BON
*retrousse ses manches*
J'ai terminé
Sous les serpents du ciel.
J'ai eu énormément de mal, à m'y mettre, à avancer, c'est d'ailleurs parce que c'était poussif que j'ai entre-coupé avec Les petites recettes de bonheur...
Suffisamment poussif pour que je m'interroge plusieurs fois sur si je devais le finir ou non :
- argument pour le finir : jamais je n'ai abandonné un livre, j'en ai fini qui le méritaient bien moins, donc flûte !
- argument pour ne pas : je devais l'avoir rendu ce samedi à la médiathèque, ce qui impliquait que je le turbine dans la journée d'aujourd'hui, donc cacahuète !
Au final, comme d'hab, je me suis accrochée, comme dirait Giono, 'plus têtue qu'une statue de mule'... Mais ce qu'il faut retenir, c'est que crevindiou, je ne regrette pas.
J'ai appris le terme aujourd'hui,
Sous les serpents du ciel est ce qu'on appelle un roman choral, à savoir une narration qui alterne à chaque chapitre la vision/point de vue de chacun des personnages, allant jusqu'au style d'écriture qui match avec chaque entité (exemple ici, le groupement des femmes rebelles s'expriment avec une seule voix, et en vers^^), ça donne un ensemble très créatif, et une dimension humaine bien supérieure en termes de ressenti. L'écriture de Ruben est, de toute façon, brillante, ce n'est absolument pas ça qui m'a bloquée en premier lieu...
Je crois que le problème que j'ai eu avec l'ambiance de ce livre, c'est que j'ai trop tenu à ce qu'on me raconte une histoire. J'ai compris vachement tard que quelque part, on s'en fichait un peu de qui et où, mais que c'était surtout comment et pourquoi qui était intéressant. J'ai mis trop de temps à me placer dans cet état d'esprit.
On évolue donc sur une frontière fictive : l'auteur a probablement cherché à ne dénoncer personne et à n'énoncer que des dynamiques de réflexion, des problématiques.
Un archipel musulman, coupé en 2 par une muraille/barrage de 9 mètres de haut par l'occupant occidental, sous prétexte de lutte contre un terrorisme qui serait probablement inexistant si la population n'était pas oppressée.
Tout gravite autour de l'histoire d'un personnage : Walid. Un ado de 16 ans qui a été abattu sciemment par les soldats du barrage, il se servait d'un cerf-volant, c'était louche, ce ne pouvait être qu'une arme... Walid devient un martyr et un symbole d'oppression pour les habitants de l'archipel. La défense des soldats concernant l'incident, quant à elle, évolue avec le temps :
- c'est une bavure, il a fait les frais d'une roquette qui visait des terroristes, on n'a pas fait exprès
- ce sont les terroristes qu'on visait qui ont abattu Walid, on y est pour rien
- de toute façon Walid était lui-même un terroriste, il méritait de mourir (mais c'est quand même ses confrères terroristes qui l'ont tué, on y est toujours pour rien)
Le livre démarre donc, le jour des 20 ans de la mort de Walid. Jour que toutes les femmes de l'archipel, qui se regroupent en silence depuis pas mal de temps, ont choisi comme symbole pour mener un projet : détruire le mur, et libérer leur peuple.
Plein de choses sont abordées brillamment : la guerre, la liberté, la peur, les notions d'innocence et de culpabilité (faire des aveux sous la torture ? devenir violent pour arrêter d'être une victime ?), la sauvegarde des cultures, l'individualité / le groupe, l'escalade de la violence...
Et tout ce qui touche, dans ce livre, à Walid et sa passion pour les cerf-volants (élément central), est juste magnifique. Que ça soit en termes de symboliques, comme de mise en scène, comme de descriptions...
Vu la manière dont j'ai galéré à comprendre ce qu'on essayait de me dire, je ne peux être totalement positive dans mon compte-rendu (arrivée à la moitié, je comptais les pages, vraiment, j'ai peiné...) Mais vu que je me sens totalement responsable de l'étroitesse de mon esprit de stupide hobbit joufflu, je n'hésite pas à mettre à ce livre un solide 17, voire à le recommander.
Car il mérite vraiment qu'on mentionne toutes ses qualités.
<image>Tu n'auras pas eu d'enfance, Walid, dans ce pays où tous les hommes naissent inquiets, vieillissent vite et meurent trop jeunes. [...] A marée basse, ce matin, la mer s'était retirée très loin vers le nord, on n'entendait plus sa rumeur, et comme le vent soufflait très fort, j'ai lancé ton cerf-volant dans les airs. Les adultes - avides de crevettes et de bigorneaux - étaient partis à la pêche, chaussés de bottes en caoutchouc, un seau à la main, remuant des pieds les galets, scrutant tous les rochers des yeux ; les miens, ceux de quelques enfants restaient levés vers le ciel. Nos cerf-volants rivalisaient d'adresse avec les mouettes et les goélands qui nichent dans les anfractuosités des falaises et s'égosillent pour éloigner les gros prédateurs que nous sommes. J'ai imaginé ce que les oiseaux pouvaient voir là-haut, et l'espace d'un instant, j'ai cru te voir perché sur la plus haute cime de ce rempart de craie, j'ai cru entendre ta voix de vif-argent : tu nous regardais, tu agitais les bras, tes cheveux flottaient dans l'air, tu dirigeais les cerf-volants du regard, tu écartais les falaises, tu attrapais les nuées, tu galvanisais le vent... Recap' du Challenge à 5000 Autant vous dire que c'est mort :DAristote et Dante découvrent les secrets de l'univers : 359
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Sous les serpents du ciel 317
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