#613 09 Septembre 2018 18:01:06
Le fait est qu'en français, il y a eu un véritable processus de masculinisation de la langue, avec tous ces exemples de féminins qui ont été effacés, sans compter cette règle absurde du "masculin qui l'emporte sur le féminin" (en quel honneur, je vous prie ? avant ça, c'était l'accord de proximité qui prévalait et ça ne dérangeait personne...) et ça ne s'est pas fait sans peine, il a quand même fallu deux siècles pour que ces nouvelles règles s'imposent (l'Académie s'est vraiment donné beaucoup de mal pour invisibiliser les femmes dans la langue... à croire que ce n'est pas si anodin que ça, finalement...) Comme l'a dit Elianne Viennot lors d'une conférence très intéressante à laquelle j'ai pu assister : la langue française n'a pas besoin d'être féminisée, mais d'être démasculinisée. On ne cherche pas à forcer du féminin dans la langue, mais à réintroduire le féminin qui y était déjà, qui aurait dû y rester, et que l'on a forcé à disparaître de manière complètement artificielle. (et je suis estomaquée quand j'entends dire aujourd'hui que c'est la "féminisation" qui est forcée et artificielle, alors que c'est l'omniprésence du masculin qui est le résultat d'un choix complètement politique et qui allait déjà à l'encontre des usages de l'époque. C'est plutôt ça qui me donne envie de pousser des coups de gueule, personnellement :lol:)
Le problème, c'est qu'ensuite, le langage influe sur les manières de penser : on pense (à tort) que le masculin est le genre "par défaut", "neutre" alors que c'est faux (et en traduction, on est confronté à ça en permanence : quand rien dans le texte ne permet d'affirmer le contraire, on a tendance à tout mettre au masculin par défaut, et le féminin reste toujours une correction, une pensée après coup, ce qui est vraiment un effet pervers de cette prédominance du masculin, pour moi.) Alors, certes, dans les langues un peu moins genrées comme l'anglais, les problèmes ne se posent pas de la même façon (mais personne n'a dit que la langue était le seul véhicule du sexisme, juste qu'elle y contribuait, attention de ne pas tout mélanger non plus... et encore, même en anglais, on peut constater que l'usage de "they/them" à la place de "he/him" s'est généralisé pour parler d'un sujet singulier de genre indéterminé, de même que certains noms de métiers possédant un féminin (actor/actress par exemple, parmi ceux qui me viennent à l'esprit immédiatement) donc c'est bien une question qui se pose dans le monde anglo-saxon aussi). Mais si on peut avoir une influence sur les langues fortement genrées comme le français pour commencer à avoir un impact sur les mentalités, je ne vois pas pourquoi on se priverait.
Bref, j'arrête là sur cette question, et je repasse au véritable sujet du suivi de lecture :lol:.
J'ai donc un peu avancé dans Neversuch House, qui démarre tout doucement. L'univers et très étrange et un peu loufoque, on passe pas mal de temps à planter le décor, mais la Maison est un véritable univers à part entière, donc il faut d'abord y prendre ses marques avant d'entrer dans le vif du sujet ^^. Mais ça me semble prometteur, en tout cas !
Et j'ai aussi mis la main sur une édition de poche de Notre Dame de Paris, je suis donc fin prête pour octobre ! (le défi, maintenant, ça va être de ne pas le commencer trop vite pour ne pas avoir trop d'avance sur la date de la LC :P)