Les Hommes Défaits

 
    • Delkinger

      Lecteur averti

      Hors ligne

      #1 01 Janvier 2018 16:41:00

      Bonjour ! :3

      Je me présente : je m'appelle Alice, j'ai seize ans et je nourris depuis toujours le rêve d'écrire mon propre livre. J'ai déjà démarré, j'en suis à à peine 15 000 mots mais je sens que je suis bien partie. Je me disais que ce serait bien de vous présenter un peu :)

      Ca s'appelle Les Hommes Défaits, et c'est l'histoire d'un certain Tristan et d'une certaine Iseult qui se rencontrent à la machine à café, et qui décident de réviser les oraux de leur concours ensemble (très succintement ahah). Je vous partage un petit extrait.

      [Mise en contexte : Une bande de garçons traînent dans un café. Iseult et Tristan s'y rendent pour planifier leurs révisions. Iseult découvre que Tristan fait partie de cette bande, qui porte l'étrange nom des Hommes Défaits à cause de leur passion pour la littérature.]

      ___________________________________________


          - Mais pourquoi les hommes défaits ? (J'ai réfléchi pendant qu'il était en train de parler : ça n'avait aucun sens pour moi.)

          Il prend une grande inspiration.

          - Les écrivains sont des hommes défaits. Des hommes déçus de leur réalité. Des hommes à l'esprit avant-gardiste ou bloqué dans un passé qui n'existe plus. Sais-tu quels sentiments ils abritent au fond d'eux ? L'envie de gommer l'univers entier pour le redessiner avec d'autres crayons. Ils voudraient tailler le cœur de l'univers à leur image. Et il n'y a que ça qui puisse soigner la douleur qu'ils cachent. Je te le répète : les écrivains sont des hommes qu'on a défait, qu'on a cassé de l'intérieur et qui n'ont que leur plume pour se sentir exister.
          - Et tu es un homme défait. Tu es écrivain ?
          - Pas vraiment. (Il ne me regarde plus dans les yeux.) Mais je me sens proche de cette idée qu'on se fait. Les écrivains sont les plus maudits des artistes. Je ne suis peut-être pas un artiste, mais je suis maudit.

          Le tournant que prend la conversation me laisse un peu perplexe. De garçon désinvolte et blagueur, le voilà à se lamenter comme un néo-Baudelaire. Evidemment, toute candide que je suis, je ne peux m'empêcher de rentrer dans le jeu.
          - Maudit ?
          - Maudit. Rien ne tourne rond chez moi. Mon humeur en dents de scie, ma famille en loques, mes amis perturbés, mes études chaotiques. J'ai vingt-deux ans et j'en suis toujours au point de départ. Rien ne me canalise et rien ne m'exacerbe. Je suis entre deux eaux, sans parti pris ; sur le fil, à osciller d'un côté à l'autre sans jamais me laisser tomber.
          - C'est bien d'être un équilibriste non ? D'être ambivalent, de pouvoir toucher à tout sans s'accrocher à rien. C'est même un sacré exploit.
          - Ça pose surtout de sérieux problèmes d'identité.
          - Certes.

      ______________________________________________




      Voilà, c'est court mais je ne veux pas trop en dévoiler ^^ Est-ce que cela vous plaît ? Bon, c'est vrai que c'est sur de juger, dans le sens où j'ai été très vague sur la trame exacte et que l'extrait proposé est excessivement court (': Mais si mon projet vous intéresse, je peux vous en dire un peu plus, voire poster d'autres extraits !

      J'ai besoin de conseils, parce qu'une seule personne me lit et je n'ose pas trop faire suivre dans mon entourage.

      Merci d'avance ! (& bonne année :D)

    • Matea

      Commence à sentir l'encre qui colle aux doigts

      Hors ligne

      #2 06 Janvier 2018 23:14:52

      C'est vrai qu'il est difficile de te juger sur si peu ! Néanmoins je me propose d'essayer =)

      Personnellement, j'accroche sur le ton, les répliques qui s'enchaînent mais qu'on voit difficilement s'insérer dans un dialogue banal au quotidien. Dès lors, on sent qu'il y a là quelque chose de spécial qui se cache. Peut-être une sorte d'alchimie entre les deux protagonistes ? Pour oser s'ouvrir ainsi à Iseult de la part de Tristan, et pour accepter sans malaise apparent ces déclarations étranges pour Iseult, il doit y avoir une connivence étrange qui s'installe entre ces deux-là. En tout cas, c'est l'impression que ça me donne.

      Après un extrait comme ça, tout est possible. On attend la réaction d'Iseult, et ce qu'en dira Tristan. On attend une plus ample présentation du groupe mystérieux des fameux Hommes Défaits, on se demande ce que Tristan à vécu précisément pour se sentir "maudit", bref, cela laisse un tas de questions ouvertes.

      En tout cas, malgré quelques légères fautes d'accords et de vocabulaire par-ci par-là, la langue est plutôt bien maîtrisée, et la plume est incisive.

      C'est le mieux de je puisse juger sur un extrait aussi succinct, mais j'aimerais bien en découvrir un peu plus ! :)

      N'hésite pas à poster d'autres extraits, ça m'intéresse. Et si tu as besoin d'une relecture plus attentive sur l'orthographe-grammaire-syntaxe ou si tu as besoin de conseils plus pointus, n'hésite pas à m'envoyer un message en privé.
    • Delkinger

      Lecteur averti

      Hors ligne

      #3 07 Janvier 2018 12:04:19

      Merci Matea ! Ça me fait très plaisir d'avoir un avis aussi poussé (parce qu'en général on me dit "ouais ça va, c'est sympa" donc c'est un peu difficile de me situer). Il faut savoir qu'en général j'écris un peu vite par manque de temps et que je prends parfois le temps de tout reprendre depuis le début pour "peaufiner" mon texte. C'est un extrait non-peaufiné, je dirais, mais je pense essayer de détailler un peu plus la réaction d'Iseult. Et c'est vrai qu'Iseult et Tristan sont en quelque sorte les deux faces d'une même pièce, différents mais complémentaires (de toutes manières ils sont voués l'un à l'autre, ne serait-ce que par leur prénom =D).

      Du coup j'en profite pour poster un autre petit extrait (allez, un peu plus long cette fois) !

      [Mise en contexte : Ça se passe avant l'extrait précédent. Iseult et Frida sortent à peine de leur concours et décident d'aller boire quelque chose au café des Grands Hommes. C'est la première vie qu'a Iseult sur le groupe des Hommes Défaits]

      ______________________________________________________________________________________________________________________________________


          Frida et moi nous sommes rencontrées au tout début de notre première année d'études. C'était dans un couloir, nous nous dirigions vers le cours de physique.  Elle m'a parlé de Madame Kaplan, notre prof de maths, qui aimait bien s'acharner sur moi, parce que je serais « arrogante et condescendante ». J'ai pesté sur elle pendant deux minutes, et nous voilà amies. Depuis, nous travaillons toujours ensemble, par deux. C'est agréable, surtout que devoir lui réexpliquer tous les cours de la semaine pendant nos samedi après-midi m'oblige à réviser mes leçons, ce que je ne fais pas nécessairement seule. Si je suis admise à Fontainerouge, c'est en partie grâce à elle.

          Au café, je prends mon deuxième cappuccino de l'heure ; celui-ci a le mérite de coûter seulement un euro cinquante. Frida ne parle pas ; installées sur la terrasse, nous scrutons toutes deux la route déserte, appréciant la quiétude du moment. Je crois qu'elle pense comme moi : ça y est, c'est fini, le sort en est jeté, alea jacta est. C'est rassurant. Ce qui est moins rassurant, c'est son silence. Cela ne lui ressemble pas de se taire ; toujours le bon mot, toujours une anecdote croustillante à servir. Alors que j'allais ouvrir la bouche pour dire un truc pas très philosophique, un grand dadais aux cheveux ébène et aux yeux tout aussi sombres a tapé du poing sur notre table en nous demandant :

          - Vous auriez pas de la monnaie pour un café ?

          Il est grand et porte une veste d'une matière indéfinissable, quelque part entre du cuir et du daim... Ou peut-être est-ce du jean brûlé ? Son corps bien dessiné nous surplombe de toute sa hauteur, et ses muscles moulés sous un tee-shirt blanc semblent nous narguer. En particulier, ils semblent narguer la mannequin bien fichue qui sommeille en moi. Il porte un bandana autour de son bras droit, brodé du mot « Pascal ». Sûrement son prénom. Je réprime un petit rire et sors mon porte-monnaie, par sympathie pour ce jeune homme plutôt agréable à regarder et qui, sous ses cheveux gominés et son air un peu agressif, a l'air doux et gentil. Enfin, j'aurais sorti mon porte-monnaie si Frida avait réagit moins vite :

          - Non, désolée, nous n'avons rien pour vous.

          Il soupire et s'en va, et je jette un regard interloquée à Frida qui se contente de dire :

          - Il n'a qu'à bosser. Mon argent, je le gagne à la sueur de mon front.
          - Peut-être qu'il travaille, qu'il a de quoi se payer le café mais sûrement pas sur lui. Moi non plus, je ne me balade pas nécessairement avec de la monnaie partout.
          - Tu parles… C'est un branleur, voilà tout. Un gars qui fait rien de sa vie et qui va la passer à mendier pour payer ses demis.
          - Ses cafés, je corrige.
          - Pour payer ce que tu veux. Ça ne change rien. Tu vois, cette tripotée de types près de la porte ? (Elle me désigne une poignée de loubards un peu plus loin, parmi lesquels figure Pascal. Ils buvaient tous un de ces verres d'eau gratuits distribués par la patronne.) Ils traînent dans tous les cafés de la ville. Dès que le tenancier en a marre d'ouvrir le robinet pour eux, il les vire. Ils en ont écumé pas mal. J'en ai déjà entendu parler mais bon, on ne sait pas grand-chose sur eux. Ils sont arrivés en ville il y a deux ou trois ans, mais personne ne s'en approche. Ils sont bizarres.

          Je hoche la tête, comprenant immédiatement ce qu'elle voulait dire. Un se gratte le nez sans discontinuer, l'autre ausculte l'intérieur de sa chemise d'un air perplexe – je ne rigole pas. Il ont l'air gentils, mais dans un monde un peu à part : lls sont peut-être sept ou huit, et leur table n'est animée d'aucune discussion : ils boivent leur verre d'eau en silence. Mais de là à leur refuser un petit euro cinquante pour se payer un peu de réconfort ? Je me sens un peu coupable. Je ne suis peut-être pas une fusée en matière de générosité, mais j'aime faire plaisir aux gens de temps en temps. Mon amie est plus placide ; elle a ce qu'elle mérite, les autres de même.

      ______________________________________________________________________________________________________________________________________


      Voilà :D
      N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, toutes les critiques, négatives ou positives, me font plaisir et m'aident à avancer !
    • Matea

      Commence à sentir l'encre qui colle aux doigts

      Hors ligne

      #4 07 Janvier 2018 21:48:37

      Voilà qui est un peu plus conséquent, quoique encore fragile pour juger vraiment de ce que tu fais ;)

      La plume est agréable, c'est fluide, on se reconnait dans les personnages des deux amies qui se rencontrent par hasard pendant leurs études en critiquant la prof de maths. L'entrée en matière plutôt banale installe un bon climat pour l'arrivée de "Pascal" et de sa bande, qui ressortent dans le décors quotidien que tu plantes au début de l'extrait. Là aussi, les questions fusent, preuve que les choses sont bien menées : qui sont ces hurluberlus ? Pourquoi une si vive réaction de la part de Frida, et pourquoi Iseult ne réagit-elle pas de la même façon ? Pourquoi est-elle moins dure avec eux ? Qu'y a-t-il chez elle qui la rend moins agressive face à l'étrangeté de ce groupe que son amie désapprouve ?

      Au vu de l'extrait précédent, je suppose qu'il s'agit de l'entrée en scène du fameux groupe des "Hommes Défaits" ? En tout cas si c'est là leur première apparition, l'effet d'étrangeté et de décalage qu'ils sont censés inspirer est bel et bien là, c'est correctement amené. Reste à savoir quoi faire des ces messieurs, et où caser Tristan dans l'affaire... encore des questions qui se posent. Je dirais que c'est accrocheur, en tous cas. On a envie d'en savoir plus ! Et ça, ça montre que tu amène bien tes différents éléments, car au fond, donner au lecteur l'envie d'en savoir plus et de comprendre, de découvrir, c'est le vrai secret d'un récit passionnant !

      Si je dois faire quelques remarques supplémentaires, je te conseillerais cependant une petite relecture attentive sur le plan de la grammaire-orthographe-syntaxe, je n'ai pas fait un examen précis de ton texte mais en le lisant j'ai déjà repéré quelques petites erreurs, de concordance des temps, un ou deux accords, et d'orthographe. Rien de dramatique, mais c'est important d'avoir une langue juste :)

      Voilà voilà, il me semble que c'est tout ce que j'aurais à dire sur ce deuxième extrait, aussi appétissant que le premier !

      Dernière modification par Matea (07 Janvier 2018 21:49:20)

    • Delkinger

      Lecteur averti

      Hors ligne

      #5 13 Janvier 2018 14:04:04

      Merci encore Matea pour ton avis, ça me fait très plaisir et me donne envie de continuer à écrire ! :D En effet, la concordance des temps (notamment) me pose toujours des problèmes et je suis d'accord sur le fait qu'une relecture s'impose. ^^

      Un petit nouvel extrait, qui constitue l'incipit de mon histoire !

      _________________________________________________________________________________________________________________________________


          Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie – je n'ai jamais été aussi en retard, aussi. Je sens les regards des passants sur moi, certains – des étudiants de première année, surtout – sourient même d'un air cruel. Allez-y, rigolez, pauvre mortels, mais le jour où votre réveil oubliera de sonner alors que vous avez un concours super important à huit heures un lundi matin, vous rirez moins. J'imagine déjà le regard du surveillant en me refermant la porte au nez : « Bonne journée, mademoiselle. ». Cette pensée me pousse à redoubler d'allure, mais perchée comme je le suis sur des talons de cinq centimètres, ce n'est pas chose aisée. Quelle idée de se saper pour passer quatre heures enfermée entre quatre murs.

          Mon objectif est tout proche – au bout du couloir – la porte est ouverte – il est sept heures cinquante-neuf… Et là, c'est le drame. Ne me demandez pas comment, mais mes pieds se prennent dans le lino, et je chute lamentablement sous le regard d'un type baraqué qui se contente d'un « Quelle entrée en fanfare, allez vous asseoir, cinq secondes de plus et c'était dehors » sans un sourire. Je rougis de honte, mais les rires de mes camarades m'arrachent quand même un mouvement de lèvres un peu pénible. Iseult Carrell, vingt ans, arrive encore à se ramasser devant tout le monde. Ça promet. Alors que je cherche ma place, j'ai l'impression que même les murs ont les yeux rivés sur moi. Une écrasante sensation étreint ma poitrine : le ridicule ne tue pas mais fait des ravages... Du calme, Iseult, c'est pas le moment de fondre en larmes.

          Ce concours, je l'attends depuis que j'ai quatorze ans. Depuis que j'ai quatorze ans, j'attends le jour où je recevrai la lettre de Fontainerouge qui me dira que nous avons le plaisir de vous annoncer que votre candidature a été retenue pour intégrer notre prestigieux établissement, félicitations. Il faut que je sois la meilleure. Aujourd'hui. Maintenant. Sauf que j'ai déjà perdu mes moyens, avant même que le surveillant ne distribue le sujet tant attendu. Evidemment, il faut bien rire de tout dans la vie, surtout d'une fille qui trébuche devant cinquante personnes, je suis la première à prôner cet idéal, mais cela fait deux semaines que je suis vraiment à fleur de peau et je ne supporte absolument pas les sourires en coin de mes camarades. Alek, le jeune homme croate duquel je me suis entichée il y a plus d'un an, m'a quittée avant la période des concours, parce que c'était la période des concours. Frida, mon binôme de galère, m'a expliqué que je devenais de plus en plus insupportable, ces derniers temps. Et toutes mes heures de révision m'ont semblé inutiles ; tout ce qui rentrait par un neurone ressortait par l'autre. A présent, mon avenir se joue à la suite d'une chute mémorable…



          || Quatre heures après le début : la fin ||



          Des gouttes de transpiration perlent sur mes tempes. Je viens de donner tout ce que j'ai dans les tripes, même si je n'ai pas l'impression que ça ait suffi. Quatre heures interminables passées en enfer pour atteindre la route du paradis… Ca y est, les dés sont jetés. Avant de faire quoi que ce soit, je téléphone à Frida. Elle aussi a passé le concours de Fontainerouge. Mais la tonalité aboutit sur son répondeur, qu'elle n'a sûrement pas changé depuis ses 13 ans (oui, c'est bien le « Allô ? Ca va ? Je déconne, je suis pas là ! » qu'on connaît tous). Je retente de l'appeler plusieurs fois, mais mon amie n'est pas décidée à me répondre. Je commence à errer dans l'établissement à la recherche de sa salle dont je ne connais même pas le numéro, mais les étudiants qui en sortent, aussi exténués que moi, ont un visage qui ne me parle pas. Mon téléphone à la main, je réitère frénétiquemment mon appel ; noyée dans océan de visages fatigués, je ressens de plus en plus le besoin de débriefer avec quelqu'un. J'ai besoin d'évacuer le stress accumulé depuis quelques temps qui, malgré la fin de l'épreuve, me tient toujours. Soit je me déballe à Frida, soit je me mets à pleurer au milieu du couloir.

          Je me rabats sur l'option café. Je m'arrête à une machine, insère avec difficulté deux euros – oui, deux euros – dans la fente et commande un cappuccino. Alors que je regarde le café qui coule dans le verre en carton, je surprends un garçon de mon âge, assis dans un fauteuil, sirotant une boisson exorbitante de cette même machine, me regarder en souriant. Je suis certaine qu'il se moque de mes mains tremblantes sur mon téléphone moite, de mes yeux pleins de larmes, de mes cheveux ébouriffés. Mais qu'est-ce qu'il veut celui-là ? Je suis à bout de nerfs et, en passant devant lui, je lui jette un regard noir, manquant de lui balancer mon cappuccino à la figure.

          - Hé !

          Je me retourne. C'est le gars, qui s'est levé et qui marche vers moi. Il est blond aux yeux bleu, a un port altier et une pomme d'Adam proéminente et son accent parisien fait crisser mes oreilles quand il me dit :

          - C'est toi la fille qui s'est cassée la gueule en entrant, non ?

          J'ai un instant de réflexion. J'ai envie de lui hurler à la figure que oui, c'est moi, et que c'est pas une raison pour se ficher de la tête des gens, mais à la place, j'ai essayé de canaliser mes émotions en disant :

          - Euh, oui, enfin, il y a de fortes chances pour que ce soit moi… Tout le monde ne se ramasse pas en rentrant dans les salles de concours.

          Il a rigolé un peu.

          - Alors tu as passé les concours de Fontainerouge ? Ca s'est bien passé j'espère ?
         
          J'ai haussé les épaules. J'ai dit « On verra bien », mais j'ai pensé « J'espère bien que ça s'est bien passé, si je ne suis pas ne serait-ce qu'admissible, ma vie est fichue, je n'aurai qu'à m'enterrer dans un trou ». Il m'a dit qu'il n'avait tenté le concours que pour voir s'il en était capable, et que le fait d'être pris ou pas importait peu pour lui. J'aimerais bien avoir le même état d'esprit.

          Je sursaute soudainement en sentant mon téléphone vibrer dans ma main. Frida m'appelle. Ses yeux se dirigent en même temps que les miens sur l'écran, et il conclut tout seul :

          - Bien, il semble que je doive te laisser. Bonne continuation, et bon courage pour la suite !
          - Merci, à toi aussi !

          Il me sourit et, alors que je suis sur le point de répondre, il me dit :

          - Je m'appelle Tristan Popkin. Donne-moi de tes nouvelles un de ces quatre, j'aimerais bien savoir si la fille qui a si mal démarré finit bien.

          Interloquée par son regard mystérieux et son ton sans équivoque, je le regarde s'éloigner en dandinant.

          Puis je décroche.


      ____________________________________________________________________________________________________________________

      Voilà ! Bonne journée (;
    • Matea

      Commence à sentir l'encre qui colle aux doigts

      Hors ligne

      #6 14 Janvier 2018 13:17:21

      Pour commencer, je dirais que c'est un incipit bien mené, comme je les aime. Même si le coup du retard pour un concours important, le ridicule devant toute l'assemblée, et le stress des examens, est un classique, je trouve que c'est efficace pour entrer dans ton histoire. =)

      D'abord, ça donne un côté attachant à l'héroïne : comment ne pas compatir ? On a tous déjà vécu ce genre de scène honteuse, on ressent tout de suite une proximité avec l'étudiante un peu paumée qu'elle semble être.

      Ensuite, comme je le disais au sujet du deuxième extrait que tu as proposé, l'installation d'un  climat "habituel" (disons que la scène des examens-super-importants-à-ne-pas-rater est très classique) prépare bien l'arrivée finale de l'élément perturbateur du roman, notre jeune parisien blondinet Tristan.

      Au niveau de ton écriture, le rythme est bien maîtrisé, rapide et enchaîné, on "sent" le stress d'Iseult, puis quand les choses se calment, l'arrivée de Tristan fait mouche, lui qui entre en matière comme un cheveu sur la soupe.

      Enfin, j'ai adoré la dernière réplique de Tristan :

      Donne-moi de tes nouvelles un de ces quatre, j'aimerais bien savoir si la fille qui a si mal démarré finit bien.


      C'est truculent, c'est bref, c'est piquant, et ça donne clairement le ton et l'idée de l'attitude de Tristan. =)

      C'est là qu'on se dit vraiment : "ah, lui, il va remuer pas mal de choses". C'est le genre de petite pique qui te donne envie de connaître la suite, c'est le genre de petite réplique qui crée en toi ce besoin de savoir : va-t-elle le contacter elle-même ? Va-t-elle réussir ? Est-ce lui qui reviendra prendre de ses nouvelles ? On brûle d'envie d'en savoir plus ! Et ça, comme je l'ai déjà dit, être capable de créer chez le lecteur le besoin de savoir, c'est le secret d'un récit prenant.

      S'il faut en finir sur les points négatifs, il y a quelques petites erreurs de formulation à noter :

      Quelle idée de se saper ainsi pour passer quatre heures enfermée entre quatre murs.


      -> "se saper" tout seul fait un peu creux comme formulation

      Du calme, Iseult, c'est pas -> ce n'est pas le moment de fondre en larmes.


      -> même si elle se parle à elle-même et que tu as oralisé la langue, ça reste un texte écrit, et "c'est pas" ne peut passer que dans un discours direct, avec guillemets et ponctuation adaptée. En discours indirect libre comme ici, c'est plus esthétique avec une négation correcte.

      Depuis que j'ai quatorze ans, j'attends le jour où je recevrai la lettre de Fontainerouge qui me dira que "nous avons le plaisir de vous annoncer que votre candidature a été retenue pour intégrer notre prestigieux établissement, félicitations".


      -> discours indirect libre, dans cette phrase l'intégration de guillemets est préférable, pour marquer le passage entre les paroles d'Iseult et l'intitulé de la lettre.

      J'ai envie de lui hurler à la figure que oui, c'est moi, et que c'est pas une raison pour se ficher de la tête -> se payer la tête des gens, mais à la place, j'ai essayé -> j'essaye de canaliser mes émotions en disant :


      -> "se ficher de la tête de quelqu'un", à l'infinitif ça ne se dit pas, ce n'est pas très esthétique. Ensuite pour "essayer", tu es au présent de narration, avec "j'ai envie" un peu avant : il faut rester à ce temps.

      Mais rien de dramatique, je n'ai pas vraiment relevé l'orthographe, donc à relire attentivement par toi-même, je n'ai souligné que les points qui m'ont sauté aux yeux.

      En tous cas j'apprécie ce que tu fais, l'intrigue comme la langue sont de qualité, et je crois que je commence à m'attacher aux personnages... j'aimerais bien connaître la suite je crois ha ha ! ;)