De l'importance d'un titre - réflexion sans intérêt

 
    • Cubeimage

      Apprenti Lecteur

      Hors ligne

      #1 02 Août 2019 12:49:21

      L'amateur de story-telling que je suis, ne peux s'empêcher de réfléchir à bien des sujet qui peuvent paraitre triviaux voir complétement dispensable. Parmi ceux-ci, il en existe certains sur lesquels, j'ai des difficulté à proposer des réponses nettes. Mon sujet du moment concerne les titres et par le biais de la communauté, j'aimerai faire appel à .... l'avis du public.

      Dans le processus de création d'une œuvre quelque soit son support, le titre est souvent amené à être modifié avant l'arrêt du définitif. Il n'est d'ailleurs pas rare que certains auteurs expliques qu'il a été difficile pour eux de trouver un compromis avec leur éditeur.  (oui, je pose les bases de ma réflexion avant de vous soumettre ma vision de la chose). Il y a bien-sur pour l'éditeur une logique commerciale, mais pour l'auteur, est-ce que ce titre à un sens? Et si c'est le cas est-ce que le changement de titre du œuvre a postériori est justifiable?

      Évidement pour vous livrer mon opinion ou du moins l'avancer de ma réflexion, je vais m'appuyer sur  des exemples concrets. Et l'un de ce qui pour moi est le plus parlant reste "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" de Philip K. Dick. Déjà à ce moment là il est possible que certains ne connaissent pas ou du moins pas sous ce titre, mais qu'il reconnaitrons mieux sous le titre "Blade Runner".
      Et pourtant, Philip K. Dick n'a jamais écrit de récit appelé "Blade Runner". Ce titre, nous le devons à la nouvelle de l'auteur Alan Edward Nourse, un œuvre qui n'a comme unique point commun avec "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" que d'appartenir au genre de la SF. Je pense qu'il est inutile pour la plupart d'entre vous de faire le lien avec l’œuvre cinématographique du même nom, mais pour les autre je vais le faire (y a pas de raison). Donc "Blade Runner" est le titre de l'adaptation cinéma du livre de Philip K. Dick réalisé en 1982 par un illustre inconnu du nom de Ridley Scott.  Je ne vais aborder que le cas du marché français, mais c'est déjà fascinant (je trouve).
      Le livre de Philip K. Dick est sortit en 1966 et sera publié en France pour la première fois en 1976 (sous son titre original). Le film de Scott sort sur les écrans en 1982 et à ce moment là les éditeurs voient une partie de leur lectorat se détourner de livre pour le marché de la vidéo avec la démocratisation du magnétoscope (si c'est pas génial de voir comment tout est lié ). On l'aura compris, c'est pour une logique totalement commerciale qu'a partir de ce moment là et jusqu’à aujourd'hui la quasi (je prends des gants car je n'ai pas eu le temps de vérifier et je m'en excuse) totalité des édition qui suivront porteront le titre de "Blade Runner" relayant le titre original au rang de sous-titre quand celui-ci n'est pas purement et simplement supprimé.

      Tout ceci est bien beau, mais le problème est où? Le texte du livre reste le même.
      Pour moi le problème est double. En premier lieu, l’œuvre "Blade Runner" de Nourse, va tout simplement disparaitre du catalogue des éditeurs. Je ne l'ai pas lu donc je me garderai bien de dire si c'est une véritable perte ou non, mais en soit c'est déjà une perte.
      Le second point, et c'est celui qui me parait le plus intéressant, c'est l'importance du titre d'origine au sein de l’œuvre en elle même. Je reconnais que cette analyse ne peut être appliqué à tous les titres ( Conan, le barbare de Robert E. Howard aurait pu s'appeler Conan, le symérien cela n'aurait pas changer grand chose). Mais dans le cas qui nous intéresse, à savoir "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?", on peut d'une part avoir la problématique centrale du roman, mais également la vision défendu par l'auteur.
      A ce niveau là, je me suis dis que peut-être je sur-interprétais et que si cela avait été si gênant Philip K. Dick aurait poussé une gueulante sauf que le monsieur est mort peu avant la sortie du film en1982 (même si il aura eu l'occasion de le visionné et qu'il fut impressionné par le rendu visuel), mais qu'en plus il avait pris l'habitude à partir de 1976 d'accéder aux requêtes de son éditeur sans bronché. C'est à cette période qu'il abandonnera son rêve de devenir un auteur de classique et non de genre.

      Il y a quelques jours, la question c'est représenté à moi, mais cette fois-ci dans le sens inverse. Pourquoi le film "Bram Stoker's Dracula" de Copolla intègre-t-il le nom de l'auteur du roman d'origine? Et me revoilà à la pêches aux infos, debunkage et autres tris entre  fantasmes de fans et fake news à sensation. Au final, il s'avère que ce titre est un avertissement aux spectateurs. Dans une interview le réalisateur explique que le nom de Bram Stoker a été ajouté à sa demande. La majorité des gens ne connaissaient alors la figure de Dracula que ou principalement par les œuvre de la Hammer. Or sa démarche était d'adapter le plus fidèlement possible le roman d'origine.

      J'ai bien conscience que valider ma vision des choses par ce simple argument positif tiendrait du biais de confirmation. Je sais aussi que la plupart d'entre vous ne porteront aucun intérêt à la question, mais je trouvais intéressant de confronter ma vision de la chose avec ceux que cela pourrait intéresser.

      P.S: il y a surement des fautes et je m'en excuse.
    • Mana_

      Administratrice

      Hors ligne

      #2 02 Août 2019 14:30:50

      Je ne dirais pas que la réflexion est sans intérêt... en tout cas, je ne me la suis jamais posée et je te remercie pour cela.

      Déjà, faut savoir qu'aujourd'hui, le titre est d'un livre est rarement le fruit de l'auteur seul, mais de discussions entre l'auteur et l'éditeur - pour la plupart des cas. Car l'auteur va avoir une visions précise de son oeuvre sans prendre garde aux composantes du marché du livre, quand l'éditeur (possiblement épaulé d'un représentant/commerciaux) va avoir une vision globale et savoir ce qui va se vendre au mieux. Deux points majeurs ressortent ainsi en premier : version idéaliste et version commerciale.

      Maintenant, d'un point de vue du droit, je ne suis pas certaine que les éditeurs, cinéastes et autres acteurs qui détiennent des droits sur l'oeuvre originale ont acquis la possibilité de changer le nom de l'oeuvre à volonté. Pour faire simple, le titre d'un livre est validé par l'auteur avant publication. Dans un cas français, le livre est donc reconnu ainsi par son ISBN donné par l'AFNIL et par la BNF (qui reçoit un ou deux exemplaires de chaque oeuvre parue sur le territoire). Si le titre évolue entre deux, je me demande comment les institutions gèrent cela.
      En vrai, je voulais surtout dire que si modification du titre il y a, l'auteur devait le savoir et a dû donner son consentement pour ce faire. Autrement, les éditeurs et cinéastes peuvent être poursuivis en justice pour atteinte au droit moral (si l'auteur a la sensation que son oeuvre est dégradée, du moins). C'est un cas extrême, mais ça doit exister et les auteurs sont vachement protégés dans notre pays. Et si les auteurs sont morts, les ayant droits ont leur mot à dire.

      Tu ne cites que des cas étrangers, ce serait intéressant de voir comme les acteurs cachés (auteurs et ayant droits) ont réagi en apprenant ces modifications. Parce que moi-même fan de SF, je ne savais pas que Blade Runner de Dick s'intitulait en réalité Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. On est quand même loin du titre de départ...
      Pour l'adaptation de Coppola, ça passe déjà mieux car il informe simplement la paternité de son adaptation, au final c'est pour mieux aiguiller les consommateurs qui voudraient lire l'oeuvre originale. A titre personnel, j'apprécie la démarche, même si ça crée des titres à rallonge.

      Au final, je suis pas sûre de répondre à une éventuelle question/réflexion avec ma contribution, désolée !
    • FloXy

      Empereur des pages

      Hors ligne

      #3 02 Août 2019 15:43:47

      Bah moi j'ai même pas compris la question =D

      En gros tu as l'air de pousser un coup de gueule contre les changements de titre. Oui les auteurs n'ont pas carte blanche dans ce monde capitaliste de brute. C'est dommage.

      L'exemple de Blade Runner est connu mais j'ai envie de donner un contrepoint avec l'exemple de Dead Zone de Stephen King. Les rééditions françaises ont repris le titre du film et de la série, alors qu'au début le livre avait maladroitement été édité en français sous le titre L'accident donc parfois au moins ce genre de changement commercial permet de retrouver l'esprit de l’œuvre (où il est bien question d'une zone morte dans le cerveau du personnage) justement ! :)
      On pourrait trouver d'autres exemples comme ça, il y a dernièrement une tendance à renouer avec le titre en VO en cas d'adaptation ciné.
      Par contre ce qui me chagrine plus c'est la tendance à rééditer le texte avec une image du film en couverture. Bonjour la limitation de l'imagination. Maintenant vous êtes obligés de mettre une tronche aseptisée sur un personnage !

      Dernière modification par MyFloXyBabY (02 Août 2019 15:48:10)

    • Cubeimage

      Apprenti Lecteur

      Hors ligne

      #4 02 Août 2019 17:49:56

      Bah moi j'ai même pas compris la question


      Il n'y a pas de question à proprement parler, c'est juste une remarque que je m'était faite et que j'avais envie de partager.:D

      Je ne pousse pas de coup de gueule non plus, car je ne trouve pas le processus forcément néfaste. Seulement je m'interroge sur sa pertinence dans le cas ou le titre apporte un axe de lecture ou une opinion sur le sujet qu'il soulève (d'où les exemples de blade runner et de Dracula).
      King est également un excellent exemple car il a connu pas mal de déboire de ce coté là, je pense notamment à The Lawnmower Man.

      En vrai, je voulais surtout dire que si modification du titre il y a, l'auteur devait le savoir et a dû donner son consentement pour ce faire.


      C'est là une question à laquelle je n'avais pas songé. Je me suis donc penché un peu dessus, mais vraiment un peu car ce genre de recherche prend du temps. Je n'ai malheureusement pas trouvé grand chose si ce n'est que les droits de l’œuvre de Philip K. Dick ont changé de main en 2008 et que la gestion est devenu beaucoup plus strict. Depuis d'ailleurs l'intégralité des éditions françaises portent le titre d'origine au minimum en sous-titre.
      Dans le cas de Coppola, la décision a été prise avant la commercialisation du film donc il n'y a pas eu de problème, mais je trouve que l'exemple soulignait le fait que le choix d'un titre pouvait revêtir une certaine importance pour l'auteur.

      Tu ne cites que des cas étrangers, ce serait intéressant de voir comme les acteurs cachés (auteurs et ayant droits) ont réagi en apprenant ces modifications.


      Absolument.

      Au final, je suis pas sûre de répondre à une éventuelle question/réflexion avec ma contribution, désolée !


      Encore une fois, je proposais simplement une réflexion et je trouve au contraire que ta participation à permis de mettre en avant des points auquel je n'avait même pas songé.

    • FloXy

      Empereur des pages

      Hors ligne

      #5 02 Août 2019 18:36:44

      Cubeimage a écrit

      King est également un excellent exemple car il a connu pas mal de déboire de ce coté là, je pense notamment à The Lawnmower Man.


      Cela ne me dit rien du tout, tu peux détailler s'il te plait ? :)

    • Cubeimage

      Apprenti Lecteur

      Hors ligne

      #6 02 Août 2019 19:39:36

      Au début des années 900 (désolé je n'ai plus la date exacte en tête), New Line Cinema a acheté les droits d'adaptation de de la nouvelle de King "the lawnmower man" (je crois que c'est la pastoral en français). Seulement, le film ne comporte qu'une scène qui fait référence au livre (un meurtre avec une tondeuse à gazon). Le film s'appelle alors "Stephen King's Lawnmower man". Sauf que King désavoue totalement le film et sa prétendu filiation avec son bouquin. Il va attenté un procès qu'il gagnera obligeant New Line a retirer son nom du film et des affiches. Seulement le contrat d'adaptation étant conforme et signé par King, le film pourra conserver le nom de la nouvelle mais uniquement pour le marché américain. En France le film est sorti sous le titre "le cobaye".
    • FloXy

      Empereur des pages

      Hors ligne

      #7 03 Août 2019 00:04:08

      Ok merci j'avais jamais entendu parlé de cette histoire ! :O
      Je ne connais ni le film ni la nouvelle. :chaispas: