[Du Maurier, Daphné] Rebecca

Quel livre !
Ma femme me tanne pour que je le lise depuis des années et je suis heureux d'avoir finalement suivi son conseil.
Ce bouquin est une véritable piqûre d'angoisse ; un calice amer qu'il m'a fallu boire jusqu'à la lie.
Contrairement à ce qui a été dit plus haut, j'ai ressenti le malaise dès les premières lignes, dès ce rêve qui ressemble presque à un cauchemar, cette allée sombre et tortueuse qui mène à Manderley.

J'ai beaucoup aimé le personnage de la narratrice, constamment inspectée, détaillée, comparée et systématiquement jugée insuffisante. Jamais à sa place et jamais au niveau, comme immergée dans une société étrangère dont elle ne connaîtrait aucun des codes et dont chaque aspect ne semble exister que pour l'effrayer ou la prendre en défaut.
Daphne du Maurier nous fait parfaitement ressentir son désespoir et sa détresse.
En revanche, le mari est le maillon faible dans la terrifiante galerie des portraits de Manderley (je pense à Mrs. Danvers bien sûr, ou encore à Ben). Son inexplicable manque d'empathie est un moteur de l'intrigue et, même en gardant à l'esprit que son comportement est déformé par le regard accablé de la narratrice, il est difficile de ne pas y voir une facilité.

Malgré cela, l'ambiance reste haletante et étouffante de bout en bout. C'est un très grand roman !

Dans ce roman, l'atmosphère oppressante et la naïveté de la narratrice se fondent pour créer une œuvre captivante  où l'ombre de la première épouse, Rebecca, plane sinistrement sur chaque page.

Le domaine de Manderley  n'est pas seulement un décor, mais un personnage à part entière. Du Maurier parvient à insuffler une vie propre à cette demeure, grâce à une description minutieuse de chaque recoin, de chaque jardin luxuriant et de chaque couloir mystérieux. Manderley incarne l'opulence, mais aussi la solitude, la désolation et la mélancolie.

L'une des facettes les plus intrigantes de "Rebecca" est le personnage de la narratrice, dont le nom est soigneusement omis.  son manque de confiance en elle et son incapacité à comprendre le jeu de pouvoir qui se joue autour d'elle m'ont cependant parfois exaspéré.

Un personnage qui contraste fortement avec la narratrice est la sinistre Mrs. Danvers, la gouvernante de Manderley. Mrs. Danvers est  une présence qui plane sur chaque scène rendant la tension encore plus forte.  Sa manipulation psychologique et son désir obsessionnel de préserver la mémoire de Rebecca est glaçant.

Rebecca est un classique intemporelle que j'ai été ravie de découvrir, malgré que je n'ai pas accroché avec la narratrice, l'ambiance m'a conquise et il me tarde à présent de découvrir l'oeuvre de Hitchcok et l'adaptation Netflix.