Latin, grec et autres langues d'autres temps

 
  • FloXy

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    #81 10 Juillet 2018 10:19:00

    Elizewyn a écrit

    Je me suis tapée 3 ans de latin au collège, j'ai détesté ça ! Déjà j'ai été forcée d'en faire... (c'est marrant j'avais plus l'impression que les parents forçaient à en faire plutôt que l'inverse) et en + on se tapait toujours des textes de guerre à traduire, j'en ai perdu des heures là dessus...
    Après, ça aurait été mieux enseigné, peut-être que j'aurais apprécié...


    Au collège mes parents m'ont forcé aussi à faire latin/grec et je n'ai pas aimé, mais comme tout ce qu'on subit à l'école, si on trouve ça tellement naze ça en dit beaucoup plus sur le système scolaire (et sur nous pauvres enfants immatures, partageons le blâme quand même) que sur la pauvre discipline innocente en elle-même ;)

    Au lycée j'ai eu un super prof de grec alors ça allait mieux, et puis bon il faut dire aussi qu'il ne nous forçait pas trop à travailler bêtement alors on se la coulait douce tout en apprenant des choses intéressantes c'était parfait =D
    Par contre pour les points bonus au bac on repassera, je me suis tapé 1 heure de route pour passer un oral dans le seul bahut de tout le département qui faisait encore grec tout ça pour me payer un ********** de 7/20 ! NON MAIS VOUS RIGOLEZ !!!! :fouet: :pan: :ohlecon: :jeboude: :tetemur:



    Par contre j'ai toujours trouvé ça très étrange de défendre les langues mortes en tentant d'arguer de leur utilité : le fait est qu'elles n'en ont presque pas. Comme toutes les choses intéressantes en fait. Si le but de l'école était de nous apprendre des choses vraiment utiles, alors on apprendrait à changer une roue, à bricoler, à cuisiner etc..
    La culture ça n'a rien à voir, quand j'apprends des choses dans les domaines qui m'intéressent je ne me demande jamais si ça va m'être utile.

    En particulier l'argument du spillover effect (aka "faire du latin rend meilleur en français") est très pauvre dans la mesure où ce sont surtout des élèves déjà bons en français qui font latin parce qu'ils peuvent se le permettre !
    Si vous avez des difficultés en français, au lieu de rajouter 3 heures de latin par semaine, il serait bien plus efficace d'utiliser ces heures pour bosser votre français, duh ! :grimaces:

    Ce n'est bien entendu absolument pas une attaque contre les langues mortes, mais j'estime que si l'on commence à les défendre en les appréhendant sous le prisme étroit de l'utilité concrète la bataille est déjà perdue. Mais bon qui doute qu'elle le soit ? :chaispas:

  • OrcadianSky

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    #82 08 Octobre 2018 22:44:49

    J'ai fait un peu de latin et de grec et à la fac... mais j'ai surtout fait un an de paleo-babylonien et c'étair super intéressant! J'avais un peu appris à déchiffrer le cunéiforme. C'était fun. Merci la fac d'histoire de Clermont Ferrand! Mais c'était y'a 15 ans, j'ai quasi tout oublié.
  • Naviss

    Lecteur assidu

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    #83 08 Octobre 2018 22:52:50

    Ah, le latin et moi... Une histoire d'amour et de haine.

    J'ai commencé le latin en 5ème. Je l'ai quitté à la fin du collège pour le grec, et je pensais que lui et moi, c'était fini. C'était sans compter qu'on allait se retrouver en hypokhâgne puis en khâgne, pour deux années de passion douloureuse où je le quittais à nouveau : lui et moi, c'était intense, mais ça ne marchait juste pas.

    C'était sans compter que le début de mon master d'histoire médiéval allait me forcer à le côtoyer en permanence, vu que j'ai dû traduire 2 cartulaires entiers de 80 et 120 pages en latin médiéval fautif... Aujourd'hui, je suis médiéviste, et lui et moi sommes un vieux couple. Nous sommes ensemble quotidiennement, nous ne pouvons toujours pas nous supporter, mais on s'est résignés à passer notre vie ensemble. :'')
  • Guenièvre

    Puits de lecture

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    #84 09 Octobre 2018 21:27:10

    Naviss a écrit

    Ah, le latin et moi... Une histoire d'amour et de haine.

    J'ai commencé le latin en 5ème. Je l'ai quitté à la fin du collège pour le grec, et je pensais que lui et moi, c'était fini. C'était sans compter qu'on allait se retrouver en hypokhâgne puis en khâgne, pour deux années de passion douloureuse où je le quittais à nouveau : lui et moi, c'était intense, mais ça ne marchait juste pas.

    C'était sans compter que le début de mon master d'histoire médiéval allait me forcer à le côtoyer en permanence, vu que j'ai dû traduire 2 cartulaires entiers de 80 et 120 pages en latin médiéval fautif... Aujourd'hui, je suis médiéviste, et lui et moi sommes un vieux couple. Nous sommes ensemble quotidiennement, nous ne pouvons toujours pas nous supporter, mais on s'est résignés à passer notre vie ensemble. :'')


    C'est génial cette histoire : tu peux pas supporter un truc, et tu bases ta carrière dessus... Tu serais pas un peu masochiste??? :lol:

  • Naviss

    Lecteur assidu

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    #85 09 Octobre 2018 22:40:41

    Guenièvre a écrit

    C'est génial cette histoire : tu peux pas supporter un truc, et tu bases ta carrière dessus... Tu serais pas un peu masochiste??? :lol:


    Je te jure que si en 4ème, quand je suppliais ma mère pour me laisser arrêter, elle m'avait dit que je serai obligé d'en faire jusqu'à la fin de mes jours, j'aurais rigolé...

  • gggaelle

    Lecteur invétéré

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    #86 10 Octobre 2018 08:16:21

    J ai fait 3 ans de latin au collège et j ai adoré ! Peut être parce que j adore l histoire aussi ;) c était quand même assez austère comme enseignement, sauf de rares occasions. Mon fils en fait au collège et j ai l impression qu ils ont changé la façon d enseigner, c est sa 2e année il a du apprendre deux déclinaisons et une conjugaison, et ça lui plaît beaucoup. Moi ce qui me plaisait c est quand on parlait de la vie des romains (dieux, fêtes, quotidien) et la mythologie.
  • Naviss

    Lecteur assidu

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    #87 10 Octobre 2018 09:29:11

    Joyce a écrit

    Tu es médiéviste? Tu travailles sur quoi?


    Les élites rurales dans les diocèses de Vannes et de Nantes entre 1115 et 1356 à partir des cartulaires de Notre-Dame de Montonac et Saint-Sauveur de Redon

    En moins barbare, et en simplifiant beaucoup pour ne pas m'éterniser (si des collègues passent, qu'ils ne m'en tiennent pas rigueur) : bon, déjà, les trois ordres n'existent pas au Moyen Âge. Ce sont de véritables catégories dans le monde moderne, mais ça n'a aucun sens au Moyen Âge. Certains ecclésiastiques les théorisent (Adalbéron de Laon, Heyric d’Auxerre, Rathier de Vérone), mais jamais de la même manière. Il ne s'agit pas de décrire la société telle qu'est est, mais telle qu'elle devrait être - et le "clergé" est toujours beaucoup mis en avant... puisque les 3 que je cite sont respectivement un prêtre, un moine et un évêque. Plutôt biaisé, le point de vue, donc. C'est pour des raisons politiques que les programmes scolaires de l'école primaire de la IIIème République mettent en avant cette vision de la société : on parle d'une période où - notamment début IIIe - les monarchistes sont encore une menace réelle, et l'école a pour but de former les futurs citoyens républicains. Ce que je viens de dire ne fait pas débat dans le milieu de l'histoire médiévale, c'est communément admis depuis les années 80, mais ça surprend toujours les non-médiévistes donc je préfère l'expliquer !

    Du coup, moi, je m'intéresse à une catégorie de transition qui est moins étudiée, même si de plus en plus : les élites rurales. Quand j'ai commencé à m'y intéresser en master, je parlais encore de "seigneurie pauvre", mais j'ai changé de terme parce que c'est beaucoup trop restrictif. Tous les seigneurs (ceux qui se font appeler ainsi, dominus, seigneur en latin) ne vivent pas dans des châteaux. En Bretagne, l'habitat par excellence avant ma période, c'est la motte castrale : tu fais un tas de terre, tu creuses autour, tu mets une tour dans ton tas de terre et tada ! ça fait une motte castrale. Ils peuvent également vivre dans de simples maisons de 20m^2 avec un couloir autour. Il y a des seigneurs qui ont moins de 4 âcres de terres cultivées, et qui cultivent eux-mêmes. Il y a des seigneurs qui n'en ont pas le titre, mais qui correspondent à des élites qui ont un vrai statut particulier : en Bretagne, il s'agit des machtiern. Il y a également des gens qui font techniquement partie des serfs, mais qui en pratique ont un véritable pouvoir politique à l'échelle du village, sont assez riches pour ne jamais cultiver eux-mêmes, etc.

    Ce sont ces gens-là qui m'intéressent. Le truc, c'est que dans les sources (les documents historiques), ils sont plutôt discrets, tous ces gens. Ils n'ont rien fait de spécial. Du coup, pour les retrouver et pour pouvoir les étudier, je m'intéresse à leurs donations qui apparaissent dans les cartulaires (des recueils de chartes). Un cartulaire, c'est un livre dans lequel tu notes tout ce qui t'appartient, ce qui t'es donné, etc. Moi, je travaille sur La Roche-Bernard et notamment sur un prieuré (un petit monastère pouvant accueillir 1 à 4 moines) se trouvant dans une commune proche du nom de Nivillac. Les monastères et les prieurés, c'est un peu les maisons de retraite du Moyen Âge et un moyen facile de racheter son âme quand on a des sous : il suffit de faire des dons ! Et ces dons sont inscrits dans les cartulaires. Or, ceux qui font des dons, ce n'est pas Jehan le Clodo, mais bien ces élites rurales ! Donc moi ce que je fais, c'est que je prends des cartulaires, je liste tous les dons qui sont faits, je regarde qui les fait et quels sont les termes pour désigner ces personnes, et je regarde 1) combien et qu'est-ce qu'ils donnent 2) s'ils font plusieurs dons à plusieurs périodes 3) si leurs descendants font des dons. Ca me permet de me faire une petite idée sur la manière dont vivent ces gens. Ensuite, quand j'ai fini, je prends un autre cartulaire et je recommence, ou alors je prends une étude de cas ailleurs dans l'évêché pour comparer.

    Dernière modification par Naviss (10 Octobre 2018 09:29:59)

  • gggaelle

    Lecteur invétéré

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    #88 10 Octobre 2018 09:43:31

    Naviss a écrit

    Joyce a écrit

    Tu es médiéviste? Tu travailles sur quoi?


    Les élites rurales dans les diocèses de Vannes et de Nantes entre 1115 et 1356 à partir des cartulaires de Notre-Dame de Montonac et Saint-Sauveur de Redon

    En moins barbare, et en simplifiant beaucoup pour ne pas m'éterniser (si des collègues passent, qu'ils ne m'en tiennent pas rigueur) : bon, déjà, les trois ordres n'existent pas au Moyen Âge. Ce sont de véritables catégories dans le monde moderne, mais ça n'a aucun sens au Moyen Âge. Certains ecclésiastiques les théorisent (Adalbéron de Laon, Heyric d’Auxerre, Rathier de Vérone), mais jamais de la même manière. Il ne s'agit pas de décrire la société telle qu'est est, mais telle qu'elle devrait être - et le "clergé" est toujours beaucoup mis en avant... puisque les 3 que je cite sont respectivement un prêtre, un moine et un évêque. Plutôt biaisé, le point de vue, donc. C'est pour des raisons politiques que les programmes scolaires de l'école primaire de la IIIème République mettent en avant cette vision de la société : on parle d'une période où - notamment début IIIe - les monarchistes sont encore une menace réelle, et l'école a pour but de former les futurs citoyens républicains. Ce que je viens de dire ne fait pas débat dans le milieu de l'histoire médiévale, c'est communément admis depuis les années 80, mais ça surprend toujours les non-médiévistes donc je préfère l'expliquer !

    Du coup, moi, je m'intéresse à une catégorie de transition qui est moins étudiée, même si de plus en plus : les élites rurales. Quand j'ai commencé à m'y intéresser en master, je parlais encore de "seigneurie pauvre", mais j'ai changé de terme parce que c'est beaucoup trop restrictif. Tous les seigneurs (ceux qui se font appeler ainsi, dominus, seigneur en latin) ne vivent pas dans des châteaux. En Bretagne, l'habitat par excellence avant ma période, c'est la motte castrale : tu fais un tas de terre, tu creuses autour, tu mets une tour dans ton tas de terre et tada ! ça fait une motte castrale. Ils peuvent également vivre dans de simples maisons de 20m^2 avec un couloir autour. Il y a des seigneurs qui ont moins de 4 âcres de terres cultivées, et qui cultivent eux-mêmes. Il y a des seigneurs qui n'en ont pas le titre, mais qui correspondent à des élites qui ont un vrai statut particulier : en Bretagne, il s'agit des machtiern. Il y a également des gens qui font techniquement partie des serfs, mais qui en pratique ont un véritable pouvoir politique à l'échelle du village, sont assez riches pour ne jamais cultiver eux-mêmes, etc.

    Ce sont ces gens-là qui m'intéressent. Le truc, c'est que dans les sources (les documents historiques), ils sont plutôt discrets, tous ces gens. Ils n'ont rien fait de spécial. Du coup, pour les retrouver et pour pouvoir les étudier, je m'intéresse à leurs donations qui apparaissent dans les cartulaires (des recueils de chartes). Un cartulaire, c'est un livre dans lequel tu notes tout ce qui t'appartient, ce qui t'es donné, etc. Moi, je travaille sur La Roche-Bernard et notamment sur un prieuré (un petit monastère pouvant accueillir 1 à 4 moines) se trouvant dans une commune proche du nom de Nivillac. Les monastères et les prieurés, c'est un peu les maisons de retraite du Moyen Âge et un moyen facile de racheter son âme quand on a des sous : il suffit de faire des dons ! Et ces dons sont inscrits dans les cartulaires. Or, ceux qui font des dons, ce n'est pas Jehan le Clodo, mais bien ces élites rurales ! Donc moi ce que je fais, c'est que je prends des cartulaires, je liste tous les dons qui sont faits, je regarde qui les fait et quels sont les termes pour désigner ces personnes, et je regarde 1) combien et qu'est-ce qu'ils donnent 2) s'ils font plusieurs dons à plusieurs périodes 3) si leurs descendants font des dons. Ca me permet de me faire une petite idée sur la manière dont vivent ces gens. Ensuite, quand j'ai fini, je prends un autre cartulaire et je recommence, ou alors je prends une étude de cas ailleurs dans l'évêché pour comparer.


    Han mais c est génial comme travail !

  • Naviss

    Lecteur assidu

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    #89 10 Octobre 2018 11:31:19

    @gggaelle Haha merci beaucoup !

    @Joyce Ca a l'air tellement intéressant ! Je vais t'écrire en MP pour ne pas polluer davantage ce sujet :D
  • ilonaisreading

    Serial lecteur

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    #90 22 Septembre 2019 20:20:39

    Hey!
    Je reviens sur ce topic qui ne bouge pas beaucoup, c'est dommage!
    Depuis un an, j'ai la chance d'étudier l'ancien français pour ma licence.
    Malheureusement, les cours sont mauvais du point de vue de la langue. Peu de temps pour intégrer énormément de choses...
    L'aspect culturel me tente énormément mais nous n'en parlons pas.
    Moi qui critiquais les déclinaisons latines, l'ancien français c'est pire!!!!
    Surtout pour les verbes à alternance de bases.
    Bref, si jamais d'autres personnes souffrent comme moi en langue médiévale, je vous salue! :bisous:
    D'ailleurs, petite pensée si vous aussi, on vous dit: "Ah donc tu comprends les visiteurs, Jacquouille la fripouille, tout ça" :ohlecon: