#84 17 Novembre 2017 22:40:25
Ce livre nous transporte certes dans une autre époque, que je n'ai pas vécu. Mais ce n'est pas le plus important, les émotions qui nous accablent sont vécues par tous, peu importe notre année de naissance.
Notre enfance entourée d'ami(e)s avec qui on apprend et grandit. Stephen King maîtrise vraiment l'art de retranscrire des tranches de vie que chacun peut s'approprier au regard de son histoire personnelle.
Et il distille l'horreur comme personne, c'est suggéré plus que démontré. Et c'est là toute la beauté de son écriture, le livre fait peur parce que notre imagination a peur. Ce qui se trouve dans les égouts, chaque lecteur s'en fait la description personnelle, il y mêle ces fantasmes et son chaos. J'ai une peur bleue du noir, alors lire que des enfants crapahutent dans un tunnel aussi sombre que la nuit, un tunnel dont aucun n'a connaissance de ce à quoi ils vont se confronter. Adolescente, j'imaginais le clown marchant sans un bruit derrière eux, un sourire carnassier mangeant la moitié de son visage blafard. Les écoutant parler, les respirant sans qu'ils ne se doutent d'être en sursit. Je l'imaginais les sentir si fort qu'il en avait le goût sur sa langue et qu'il était avide de les goûter complétement, arrachant leurs peaux délicates d'enfants, aspirant la vie de leurs corps d'une lampée fiévreuse et féroce. Pourtant, ce n'est pas ce que King a décrit et quand je les lus à nouveau étant adulte, la même frayeur m'a saisi. Mais je l'ai relu, car je trouve leur enfance si belle et me procure de beaux échos de la mienne.
Il a cette capacité incroyable de nous transporter avec lui, à la fin, on connait Derry comme si on y avait vécu, comme si on avait grandi avec Ben, Beverly, Mike, Bill, Richie, Eddie et Stan. Comme si leur victoire était aussi un peu la notre.
c'est vrai qu'il peut faire peur, parce que nous nous laissons avoir peur.
Ca me rappelle Shinning. Ensuite j'arrête avec mon long monologue c'est promis. Quand le petit Danny Torance découvre l’hôtel sur son petit tricycle. On est à ses côtés, couloirs après couloirs, les portes défilent les unes après les autres. Tout est vide. Tout est silencieux. Il a l'insouciance de sa jeunesse et son père n'a pas encore sombré dans la folie. Il s'amuse, il s'imagine sûrement être le roi d'un quelconque royaume dont il découvre les recoins sur son destrier. Et puis un jour, toutes ses portes qui défilent, renfermant à jamais leurs secrets, il y en a une. Une seule qui n'est pas fermée. Cette porte entrouverte est une promesse de notre imagination que l'enfant en nous peut aller se cacher et se rouler en boule, parce que la peur gronde et monte en nous. Qu'y a-t-il derrière cette porte qui demeurait close jusque là; La force de la suggestion et peu importe qui on est, il y a une chose en nous qui croît et s'étend pour nous montrer que nos zones d'ombre possèdent bien des échos dans notre esprit.