#413 18 Janvier 2017 09:06:11
Pas folichon question lecture, ce mois de janvier…
J'ai mis deux semaines à terminer l'Opération Napoléon d'Indridason que j'avais commencé juste après l'avoir reçu, pourtant il ne me restait qu'une quarantaine de pages à lire – celles qui donnent toutes les explications sur les événements qui ont conduit à la succession de morts dont le livre est parsemé. Pas de pitié pour les croissants, disait une autrefois célèbre émission de télé jeunesse ? Là, c'est "pas de pitié pour les gentils", les protagonistes tombent comme des mouches, sur fond de complot remontant à la Seconde guerre mondiale, une ficelle efficace mais pas franchement originale.
Ça reste une lecture intéressante parce que ça se passe en Islande, avec un éclairage sur un aspect spécifique de la société islandaise, comme l'auteur aime à faire d'habitude : cette fois-ci, c'est aux relations avec les États-Unis qu'il s'attaque, puissance occupante d'un confetti de territoire islandais avec la base militaire de Keflavik, une situation plus ou moins bien vécue par les habitants – d'un côté, c'est une prospérité économique assurée, mais avec un sentiment d'exclusion et un ressenti de condescendance de la part de ces Américains qui se croient partout chez eux…
Ça me rappelle un peu l'ambivalence qui existait dans la ville de Germersheim, en Allemagne, à l'époque où j'y ai fait mon année d'études Erasmus. Dans cette ville moyenne (environ 15000 habitants), la population locale devait coexister avec deux mille étudiants principalement étrangers – fac de langue délocalisée de l'université de Mayence oblige – et quelques centaines de militaires américains installés sur la base voisine. Une présence en creux, puisque les Américains ne sortaient pas beaucoup de leur territoire, contrairement aux étudiants qui envahissaient tous les cafés à la fin des cours, mais on sentait un mélange de satisfaction pour les ressources économiques qu'ils apportaient, de convoitise pour leurs privilèges étroitement gardés à la base, de fantasmes de la part de ceux qui n'y avaient jamais mis les pieds, et un peu aussi le sentiment d'occupation (même si chez les étudiants, c'était à mille lieues de nos préoccupations), qui s'estompait au rythme des baisses régulières d'effectifs.
Un truc qui m'a interpellée, c'est que cette histoire a été traduite en français par David Fauquemberg "à partir de la version anglaise, à la demande de l'auteur". Je me demande quelle peut en être la raison, je suis curieuse…