#240 12 Octobre 2018 09:50:18
Shesarebel a écritCoucou :)
J'aime bien Théophile Gautier. Parmi les nouvelles que tu cites, j'avais beaucoup aimé La cafetière. Je suis tout à fait d'accord avec ta définition du genre Fantastique :D
Bonjour Shesarebel. Merci pour ton passage sur ce suivi devenu brièvement le nouveau "ce soir (ou jamais!)" du fantastique. La cafetière a eu ma préférence car dès le début on est mis dans une atmosphère pluvieuse, avec un personnage harassé par la fatique qui découvre son nouvel environnement à la lumière d'un feu de cheminée. J'ai aussi apprécié ce petit passage danse macabre.
Elsinka a écritJ'adore La Cafetière, et je trouve pour ma part Omphale assez drôle - en général, mes élèves aussi, même si ce n'est pas aussi drôle que Le Pied de momie. La Morte amoureuse, j'aime bien, mais moins également.
Pour la question des genres, c'est toujours assez délicat, et bien des œuvres peuvent finalement être classées dans plusieurs tiroirs différents. Les définitions peuvent aussi varier avec le temps. Après, oui, traditionnellement, le fantastique, c'est l'irruption dans le quotidien d'un événement étrange, qu'on ne peut expliquer, et le doute subsiste entre interprétation rationnelle et interprétation surnaturelle. Je pense que ça marche surtout pour les œuvres fantastiques du XIXe. Je rapprocherais néanmoins plus moi aussi Harry Potter de la fantasy.
Je suis d'accord pour le côté un peu plus comique d'Omphale. La description du jardin de l'oncle se fait avec la raillerie du neveu. Et le mythe même d'Omphale utilisé permet de jouer sur le grotesque.
Concernant la définition du fantastique, elle reste évidemment ouverte. Et je sais que des oeuvres n'utilisent que des pointes de fantastique dans leur oeuvre. Comment ne pourrais-je pas évoquer ici Nicolas Gogol dont j'adore les nouvelles petersbourgeoises.
Le XIXème siècle, c'est l'essor du fantastique, un essor qui arrive au même moment que le romantisme. D'où les oeuvres de Gautier que je lis actuellement. Mais je ne suis pas d'accord pour dire que la définition que je propose ne serais plus pertinente. Je pense à Leo Perutz que j'adore ou à Jacques Abeille que j'ai découvert récemment. Je pense aussi à Lovecraft.
Le souci, c'est que de nos jours, c'est le fantasy qui a le vent en poupe, redoublé après le succès retentissant d'Harry Potter.
RedPanda a écritJe vous rejoins sur Le lys dans la vallée. J'ai lu ce roman quand je devais avoir une douzaine d'années et j'avais beaucoup aimé l'histoire et l'écriture. Je n'ai jamais compris pourquoi le monde entier semblait en vouloir à Balzac, car mon entrée dans son oeuvre s'est fait avec Le lys dans la vallée, puis La peau de chagrin qui m'avait fait une forte impression, et enfin, j'avais étudié La cousine Bette en prépa, et c'est tellement génial de découvrir en profondeur un auteur via une prof passionnée et passionnante !
Cela dit, il faudrait que je renoue avec ses oeuvres. Cela fait trop longtemps que j'ai délaissé mes classiques français. Aurai-je changé d'avis sur eux depuis ?
Tu as fait une belle affaire lors de ta bourse aux livres ! Voilà des heures de lecture prometteuses, mais dures (entre L'attentat, Le choix de Sophie et Eichmann à Jérusalem..)
Bonjour RedPanda et bienvenue ici.
Tu ne peux pas me faire plus plaisir qu'en défendant Balzac. C'est l'auteur classique qui m'a remis à la lecture intensive et c'est l'oeuvre qui m'inspire le plus.
Je pense que plus que Balzac, c'est le style XIXème qui rebute l'adolescent qui, souvent, s'est arrêté à cette première impression. Je sais que j'avais adoré Eugénie Grandet, d'abord parce que j'ai beaucoup d'affection pour elle, parce que j'ai connu des individus qui ressemblaient fortement à ceux qui l'entouraient dans le livre.
Je suis plutôt content des titres que j'ai pu trouver à cette bourse aux livres.
Je vais faire une réponse globale au débat sur le fantastique que j'ai provoqué. Il ne s'agit pas ici de se prendre la tête ou de faire dévier le débat sur l'utilité des classifications pour choisir ses livres. On sait tous ici qu'une définition est fluctuante et remodelable mais il y a une frontière entre une définition hyper restrictive du fantastique et le grand n'importe quoi. Je ne suis pas plus amateur de fantastique que de fantasy. J'ai une adoration pour les livres de Tolkien qui sont superbes. J'ai dévoré Harry Potter et Narnia quand j'étais plus jeune et je ne les renie pas aujourd'hui. Mais pour moi les deux genres n'ont pas le même objectif et le même rôle.
Lorsque j'ai utilisé le mot tension pour définir le fantastique, c'était pour moi le moyen justement d'ouvrir la définition. Les oeuvres du XIX recherchait la plupart du temps à faire naître l'angoisse ou la peur. Mais le fantastique doit d'abord faire naître une sensation d'étrange et de bizarre comme si quelque chose ne tournait pas rond. Cette tension provoque majoritairement l'angoisse mais il peut parfois provoquer un sentiment de malaise, d'excitation ou de rire.
Là où j'ai mal compris le reproche fait à ma définition, c'est lorsqu'on me dit que Lovecraft en serait exclu. C'est vrai qu'en rapprochant ses oeuvres, les amateurs ont extraits un monde du surnaturel cohérent mais il est loin d'être rationalisé. J'ai lu Le cauchemar d'Innsmouth, et j'ai toujours considéré cela comme du fantastique (et parmi le meilleur que j'ai lu) parce que justement il y a cette tension extrême entre le protagoniste qui doit faire une déviation dans son trajet et les événements surnaturels qui surviennent.
Et je ne suis pas contre de qualifier une oeuvre à la fois de fantasy et de fantastique. Je me souviens d'une série qui est tiré d'un livre: Jonathan Strange et Mr Norrell. Dans ce monde, la magie est accepté mais elle a en grande partie disparu. Pourtant les événements qui arrivent ne sont pas non plus expliqués par les reliquats de magie restant. On a donc des événement surnaturels qui adviennent par rapport à la norme du monde créé, norme qui est elle-même surnaturel par rapport à la notre. D'ailleurs on sentait l'inquiétude des personnages qui nous inquiétait en ricochet.
évidemment, il serait fastidieux de faire un travail d'apothicaire pour chaque oeuvre avec des définitions dont les frontières semblent poreuses mais si j'ai pris l'exemple d'Harry Potter, c'est parce qu'il fait partie des exemples parfaits de ce que n'est absolument pas le fantastique. Et si on commence à laisser dire qu'il y a fantastique à partir du moment où on aperçoit l'étincelle d'un soupçon de magie, alors c'est le genre fantastique qui devient un terrible fouillis qui n'a plus de sens et à qui on ne rend pas justice.