#327 25 Février 2018 11:35:26
Reste des (nombreuses) trouvailles dans "Les nourritures terrestres (suivi de Les nouvelles nourritures)" d'André Gide une fois encore.
Où tu ne peux pas dire : tant mieux, dis : tant pis. Il y a là de grandes promesses de bonheur.
Les nourritures terrestres p.40
Quelle absurde conception du monde et de la vie parvient à causer les trois quarts de notre misère, et par attachement au passé se refuse à comprendre que la joie de demain n’est possible que si celle d’aujourd’hui cède la place, que chaque vague ne doit la beauté de sa courbe qu’au retrait de celle qui la précède, que chaque fleur se doit de faner pour son fruit, que celui-ci, s’il ne tombe et meurt, ne saurait assurer des floraisons nouvelles, de sorte que le printemps même prend appui sur le seuil de l’hiver…
Les nouvelles nourritures p. 208
Connais-toi toi-même. Maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque s'observe arrête son développement. La chenille qui chercherait à « bien se connaître » ne deviendrait jamais papillon.
Les nouvelles nourritures p. 222
Il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons.
Les nouvelles nourritures p. 226
L’écureuil n’admet pas le rampement de la couleuvre. Le lièvre fuit quand la tortue et le hérisson se replient. Tu retrouveras toute cette diversité chez les hommes. Cesse donc de blâmer ce qui diffère de toi. Une société d’hommes ne saurait être parfaite que si elle nécessite l’emploi de maintes formes d’activité, que si elle favorise l’éclosion de maintes formes de bonheur.
Les nouvelles nourritures p. 227
Mais cette certitude : que l'homme n'a pas toujours été ce qu'il est, permet aussitôt cet espoir : il ne le sera pas toujours.
Les nouvelles nourritures p. 234
Ce n'est pas seulement le monde qu'il s'agit de changer ; mais l'homme. D'où surgira-t-il, cet homme neuf ? Non du dehors. Camarade, sache le découvrir en toi-même, et, comme du minerai l'on extrait un pur métal sans scories, exige-le de toi, cet homme attendu. Obtiens-le de toi. Ose devenir ce que tu es. Ne te tiens pas quitte à bon compte. Il y a d'admirables possibilités dans chaque être. Persuade-toi de ta force et de ta jeunesse. Sache te redire sans cesse : « Il ne tient qu'à moi. ».
Les nouvelles nourritures p. 235
Mais la mort est atroce à qui n'a pas rempli sa vie. À celui-ci la religion n'a que trop beau jeu pour lui dire : — Ne t'en fais pas. C'est de l'autre côté que ça commence, et tu seras récompensé.
C'est dès « ici-bas » qu'il faut vivre.
Les nouvelles nourritures p. 239