Une histoire d'amour

 
    • Invité

      Invité

      #1 20 Août 2016 20:34:01

      Bonsoir à toutes et à tous,
      En faisant du ménage dans mon ordi, je suis tombée sur une nouvelle romance commencée il y a bien deux ans et restée telle quelle car je n'étais pas sûre d'avoir le ton juste. Voici tout ce que j'ai écris pour le moment, le tout début du chapitre 1. Qu'en pensez-vous ? Est-ce que cela vaut la peine de continuer ?

      Merci de vos avis :)


      Chapitre 1

      Impeccablement vêtue d'un ensemble Chanel rouge qui faisait ressortir sa chevelure auburn luisante de santé, Delphine de Boer présidait, ce jour-là, la réunion de sa force de vente. Elle estimait que les résultats n'étaient pas conformes à ses prévisions et tenait à le faire savoir. L'atmosphère était orageuse dans la petite salle.
      Elle dévisagea un à un les six hommes qui se tenaient un peu raides autour de la table ovale, puis attaqua sans préambule :
      - Dites-moi, Gilbert, vos chiffres ne sont pas à la hauteur de mes espérances, dit-elle en tapotant le feuillet qu'elle venait de sortir d'un dossier.
      Delphine de Boer alluma le beamer et une double courbe ascendante s'afficha à l'écran.
      - La collection Fleur de Lys aurait dû rattraper et même dépasser les ventes de Feuilles d'Automne. Le spot télé était minable. Comment se fait-il que vous n'ayez pas suivi mes ordres?
      Le gros homme ainsi interpellé ne perdit pas contenance :
      - Le budget que vous m'avez alloué était insuffisant, Madame. Les coûts induits par... 
      - Vous vous cherchez des excuses ! coupa Delphine, très sèche. Dois-je en déduire que vous n'êtes pas aussi compétent que mon prédécesseur l’estimait ?
      Un froid tomba. La dernière fois que la nouvelle directrice avait prononcé ce genre de phrase, il y avait eu deux licenciements juste derrière. Delphine de Boer les affronta du regard. Aucun n’osa se rebeller. Satisfaite d’avoir la maîtrise totale de la situation, la jeune femme conclut :
      - Bien, je vous laisse jusqu'à la fin du mois pour redresser la barre.
      De son stylo laser, elle souligna sur l’écran le montant du prévisionnel qu’elle avait défini :
      - Ce chiffre sera atteint d'une façon ou d'une autre. Si les ventes ne remontent pas, une réduction d'effectif diminuera les charges. Je vous laisse y réfléchir, Messieurs. A la semaine prochaine.
      Son départ laissa comme un vide glacial dans la salle de réunion.

      Le soir-même, Delphine de Boer était convoquée dans le bureau du Pdg. Elle passa au pas de charge devant la secrétaire, qui n'osa pas l'intercepter.
      - Bonsoir, papa, dit-elle joyeusement en entrant sans même avoir frappé.
      Maxime de Boer ne s’en formalisa pas. Ce grand bonhomme costaud aux cheveux  gris et à la figure un peu rougeaude aimait les audaces de sa fille unique. Du moins jusqu’à un certain point. Car si elle avait l’étoffe d’un chef,  parfois, elle exagérait.
      - Ah, Delphine. Assieds-toi, j'ai à te parler.
      - Dis-moi, papa chéri !
      La jeune femme souriait, ce qui illuminait le jade pâle de son regard et donnait à son visage un air charmant de petite fille fragile. Ce qu'elle était peut-être, sous ses airs si sûre d'elle. Mais si c’était le cas, elle le cachait bien.
      Maxime de Boer était fier de sa Delphine. Elle avait hérité de la beauté sculpturale de sa mère. Et si elle avait toujours été une enfant un peu trop capricieuse et despotique, c'était sans doute de sa faute ; il n'avait pas eu beaucoup de loisirs pour surveiller de près son éducation. Il s'était dit que le monde du travail l'assagirait et il venait de lui confier, il y a peu, la Direction des Ventes de son usine de porcelaine. Il se demandait maintenant s'il avait bien fait. Les plaintes des employés se multipliaient...
      Maxime savait que sa fille avait du tempérament et l'explication s'annonçait houleuse. Mais, pour son bien tout autant que pour celui de l'entreprise, cette fois il ne cèderait pas. Décidé, il posa les mains sur sa bedaine, enfonça les pouces dans les poches de son gilet, prit une inspiration et se lança :
      - Fifille, écoute-moi. Je sais que tu es à la hauteur de ton poste de directrice. Tu es hardie et énergique et tu veux faire de ton mieux pour le renom de notre maison. Mais, parfois, il faut savoir se mettre à la hauteur de ceux qui ont moins de qualités que toi.
      Delphine fronça les sourcils. Les compliments servant à enrober les vacheries, elle connaissait. Soupçonneuse, elle demanda :
      - Et ça veut dire quoi ?
      - Qu’il y a manière et manière de s'y prendre avec les salariés, dit son  père comme on se jette à l’eau.
      - Ah, je vois, lâcha la jeune femme en perdant son sourire. Ces minables sont venus pleurer dans ton gilet. Qui est le meneur ? Gilbert ?
      - Il n'est pas question de meneur. Je regrette d'avoir à te le dire mais le problème, c'est toi et ton attitude. Depuis deux mois que tu es là, tu as déjà renvoyé nos deux meilleurs vendeurs et ils sont partis à la concurrence.
      Delphine haussa les épaules :
      - Des vendeurs, il y en a à la pelle. Il suffit de se baisser pour les ramasser.
      - Je t’interdis de dire des choses pareilles, gronda son père, outré d’entendre de telles propos. C’est d’êtres humains dont tu parles, pas d’objets. Je ne t’aurais jamais crue aussi cynique !
      - J’ai été bien dressée à l’école dans laquelle tu m’as envoyée, répliqua Delphine du tac au tac. On voit bien que tu n’as jamais suivi d’études de haut marketing. Ah, c’est sûr que dans les bouquins, on te parle de gestion des ressources humaines, de droit des travailleurs, de respect, de bien-être... Pourquoi pas d’amour et de petits oiseaux tant qu’on y est ? Mais le prof, lui, il t’explique bien soigneusement que les vendeurs sont comme les citrons : on les presse et quand ils n’ont plus de jus, on les jette. Tu as payé assez cher pour que j’aie la meilleure formation, non ? Eh bien tu peux être satisfait : c’est réussi.
      - Ne le prends pas sur ce ton avec moi, Delphine ! Je suis ton père ! Et je croyais que tu avais assez de jugeotte pour en prendre et en laisser lorsque l’enseignement ne correspondait pas aux préceptes que je t’ai inculqués. J'ai pour principe de respecter ceux qui travaillent pour moi et c'est encore moi qui dirige cette usine.
      - Je me le demande, jeta la jeune femme avec une arrogance provocatrice. Entre les syndicats, le comité d’entreprise et tout le reste, tu es plutôt leur vache à lait, à ce qu’il semble. Il est temps de remettre de l’ordre dans tout cela.
      Impérative et sentencieuse, Delphine regardait son père de haut et celui-ci ne le supporta pas. Il rugit :
      - C’est assez ! Personne ne me dictera ma conduite dans mon entreprise, pas même toi.
      Maxime de Boer saisit un dossier dans un tiroir de son grand bureau en acajou et le jeta sur le plateau de bois en disant à sa fille :
      - Tiens, c’est pour toi. Tu es attendue à la Clinique des Pins dans les Hautes-Pyrénées pour un séjour de deux semaines. Au programme, remise en forme, relaxation et cure anti-stress.  Je crois que tu en as besoin. Un peu d’air pur te fera le plus grand bien et à mes employés aussi.
      - Quoi ? Tu veux te débarrasser de moi ? Tu plaisantes ou quoi ? Je ne suis ni stressée ni surmenée et ce n’est surtout pas le moment de lâcher les rênes alors qu’on vient de sortir la nouvelle collection !
      -  Ça, je m’en charge. Je ne t’ai pas attendue pour vendre, ma fille, et je te rappelle que ce sont mes méthodes qui ont fait des Porcelaines de Boer le leader européen.
      - Tes méthodes sont dépassées et la concurrence nous talonne. Je ne vais sûrement pas m’absenter maintenant. Tu peux dire à ta secrétaire d’annuler cette cure idiote. Je n’irais pas.
      - Tu iras.
      - Pas question.
      Les bras croisés, raide et droite, Delphine semblait déterminée à tenir tête jusqu’au bout à son père. Mais Maxime de Boer en avait maté bien d’autres. Il dit avec un calme soudain qui n’augurait rien de bon :
      - Bien. Si tu le prends ainsi, on va aborder le problème autrement.
      Il tapota de l’index le dossier de la Clinique des Pins et ajouta :
      - Tu n'as pas le choix, ma petite fille. Soit tu acceptes de suivre cette cure, soit je te retire la direction des ventes et je mets Durieux à ta place. Tu te débrouilleras pour chercher un travail en lisant les petites annonces, comme tout le monde. Tes compétences sont réelles et devraient t’ouvrir bien des portes mais on verra alors si ta morgue et ta suffisance sauront convaincre un patron de t’embaucher.
      Delphine avait du caractère et l’habitude depuis toujours que tout le monde cède devant elle. Mais, cette fois, la menace était de taille et elle se voyait mal courir les offres d’emploi. Pour tout dire, elle ne se voyait pas du tout renoncer à son confortable salaire et à l’autorité que lui conférait son poste. Toutes ses relations se seraient moquées d’elle et cela, elle ne le supporterait pas. Le choix était donc vite fait. Cependant, la perfidie de son père l’indignait tellement qu’elle lui jeta au visage avec un air de défi :
      - Bon, puisque tu en es au chantage, j'irai. Mais je te préviens : je serais tellement odieuse qu'ils en auront vite marre de moi. Je te parie que je ne ferai pas les quinze jours !
      Furieux devant une telle mauvaise volonté, Maxime de Boer éclata :
      - Tu es bien aussi garce que l'était ta mère !
      Indignée, ses yeux lançant des éclairs, Delphine hurla encore plus fort que lui :
      - Tu n'as pas le droit ! Laisse maman où elle est !
      Les larmes perlaient à ses cils et il y avait comme une douleur au fond de son regard vert pâle.

      - Pardonne-moi, fifille, pardonne moi. Tu sais bien que quand tu me mets en colère, je ne sais plus ce que je dis.

      Il la prit dans ses bras et la serra très fort contre lui.
      - Elle me manque tellement, si tu savais...
      - A moi aussi, papa. A moi aussi.
      Elle pleurait comme une petite fille et sentait les sanglots muets secouer les épaules de son père. Ils restèrent un long moment ainsi, unis ensemble dans le souvenir de celle qui était partie bien trop tôt dans cet horrible accident.



      à suivre ??

      Dernière modification par armoric (21 Août 2016 16:57:25)

    • Kae

      Magicien des lignes

      Hors ligne

      #2 21 Août 2016 13:41:45

      Salut Armoric :)

      Ce début d'histoire est fluide et clair, même si le personnage de Delphine est imbuvable (son nom sonne hyper classe, par contre !) : tu as bien retranscrit son caractère capricieux et son plaisir à tyranniser les autres (en tout cas, c'est comme ça que je l'ai perçu !). J'ai bien aimé son père, qui a une toute autre manière de voir les choses concernant son entreprise et aussi parce qu'il a enfin fait preuve d'autorité envers elle !

      Une suite serait sympathique, oui, histoire de voir ce que sa cure donne et les efforts qu'elle va déployer pour ne pas avoir à la faire jusqu'au bout ! Et peut-être aussi, en savoir plus sur elle : elle doit bien avoir des bons côtés, cette délicate jeune femme ! :) Et peut-être aussi en savoir plus sur sa mère dont le caractère semblait tout aussi charmant !

      Donc oui, à suivre ^^
    • Invité

      Invité

      #3 21 Août 2016 16:52:58

      Bonjour Kae,

      Merci de ta réponse qui m'encourage à envisager la suite de cette histoire. Bien entendu, comme tu l'as deviné, tout ne va pas se passer simplement au centre où Delphine va rencontrer des gens qui ne s'en laissent pas compter. Et puis elle va dévoiler aussi ses fêlures et ses qualités, car elle en a aussi, bien cachées. J'ai le scénario en tête et quelques notes, seule le roman reste à écrire :malade:.

      Ta sensibilité est absolument en adéquation avec ce que j'ai voulu faire passer sur les caractères des personnages et c'est très rassurant car je peux poursuivre dans le ton. 

      On pourrait marier Delphine et Mitch pour avoir un couple d'enfer :sifflote:

      Merci encore d'avoir pris un peu de temps pour me lire.
    • Kae

      Magicien des lignes

      Hors ligne

      #4 21 Août 2016 17:15:14

      armoric a écrit

      Bonjour Kae,

      Merci de ta réponse qui m'encourage à envisager la suite de cette histoire. Bien entendu, comme tu l'as deviné, tout ne va pas se passer simplement au centre où Delphine va rencontrer des gens qui ne s'en laissent pas compter. Et puis elle va dévoiler aussi ses fêlures et ses qualités, car elle en a aussi, bien cachées. J'ai le scénario en tête et quelques notes, seule le roman reste à écrire :malade:.

      Ta sensibilité est absolument en adéquation avec ce que j'ai voulu faire passer sur les caractères des personnages et c'est très rassurant car je peux poursuivre dans le ton. 

      On pourrait marier Delphine et Mitch pour avoir un couple d'enfer :sifflote:

      Merci encore d'avoir pris un peu de temps pour me lire.


      Oui, je me suis dit que sous sa personnalité exécrable devait bien se cacher une certaine fragilité, quand on voit sa réaction quand sa mère a été citée ! J'aimerais bien la voir bousculée dans ses habitudes tyranniques, au centre, où se rendre compte que les gens ne sont pas des objets si elle rencontre des personnes vraiment surmenées ou dépressives !

      Et en effet, tu as bien retranscrit leurs caractères : le dialogue entre Delphine et son père a permis de comprendre qu'elle possède une façade ! Je suis curieuse de voir comment tu vas dévoiler ses bons côtés, et les qualités qu'elle cache si bien !

      :ptdr: Effectivement, ces deux-là pourraient s'entendre vu leur amour pour l'argent et le peu d'estime qu'ils ont pour les autres personnes ! Il va juste falloir que Delphine se batte avec Rosanne pour avoir Mitch ! :sifflote:

      Bonne continuation ! :ok: