#295 15 Novembre 2019 14:04:17
Petite revue de mes dernières lectures.
Je ne l'avais pas évoqué la dernière fois car il me fallait un peu de temps de digestion avant d'en faire un retour, mais j'évoquerais d'abord En rade d'Huysmans. L'auteur ne m'est pas inconnu car j'avais déjà lu le plus connu à rebours. J'en avais gardé un bon avis même s'il n'avait pas rejoint mes romans favoris. En fait, pour apprécier l'œuvre comme elle le mérite, il faut d'abord se détacher de la convention d'une histoire linéaire qui apporterait une quelconque conclusion à une situation initiale. C'est n'est pas là ce que fait Huysmans. Il prend des personnages, qu'il place dans des situations données, et il nous transmet le ressenti de son personnage principal (j'utilise le singulier car dans les deux romans, c'est bien d'un personnage commun dont on parle chez Huysmans, une sorte d'esthète/intellectuel désoeuvré dont la connexion avec le monde réel semble peu forte, en tout cas trop faible pour qu'il y reste trop longtemps). Si Des Esseintes, le héros de à rebours papillonnait d'une occupation à une autre sans se soucier de sa situation financière, il en est autrement de Jacques, le héros d'En rade, qui, se voyant en situation financière précaire, est obligé de replonger dans une réalité qui l'embête bien. Dans la vie des époux, nous sommes témoin d'une parenthèse, où les personnages essaient de prendre du recul par rapport à leur vie d'alors avant d'envisager leur vie d'après. Jacques, privé de sa salle d'étude trouve un autre refuge dans ses rêveries, et découvre la cruauté du réel dont les cousins campagnards, annoncés au départ comme un refuge de la dernière chance, sont un prosaïque reflet.
Concernant L'échelle de Jacob de Ludmila Oulitskaïa, que je l'ai lu suivant l'avis favorable de ma libraire, j'ai d'abord eu une inquiétude. Ce genre de la saga familiale peut vite me tomber des mains. Et puis j'attendais beaucoup du contexte historique (la Russie soviétique des années 20 et des années 70) pour me motiver à continuer. Hors, j'ai vite été détrompé, sur ces deux points. Tout d'abord, l'histoire russe n'est pas le sujet de ce livre, il en est le fond, certes présent, mais finalement si peu essentiel de la vie de nos personnages. Je pense qu'une histoire presque strictement identique pouvait naître d'un contexte différent. Et enfin, j'ai trouvé de l'intérêt dans cette histoire familiale qui révèle de l'intime de son autrice et dont la sincérité m'a convaincu (quand je parle de sincérité, je ne parle évidemment pas d'exactitude, puisque plus que les faits, ce sont les relations entre les êtres qui font le corps du roman). Je dois avouer que j'ai trouvé quelques longueurs et que la restitution de la correspondance des grands-parents m'a semblée artificielle car trop narrativement structuré (je sais que me reproches sont paradoxaux). Je suis resté malgré tout ravi de ma lecture car le côté intimiste du roman ne s'est jamais transformé en exhibitionnisme.
J'ai ensuite enchaîné avec Moonfleet de JM Falkner. Pour ceux qui apprécie le roman d'aventure anglais tel que L'île au trésor de Stevenson, il faut franchir le pas. Cette histoire de contrebandier anglais se révèle moins exotique que ce dernier mais elle y gagne quelques notes gothiques avec ces falaises et cimetière anglais. Rien à dire de plus si ce n'est à vous dévoiler l'intrigue, ce qui semblerait bien dommage.
Et enfin, ma lecture achevé de la veille, La foire aux vanités de William Thackeray. Je commence à avoir l'habitude des pavés anglais du 19ème et je suis toujours enchanté de les retrouver. Ils constituent pour moi une zone de confort, un endroit douillet qui accompagne avec délice mes soirs d'hiver. Comme une Marple confronté aux mille et une petite chose des villages anglais, je me laisse guidé par un Thackeray qui me présente ses mille et une faussetés de sa foire de salons anglais. à travers l'histoire d'Amélia et de Rebecca, Thackeray montre les artifices et superficialités que la société anglaise expose et impose à ses membres. C'est une lecture dont je n'arrive pas encore à me lasser mais elle ne plaira pas à tout le monde car c'est un roman qui ronronne au lieu de rugir. Pour un rugissement, je conseillerais avec plus d'assurance Tess d'Urberville et Jude L'obscur de Thomas Hardy.
J'espère que cette petite revue vous aura plu. Pour ceux qui me lisent, ils ont du se rendre compte de ma forte tendance à user de la métaphore. J'en suis bien conscient mais elle m'a toujours paru la forme la plus efficace pour partager mon sentiment. J'ai déjà une petite idée de mes prochaines lectures et j'ai commencé par un roman qui traîne depuis bien trop longtemps dans ma bibliothèque: La conscience de Zeno d'Italo Svevo
Dernière modification par Cachal_eau (15 Novembre 2019 14:08:11)