<image>L'histoire :
22 novembre 1963: 3 coups de feu à Dallas.
Le président Kennedy s'écroule et le monde bascule.
Et vous, que feriez-vous si vous pouviez changer le cours de l'Histoire?
2011. Jake Epping, jeune professeur au lycée de Lisbon Falls dans le Maine, se voit investi d'une étrange mission par son ami Al, patron du diner local, atteint d'un cancer. Une "fissure dans le temps" au fond de son restaurant permet de se transporter en 1958 et Al cherche depuis à trouver un moyen d'empêcher l'assassinat de Kennedy. Sur le point de mourir, il demande à Jake de reprendre le flambeau. Et Jake va se trouver plongé dans les années 60, celles d Elvis, de JFK, des grosses cylindrées, d'un solitaire un peu dérangé nommé Lee Harvey Oswald, et d'une jolie bibliothécaire qui va devenir l'amour de sa vie. Il va aussi découvrir qu'altérer l'Histoire peut avoir de lourdes conséquences... Mon avis :
Je suis un inconditionnel de King (si je ne l'ai pas déjà dit). J'ai l'habitude des pavés livrés par le bonhomme. Ici, il s'agit carrément d'un parpaing et pour peu que l'on ait la version grand format, autant dire qu'on ne peut trimbaler ça où l'on veut.
Quoi qu'il en soit, on plonge assez vite dans cette histoire. King prend son temps pour installer ses personnages et ce qu'il a à dire, nous faisant vivre des années que nous n'avons jamais connues et, pour nous autres européens, dans un pays aux moeurs complètement différentes. Pourtant, avec la crise économique actuelle, impossible d'avoir un petit pincement au coeur à chaque fois qu'il raconte le quotidien de ces gens qui, avec peu, pouvaient remplir le frigo.
À mon grand étonnement, ce n'est pas la partie concernant Oswald et JFK qui m'aura le plus intéressée mais tout ce qu'il y a avant, toute la vie de Jake en attendant que la date fatidique arrive. Celui-ci ne revient pas à la date qu'il souhaite mais le 9 septembre 1958. King va alors s'attacher à décrire sa vie durant ces 5 ans qui le sépare du drame Et en deux fois, recommençant après un galon d'essai pour mieux nous faire comprendre ce que peut être un effet papillon.
Même si c'est très bien écrit, encore une fois, et que l'auteur nous transporte, il faudra quand même avoir de sérieuses connaissances des faits historiques pour ne pas être largué. Aussi bon narrateur soit-il, King ne veut pas devenir un prof d'histoire pompeux et laisse à la charge du lecteur de connaitre tout un pan d'une histoire qui ne concerne pas forcément son pays.
Ce qui amène a un autre bémol : la théorie du tireur isolé soutenue par un grand nombre de personnes et qui rien qu'en regardant le film de Zapruder peut être mise à mal, sans avoir besoin d'être un expert. À savoir si King part sur cette théorie du tireur isolé pour facilité son histoire ou par réelle conviction, on ne peut réellement le déterminer dans le roman. Il faut attendre la postface pour cela et immanquablement, des coquilles viennent alors se glisser dans le récit. Notamment lorsque King appuie les rapports officiels qui précisent qu'Oswald était très loin d'être un tireur d'élite. Comment un branque pareil aurait-il pu tirer trois balles en l'espace de si peu de temps, faire mouche à chaque fois sur une cible mouvante (lui qui avait de la peine avec une cible fixe) et en plus de cela atteindre sa cible de face alors qu'il était posté dans son dos ?
Quoi qu'il en soit, si ces interrogations restent, elles ne brisent pas le plaisir que j'ai eu à lire ce roman et comme je l'ai précisé, j'ai été plus attiré par toute la partie antérieure à la recontre avec Oswald.
Il y a bien entendu quelques longueurs dans le récit mais l'auteur se charge de montrer qu'elles servent à un moment donné ou à un autre. Tout se recoupe, tout
s'harmonie. Et si la fin est prévisible dès la première page puisqu'il s'agit d'un récit à la première personne, King parvient à laisser en suspens le devenir de son héros qui, une fois n'est pas coutume, va réellement en baver.
Maintenant, j'aimerai aborder un point qui n'a rien à voir avec l'auteur mais avec l'éditeur, Albin Michel. Vu le prix d'un livre de cette taille, il est inadmissible de trouver un nombre incroyable de fautes de frappe et de mots manquant, avec parfois des phrases qui ne veulent rien dire ! C'est une honte de se prétendre grand éditeur et proposer un produit aussi mal abouti.