#527 07 Novembre 2017 11:47:12
Alors…
Thérèse Raquin, c'est très caricatural, je trouve. En même temps, dans la préface, Zola explique texto qu'il a fait exprès d'écrire l'histoire de deux personnages "totalement gouvernés par leurs passions", donc c'est volontaire. D'un côté, c'est un exercice intéressant, avec une peinture très détaillée de la société - comme toujours chez Zola -, de l'autre c'est tellement outré que ça en deviendrait presque lassant. Les changements de caractères des personnages, c'est pire que des girouettes ! Mais la fin est d'une ironie très croustillante, j'avoue que j'ai trouvé ça marrant.
Allein gegen die Schwerkraft, c'est un autre style, j'ai beaucoup aimé - je l'ai fini hier, il a juste fallu que je l'emprunte 3 fois à la Onleihe :sifflote:. La navigation entre la "grande" Histoire de la première guerre mondiale et la "petite" histoire d'Einstein est un peu dure à suivre, au début, mais c'est très intéressant de voir comment le savant s'inscrit dans le contexte des événements. Je ne connaissais pas du tout ses prises de position politiques à l'époque, par exemple, même si ça ne m'étonne guère d'apprendre qu'il était éminemment pacifiste, pro-européen et d'une grande ouverture d'esprit, en plus d'être un génie scientifique. Ce n'est pas non plus un portrait hagiographique, parce que l'auteur parle aussi de sa vie personnelle qui n'était pas si exemplaire que ça - la façon dont il a traité sa femme Mileva ! Le récit de la guerre vue du côté allemand est très intéressant aussi, entre les circonstances qui ont amené à l'affrontement, l'ambiance militariste du régime impérial, ou encore les rapports plus qu'étroits entre le monde universitaire, les industriels pleins de frics et les militaires omniprésents… L'invention des gaz de combats, quand on sait ce que ça a fait comme ravages, est un peu du genre à faire froid dans le dos. La capacité de nuisance de l'être humain envers ses semblables est quand même terrible.
Et puis il y a quand même la partie scientifique, la genèse de la théorie de la relativité générale, entre génie et travail de fourmi systématique sur les équations, coopération avec des collègues et accueil de toutes les objections avec jubilation - il s'amusait visiblement beaucoup à jouer l'avocat du diable pour décortiquer ses trouvailles sans complaisance. Les quelques explications sur le principe de la gravitation, l'espace-temps sont assez claires, mais les exemples utilisés par Einstein lui-même pour expliquer sa théorie sont suffisamment durs à suivre pour qu'on se fasse une idée de l'ampleur du bouleversement qu'il a provoqué dans le monde scientifique de l'époque.
Ce qui est marrant, c'est qu'il est question des ondes gravitationnelles, prévues par Einstein sans qu'il ait eu moyen d'en prouver l'existence, qui n'étaient encore qu'une théorie lorsque le bouquin est sorti en 2015, et c'est justement cette année qu'on a détecté ces ondes pour la première fois : quand on lit que la variation de gravité provoquée par une explosion stellaire provoquerait une variation de la distance Terre-Soleil équivalente au diamètre d'un atome d'hydrogène, ça donne une idée de l'avance phénoménale qu'avait Einstein, puisqu'il a fallu un siècle avant qu'on ait les outils nécessaires pour mesurer ce type de variation. Il travaillait vraiment à l'échelle de l'Univers ! Hmm, je m'emballe, on dirait :pink:
Tout ça c'est très bien, mais il va falloir que je fasse un peu le point de mon ABC, je sais que je suis terriblement en retard, donc je ne le terminerai probablement pas cette année - j'ai pas mal de boulot qui m'attend dans les deux mois qui viennent, et je pense que je vais un peu moins lire (en même temps, je me connais, quand je stresse pour le boulot, je me précipite sur les bouquins…). J'ai plusieurs projets de tricot sur le feu et je suis d'humeur à "méditer" sur mes aiguilles pour me reposer les neurones de la traduction.