#232 27 Juin 2018 19:56:18
Bonsoir tout le monde,
J'ai terminé Les trois sœurs, la pièce de Tchekhov.
Une petite anecdote au préalable. Difficile à croire, et pourtant, Tchekhov imaginait et annonçait une comédie. Mais c'est bel et bien d'une pièce dramatique qu'il s'agit. Si certaines séquences ont un potentiel comique, clairement on ne se fend pas la poire.
De cet auteur, je n'avais lu jusqu'à présent que La mouette, pièce qui m'avait d'ailleurs beaucoup plu. J'ai également bien aimé cette pièce. Une pièce très 'russe'. Je ne sais pas trop comment l'exprimer, mais il y a ces je-ne-sais-quoi qui ne laissent que peu de doutes quant à l'origine de l'auteur.
On est loin des codes classiques du théâtre. On a ici quatre actes qui sont autant de tableaux peignant la vie des Prozorov (les trois sœurs – à savoir Olga, Macha et Irina – et leur frère Andreï) et des personnes qui les entourent à quatre instants distincts. L'espace temporel entre ces actes est plus ou moins conséquent, ce qui donne une pièce qui s'étale sur une période d'environ quatre ans. J'ai bien aimé la façon habile avec laquelle Tchekhov nous apprend les événements importants qui se sont passés pendant ces laps de temps.
Dans cette pièce, il plonge dans les âmes humaines et décrit des âmes en peine. Il transcrit à merveille l'ennui de ces trois sœurs, éduquées et instruites, dans un endroit assez reculé, leur lassitude face à une vie rythmée par leur travail respectif qu'elles n'apprécient pas/plus et par les visites de militaires du régiment qui s'est installé à proximité qui philosophent, imaginent de grandes et choses (les réflexions sont pour certaines d'entre elles très intéressantes), mais ne font rien pour les atteindre. Leur rêve ? Retourner à Moscou. Si ce rêve peut devenir réalité notamment grâce à leur frère, lequel est promis à une grande carrière universitaire qui devrait le propulser dans une université moscovite, tout ne se passe toutefois pas comme souhaité pour le dire simplement. Les divers événements qui ponctuent cette pièce accentue ce sentiment de détresse. Cette pièce est emprunte de mélancolie, voire d'une certaine fatalité. Le tempo est assez lent, ce qui augmente cette sensation.
Comme souvent avec la littérature russe, il faut s'accrocher avec les personnages : que ce soit en raison de leur nombre (LE pêché mignon, et ce même dans une pièce), et de leur identification (un exemple : Olga, Olia, Oletchka, Oliouchka, sont une seule et même personne). Mis à part cela, j'ai trouvé les personnages bien travaillés et complexes. Certains sont attachants, sans pour autant que l'on ait envie de se retrouver à leur place.
Une fois n'est pas coutume, place maintenant à une double lecture. D'un côté, Antithèses : Mallarmé, Péguy, Paulhan, Céline, Barthes, un ouvrage tout récent écrit par C. Coustille. Je l'ai commencé, et je trouve pour l'instant l'écriture très claire et ce livre passionnant. Pourvu que cela dure ! Un aperçu de la quatrième de couverture :
"La thèse est souvent considérée comme le genre de tous les académismes. Pourtant, depuis le milieu du XIXe siècle, plusieurs grands écrivains français ont entrepris un doctorat, non sans faire preuve d'une certaine originalité. Mallarmé a commencé une thèse de linguistique afin de se remettre d'une crise existentielle, la thèse de Péguy n'est rien d'autre qu'une longue insulte contre la Sorbonne, celle de Paulhan se perd dans d'innombrables brouillons sur plus de trente-cinq ans, Céline a soumis au jury un autoportrait à peine dissimulé derrière l'éloge d'un médecin hongrois, et Barthes a affirmé que la thèse devait être un 'corps érotique'.
Antithèses est une enquête historique où les mondes littéraires et universitaires se rencontrent et se défient. C'est aussi un anti-manuel de thèse dans lequel les écrivains questionnent les normes et formes académiques tout en distillant leurs conseils d'écriture".
En parallèle, je me suis également plongé dans Nord et Sud, un roman de E. Gaskell, dont la quatrième de couverture se lit comme suit :
"Après une enfance passée dans un village riant du Hamphire, Margaret Hale, fille de pasteur, s'installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s'éveille. John Thornton, propriétaire d'une filature, incarne tout ce qu'elle déteste : l'industrie, l'argent et l'ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme".