Bonjour tout le monde,
Comme annoncé un peu plus haut, j'ai fini
Nord et Sud. Un petit rappel du synopsis qui est maintenant bien lointain :
"C'est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l'héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre. Peu après son retour, son père renonce à l'Eglise et déracine sa famille pour s'installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton".
Tout d'abord, s'il est vrai que j'ai commencé cette lecture le 27 juin et que j'ai donc mis un certain temps (ou plutôt un temps certain) à lire ce livre, cela n'a rien à voir avec la qualité de ce livre. J'étais plutôt dans une période à lectures plus brèves. Parce que, autant le dire de suite, ce fut une très belle lecture.
Avalon, j'ai bien fait de suivre ton enthousiasme !
Contrairement à ce que je pensais à la lecture du synopsis,
Nord et Sud ne peut pas être réduit à un "Germinal anglais" (étant précisé que
Nord et Sud (1855) a été écrit trente ans avant
Germinal (1885), je parle en ce qui me concerne en terme d'ordre de lecture, ayant lu
Germinal avant). C'est bien plus. Une œuvre à part entière. Alors bien sûr, il y a des similitudes : au-delà du cadre (manufactures du nord de l'Angleterre pour l'un ; mines du nord de la France pour l'autre) et des grèves, on y retrouve des réflexions sur des thématiques communes que ce soit sur les relations conflictuelles patron/ouvrier, sur le capitalisme, ou bien encore sur les syndicats.
Mais je trouve que
Nord et Sud est non seulement moins sombre, mais également plus large. Moins sombre parce que si l'atmosphère est assez grise, je trouve l'écriture de Gaskell moins violente que celle de Zola. L'antagonisme patron/ouvrier qui semble immuable dans
Germinal est moins tranché dans
Nord et Sud. Cet antagonisme, qui se matérialise plus spécifiquement vers le milieu du roman dans la relation entre Mr Thornton et un ouvrier dénommé Higgins, évolue. Il peut y avoir une écoute, une compréhension entre ces deux parties. Un rapprochement est possible, ce qui rend réductrice une approche opposant les méchants patrons et les gentils ouvriers. Il y a une forme d'espoir que je n'ai pas retrouvé dans
Germinal.
Plus large en ce que l'histoire ne se limite pas aux rapports de force, en ce qu'elle tend à rapprocher autant que possible les positions, en ce que d'autres thématiques sont intégrées comme la religion. J'ai trouvé également
Nord et Sud plus lumineux. En raison de l'espoir laissé, mais aussi parce que l'histoire ne se passe pas uniquement à Milton, au nord de l'Angleterre, mais parfois à Londres, et également dans le Sud, où les paysages ont l'air féeriques.
Ce livre est également très agréable à lire. Fluide, avec des chapitres bien construits, et très joliment écrit. Un passage, au hasard : "il y avait partout des changements, légers, certes, mais omniprésents. Les familles étaient modifiées par l'absence, la mort, le mariage ou les mutations naturelles entraînées par les jours, les mois et années, qui nous mènent imperceptiblement de l'enfance à la jeunesse, puis à l'âge adulte et à la vieillesse, d'où nous tombons tels des fruits mûrs dans le sein de la terre, notre paisible mère".
Les personnages sont très bien travaillés. J'ai beaucoup aimé Margaret et Mr Thornton et leur évolution respective. Tous deux sont assez butés, mais pas obtus : il y a une envie d'apprendre, d'écoute de l'autre et de remise en question chez chacun d'eux. J'ai également bien aimé le personnage de Nicholas Higgins, une sorte de bougon au cœur tendre (un véritable hérisson dans le sens par M. Barbery dans
L'élégance du hérisson). J'ai eu un peu de mal avec le père de Margaret et son apathie grandissante au fil des pages.
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Je suis maintenant plongé dans La méthode Schopenhauer, de Irvin D. Yalom. Je tiens à remercier Saelind pour ce livre. Là encore, il est probable que je mette un peu de temps à le lire, les jours prochains ne seront pas forcément plus calmes avec également un déménagement à la clé, sans pour autant que cela ne laisse présumer une lecture laborieuse. D'autant que j'ai déjà commencé, et c'est une très belle lecture qui s'annonce. Voici un aperçu du synopsis :
"Julius Hertzfeld est un psychiatre réputé de San Francisco. Depuis la mort de sa femme, il consacre son temps et son énergie à son métier et à ses patients. Il apprend soudain qu'il souffre d'un mélanome et qu'il a tout au plus un an à vivre. Après une brève période de désespoir, Julius décide de poursuivre ce qui donne du sens à sa vie : son métier. Et il s'interroge sur son utilité, l'aide qu'il a pu apporter à ses patients. Lui revient alors en mémoire son échec le plus cuisant : Philip Slate, un jeune chimiste arrogant et prétentieux que trois ans de thérapie n'avaient pu guérir de son addiction au sexe. Julius décide de le retrouver pour savoir ce qu'il est devenu, vingt ans plus tard. Stupeur : non seulement Philip est devenu psychothérapeute mais il prétend avoir guéri de son obsession grâce à la lecture assidue de Schopenhauer. Les deux hommes vont alors faire une sorte de marché : Philip participera aux séances de thérapie de groupe de Julius et celui-ci apprendra tout ce qu'il y a à savoir sur les théories de Schopenhauer".