L'île du bout du monde - extrait n° 3

 
    • cnslancelot

      Espoir de la lecture

      Hors ligne

      #1 16 Septembre 2017 11:33:09

      Face à la terreur le temps s’efface




         Le vieil homme, face à cette monstruosité, fut pris d’un accès de folie incommensurable. Toute rationalité était morte depuis qu’il avait posé les yeux sur ces créatures venues d’un autre monde et qui n’auraient de sens que dans ses pires cauchemars. Cette irrationalité et la peur accrue par cette dernière lui firent perdre toute notion de temps et d’espace. Il ne pouvait dire depuis combien de temps il était là, perdu sur cette île maudite mais cela lui parut presqu’une éternité.
         Il ne pouvait non plus dire dans quelle partie du globe il se trouvait ni même s’il était encore bien sur terre. Pas une mouette en vue et le soleil commençait à fuir derrière l’horizon, plongeant le paysage alentour dans d’abyssales ténèbres. Henri se cacha dans les bois, là où il jugea que les créatures ne le verraient pas et à l’abri d’un grand arbre aux feuilles violacées il se força à dormir. Il lui fallut un certain temps mais l’épreuve à laquelle il avait été confronté avait fini par l’achever. Il rêva de ces trois créatures sorties tout droit d’un conte d’horreur et il lui vint à l’esprit la pensée que ces monstres, ces titans infernaux puissent passer dans notre monde et cela le terrifia.
         Ce rêve lui sembla cosmiquement long et était plus qu’éprouvant. Il avait déjà entendu des pseudo-scientifiques émettre l’hypothèse que notre univers n’était pas unique mais un parmi des milliards et que par un trou de ver l’on pouvait passer de l’un à l’autre. Un trou de ver ? Non ! Cela devait être autre chose car même si toute cette mésaventure lui paraissait éternelle, il se rappelait fort bien cette plage de la côte est. Peut-être n’était-ce alors pas un univers parallèle mais plutôt une réalité coïncidente. Et dans cette réalité le temps n’avait plus sa place, comme étant figé par on ne sait quel grossier sortilège. C’était du moins ce que ressentait Henri. Cependant, il lui semblait que face à cette terreur il ne pouvait réflexionner de manière logique et convenable pour un homme de son état. Il ne put même pas dire s’il s’agissait là de son passé ou bien de son futur ni même quel jour on était.
         Le temps et l’espace qui lui avaient toujours paru bien linéaire avait un on-ne-sait-quoi de chaotique et de désordonné comme il avait déjà été mentionné dans sa série favorite Doctor who. Cependant, il n’avait jusqu’à présent s’agit que d’une vérité fictionnelle sans réel fondement scientifique ou alors que des théories impossibles à démontrer sans passer pour un illuminé. Pourtant, il fallut reconnaître au vieil Henri que toute cette histoire n’avait rien de cohérent et que toute logique était morte lorsque, en voyant ces géants, il s’était aventuré sur le chemin de la démence et de la rêverie. Il se sentit craquer face à cette horrifiante situation. Il avait toujours adoré lire voire écrire des récits fantastiques mais jamais il n’aurait pensé en vivre un. Il avait toujours pris (et cela eut été sage) les contes pour ce qu’ils étaient, c’est-à-dire des contes. Il se convainquit que tout ça faisait partie du domaine du songe et que lorsqu’il se réveillerait il serait de nouveau sur cette plage de Miami.
         Quand le soleil se pointa à l’aurore, Henri n’ouvrit pas tout de suite les yeux de peur de réaliser qu’il était toujours sur l’île. Il lui fallut un long moment avant de se décider mais il finit par les ouvrir. Il était de nouveau sur la plage, à Miami.