'L'Élite' Des conseils et des avis ?

 
    • KatnissPhosphore

      Apprenti Lecteur

      Hors ligne

      #1 01 Septembre 2019 13:07:54

      Voilà, je me suis décidée de poster ici le premiers chapitre (et le seul) de mon idée qui a germer il y a quelques temps et qui continue de pousser.
      Mais j'aurai besoin de savoir s'il y a des incohérences, si c'est compréhensible, et si ça plaît, aussi.
      Donc je mets le premier chapitre de L'Élite en espérant ne pas me prendre un vent légendaire ! =) Et désolée pour les fautes...


      Chapitre 1


                 Les gens me regardent comme une bête de cirque. Je suis enfermé dans une cage si étroite que mon petit frère n'aurait pas pu entrer dedans. Et là où je suis, il fait atrocement froid. Le soleil est au zénith mais la température ne dépasse pas les dix degrés ; ce dont à quoi je ne suis pas habitué. Je pense que je suis dans une foire ou un marché, je ne saurais dire. Les gens achètent des animaux avec de la monnaie étrange: on aurait dit des étoiles filantes.

                  Ça fait bien deux semaines que je suis là et je n'ai toujours pas bougé, j'ai des courbatures partout et je dors la tête calée sur mes genoux. Mais ce soir, je ne dors pas du tout.

                  Les derniers petits commerçants sont partis depuis environ  vingt-cinq minutes, lorsque j'entends à nouveau du bruit. Un bruit de quelqu'un marchant avec une jambe artificielle (en bois ou en fer, cela fait le même son dans le sable). J'ai peur. Très peur. Et la raison de mon affolement est simple : ce bruit si anodin est l'un de mes seuls souvenirs, et celui-ci n'est pas agréable du tout.

                  Pour comprendre, il faut remonter le temps. C'était il y a trois mois.


                  J'avais fini une journée particulièrement éprouvante. Pour moi, le chemin de l'école est le chemin de tous les dangers ; entre les serpents tombant des arbres, les tempêtes de sable et les autres enfants se moquant de moi à cause de mon cartable et de mes vêtements déchirés par tous ces efforts, je n'en pouvais plus... mais pour rien au monde je n'arrêterais cette aventure de tous les jours. Ce jour-ci, j'étais rentré par la plage et mon petit frère, Hiro, m'avait attendu avec plein de bons fruits juteux et sucrés. Je m'étais allongé sur ce sable si fin, si particulier de la belle île où je vivais avec ma famille, pour me reposer un peu. En ce moment, à l'école, on passe plein d'examens pour évaluer nos capacités intellectuelles et physiques. J'ai fermé les yeux en pensant à la vie dans les autres pays du monde. Je n'aurai pas dû. De redoutables Ecumeurs de Mers, ces brigands glaciaux sans âme ni peine, qui pillaient des villages entiers puis les incendiaient, s'approchaient de Hiro et moi. Avec tout le boucan qu'ils faisaient, il fallait être sourd pour ne pas les entendre mais Hiro n'avait pas réalisé qui ils étaient. Les Scélérats des Flots, on les appelait au village, mais pour moi, ce sont juste des meurtriers. Le plus horrible qui avait une jambe de bois était le chef du groupe et s'intéressait particulièrement à mon frère. Mais il l'assomma avec un bâton, le pris dans ses bras et le jeta dans la mer, sans regret. Hiro n'avait aucune chance de s'en sortir, inconscient. Et moi, j'assistais à la scène, impuissant. Le reste de la bande m'avait noué les pieds et les bras avec une corde élimée ; peut-être à cause des nombreux prisonniers qu'elle a capturés. Le chef, le massacreur de mon frère s'est approché de moi et j'avais sombré dans l'inconscience.

       

                  C'est un bruit de pas qui m'avait réveillé en sursaut. je n'aurais su dire combien de temps j'étais resté endormi. Quelques heures, quelques jours, des semaines peut-être...en tout cas j'avais très faim.

       – Comment t'appelles-tu ? m'avait demandé l'homme à la jambe de bois.

       – Quelle importance ? avais-je dit avec toute la haine qui se trouvait dans mon corps. Vous n'utilisez pas le nom des enfants que vous avez capturé.

       – Et tu veux que je t'appelle comment au juste ?

       – Comme vous le faites d'habitude avec les autres... gamin, mioche, rejeton, morveux ou encore vaurien. Vous avez beaucoup de choix, avais-je riposté.

       – Mais je suis poli, moi, mon petit...

       – Victor.

       – Victor ! Ca sonne bien. Facile à prononcer. Tu as faim ? a-t-il fait, sa bouche se déformant en une horrible grimace, pire à chaque syllabe.

                  Mais je n'avais pas répondu à la question. Evidemment que j'avais faim. Je mourais de faim, mon ventre grondait, criant famine. On m'a apporté un plateau absolument énorme rempli de nourritures différentes : légumes croquants, de la viande, des fruits juteux, ensoleillés... savoureux. Cependant, je n'y toucha point. Il y avait un danger. De mort.

      Qu'il y avait-il à l'intérieur ?

       – Tu ne manges pas ? me demanda l'homme.

      J'ai réprouvé. L'homme chercha pourquoi.

       – Tu as peur. C'est pour ça que tu ne manges pas. Mais tu n'as pas peur de moi, petit guerrier. Ta famille t'a bien appris la survie en milieu "ennemi". Mais ne t'inquiète pas, il n'y a pas de poison dedans.

      Et sur cette parole il croqua dans un morceau de viande de bœuf, sa dent d'or luisant à la lumière de la lampe à pétrole.

                  L'homme à la jambe de bois m'avait tendu une tranche de pain. Je l'avais prise mais ma main tremblait si fort qu'à un moment j'ai cru qu'elle allait se déboîter de mon corps. J'ai croqué dans le pain. Il avait le goût du sable et de l'eau de mer, des plats que préparait Mamé les jours de fête au village, des poissons que mon père avait pêché pour mon dixième anniversaire. Et je la vis, ma mère, souriante, plus belle que dans mes plus jolis rêves, ma mère que j'admirais tant. Puis mon frère apparu, un harpon de fortune dans les mains qui ressemblait davantage à simple bout de bois, que je ne reverrai jamais car il était mort. A cause de moi. Parce que je n'ai pas été à la hauteur de mon père, ce chef. Je pouvais imaginer les gens du village réunis autour de la tombe de Hiro, me lançant des regards noirs. Mon père me bannirait, c'était sûr.  Puis je vis la table, le reste du pain et les murs sombres qui m'entouraient, flous. Je m'étais réveillé.

                  L'homme me fixa alors d'un air étrange, mêlant de la fureur, de l'inquiétude et de la peur. Ses yeux oscillaient légèrement et j'aperçus que son verre d'hypocras était renversé. La tension était palpable dans cette pièce sombre dont je ne savais rien. Le silence persistait, l'atmosphère devint de plus en plus lourde. Personne ne bougeait. Puis l'homme prit une grappe de raisin dans sa main et la mangea en me dévisageant de ses yeux noirs. Je me suis alors demandé pourquoi il me regardait ainsi et je me rappela par petits flashs lumineux que j'avais... rêvé. Tout à coup, la pièce se mit à trembler, bougeant de gauche à droite, une tempête commençait et la mer se déchaîna. L'homme se fut lever avant d'avoir terminer sa grappe et la jeta à terre, puis courut en direction d'une porte et le plateau tomba en un bruit assourdissant lorsqu'il la claqua derrière lui.

      Soudain, la fatigue me submergea et je ne sentis pas le sol de bois froid cogner contre ma tête.

       
                                                 *

       

                  J'étais sur le chemin de l'école. Le soleil me tombait dessus et je n'avais rien pour m'en protéger. Je haletais sous cette chaleur suffocante. Quel idiot étais-je pour oublier ma gourde ? L'humidité trempait mes vêtements et la lumière du jour m'asséchait la peau pire que du sel et de la glace. Heureusement, la torture prendrait bientôt fin car à quelques centaines de mètres, je pouvait voir la façade blanche de l'école. Arrivé là-bas, j'ai tout de suite compris que ma journée n'allait pas être aussi bonne que je l'espérais. Mes camarades de classe étaient alignés sur trois colonnes et avaient portés leur main droite sur leur cœur – ce qui ne se passe que quand un élève... ne reviendrait plus. La boule au ventre, je cherchais d'un regard furtif tout en avançant pour me placer dans le rang qui avait disparu aujourd'hui et vis avec soulagement que personne ne manquait à l'appel. Néanmoins, ma quiétude fut de courte durée. Un homme de grande taille, qui ressemblait à une armoire à glace, était installé à côté de notre maîtresse qui paraissait être une fourmi par rapport à cet individu à la barbe noire hirsute, aux cheveux  noirs, longs et emmêlés et aux yeux de la mer. Il portait une grosse besace en peau de chèvre. La maîtresse nous parla alors de ce monsieur. C'était un représentant qui venait de la Grande Ville pour s'assurer que notre éducation était normale. Il s'appelait Gabin et allait nous évaluer. Un test. Comme ça. Sans nous avoir prévenus. Super. Mais je n'aurai jamais pensé à ce genre de contrôle, même pas en rêve. Un parcours nous attendait. Grimper à des arbres, vaincre un genre de sanglier, nager dans un marécage, sauter sur des pierres pour traverser une rivière et revenir le plus vite possible en courant. Du gâteau pour moi, je faisait ça tous les jours. Soudain, des nuages noirs s'avançaient et nous devions courir vers l'école pour ne pas se faire tremper. Après cette averse passée, le soleil était revenu. Mais Gabin nous avait confinés dans la classe et les élèves passaient un par un au parcours et je restais seul dans la classe à la fin (c'est sûr qu'en s'appelant Victor Zacarias, on ne passait pas en premier). Je les voyais revenir, certains poisseux, d'autres égratignés, en bref, personne n'avait fini le parcours. Je suis parti confiant pour cet examen. Gabin me regardait de haut et me dit "J'espère que tu feras mieux que tes petits camarades de la ville, Victor." Et cela me rassura encore plus. Monter aux arbres, surtout des palmiers, c'était facile. En moins de cinq minutes, c'était bouclé. Tuer un animal, non merci et puis Gabin n'avait pas préciser qu'il devait être mort. L'endormir suffirait. Le marécage, une baignade digestive. Je courais vers la rivière d'un pas confiant, sauta sur la première puis la deuxième. J'avais un peu perdu mon équilibre à cause de la pluie. Quant à la troisième pierre, beaucoup plus éloignée, ce ne fut pas la même histoire. Mon pieds glissa sur de la mousse et la tête la première, je tomba dans la rivière. Puis, d'abord le vide. Ni blanc, ni noir. Soudain l'obscurité et l'impression de tomber dans un gouffre sans fin. Je pouvais palper ce brouillard sombre. Et respirer devint plus difficile. Une voix sortit de nulle part, presque imperceptible, elle disait : "Victor ? Ça va ? Réveille-toi ! C'est moi, Tim. Victor !"

                  Et là, je suis revenu à moi.