu'un de modeste plutôt que malheureuse avec quelqu'un de fortuné. A défaut d'être sympathiques, au moins étaient-ils humbles et non assoiffés de richesse. Ou alors ils cachaient bien leur jeu. Au contraire de ses prétendus amis qui étaient prévisibles à des kilomètres et qui lui rappelaient une bande de vautours tournant autour d'une proie mourante. Peut-être qu'un jour, il mettra tous ces charognards à la porte pour s'en trouver d'autres ; parfois, il fallait du sang neuf pour lutter contre l'ennui. Et voir de nouveaux visages peut être plaisant, surtout que beaucoup tueraient pour faire partie de son cercle privé, il en était convaincu.
C'était également un problème, Mitch était trop sûr de lui. Toujours. Rosanne avait beau lui dire qu'un jour, il tomberait de haut, il s'en moquait : s'il était si sûr de lui, c'est parce qu'il était toujours persuadé d'avoir raison, et jamais il ne s'était trompé.
Dernière modification par Kae (18 Août 2016 19:01:19)