#35 09 Mars 2018 23:52:11
Personnellement je fais une différence entre l'écrit et l'oral. À l'oral, j'avoue que des expressions venues de l'anglais se glissent souvent dans mon vocabulaire. De «c'est cool», «c'est l'fun» jusqu'à des phrases entières tirées de films ou séries américaines. Il est vrai que ces expressions sont colorées, ont du punch. Même si je me dis souvent qu'il faudrait les éviter, c'est souvent plus fort que moi. Surtout que je travaille avec beaucoup de jeunes dans la vingtaine, alors je baigne dedans! Par contre, on ne me prendra jamais à ajouter des «f*cking» un peu partout comme c'est la mode en ce moment (c'est comme ça aussi en Europe?): «c'est f*cking drôle», «je comprends f*cking rien». Je trouve cela très vulgaire!
Par contre, à l'écrit, je trouve que c'est là qu'il faut se forcer un peu plus. On n'a pas l'excuse de la spontanéité, on peut généralement trouver des équivalents français, suffit de se creuser les méninges un peu. Bien sûr, parfois on ne trouve rien, alors là cela devient tout à fait acceptable d'utiliser l'anglais. Par exemple, j'utilise souvent les mots «geeks» ou «nerds» parce qu'il n'y a pas à ma connaissance de traduction satisfaisante de ces mots. Par contre je trouve «divulgâcheur» beaucoup plus joli que «spoiler», qui sonne mal à mon oreille, et «courriel» est devenu plus courant au Québec que «email» ou «mail».
Pour ce qui est de la force de l'anglais, il me semble qu'on peut évoquer l'invasion de la culture américaine qui a lieu en ce moment sans nécessairement sortir les gros mots comme mondialisation, néolibéralisme. Il me semble évident que cette culture est envahissante grâce à la force de son cinéma et de sa télévision en particulier. Je pense qu'on peut à la fois apprécier cette culture et tenter de résister à son pouvoir envahissant. L'argument invoqué dans un commentaire précédent de «on va se retrouver cinq autour d'une table à discuter de Proust» peut être pris dans le sens inverse: plutôt que d'abdiquer, il faut tenter par tous les moyens de renforcer notre culture car ce serait trop dommage qu'un jour plus personne ne soit à même d'apprécier de tels joyaux que Proust, Zola, Molière, etc. Et si finalement il n'en reste que cinq autour d'une table, hé bien j'espère être une de ceux-là! :lol: