Réflexion troublante sur la non-lecture
<image> Bon, honnêtement, la première que j'en ai entendu parlé j'ai cru à un livre humoristique. Et je trouvais cette idée drôle! ^^
Puis c'est quand j'ai commandé Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? de Pierre Bayard et que j'en ai discuté avec ma libraire à la réception de la commande que j'ai compris que ce n'était pas vraiment une blague...
Et alors quand je l'ai commencé...
L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand il faut en parler et des moyens à mettre en ?uvre pour se sortir d'affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus.
C'est donc une lecture loin d'être aussi drôle que ce que je pouvais imaginer... Bien au contraire! Il vaut mieux être bien concentré durant sa lecture! Pour ne pas dire s'accrocher un peu parfois... Notamment en ce qui concerne le côté répétitif de certaines idées brassées et brassées encore.
Il décortique les différentes types de non-lectures qui existent :
- Les livres que l'on ne connait pas : mais dont on peut avoir une "vue d'ensemble"
- Les livres que l'on a parcourus : sans faire dans le détails
- Les livres dont on a entendu parler : dont ce qu'en disent les autres permet d'en parler
- Les livres que l'on a oubliés : dont on a aucun souvenir ce qui revient à ne pas l'avoir lu
Et grâce à l'aide d'exemples tels que Umberto Eco, Montaigne, Paul Valéry ou encore Oscar Wilde, Pierre Bayard nous démontre qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu un livre pour pouvoir en parler. il l'illustre au travers de diverses situations qu'il tire de livres. La plupart des livres cités, évoqués ou pris en exemple dans ce livre-ci sont ironiquement des livres que l'auteur lui-même n'a pas lu... Faisant par là une double démonstration de ce qu'il affirme... Un beau tour de force...
Malgré mon scepticisme de début de lecture en comprenant que c'était bel et bien un essai sur la non-lecture, et qu'il portait visiblement bien son titre, j'ai cru arrêter... mais mine de rien, certains arguments sont intéressants. Il ne m'a pas convaincu, je n'ai pas changé de point de vue, j'ai toujours envie de lire des livres mais j'ai compris son point de vue.
Bref, malgré un style lourd et des idées répétées, ce fut intéressant mais je ne suis pas convaincu.
Etre cultivé, ce n'est pas avoir lu tel ou tel livre, c'est savoir se repérer dans leur ensemble, donc savoir qu'ils forment un ensemble et être en mesure de situer chaque élément par rapport aux autres.
La lecture est d'abord la non-lecture, et, même chez les grands lecteurs qui y consacrent leur existence, le geste de saisie et d'ouverture d'un livre masque toujours le geste inverse qui s'effectue en même temps et échappe de ce fait à l'attention : celui, involontaire, de non-saisie et de fermeture de tous les livres qui auraient pu, dans une organisation du monde différente, être choisis à la place de l'heureux élu.
Il n'y a (donc) aucune raison, à condition d'en trouver le courage, de ne pas dire franchement que l'on n'a pas lu tel ou tel livre, ni de s'abstenir de s'exprimer à son sujet. N'avoir pas lu un livre est le cas de figure le plus commun, et l'accepter sans honte un préalable pour commencer à s'intéresser à ce qui est véritablement en jeu, qui n'est pas un livre mais une situation complexe de discours, dont le livre est moins l'objet que la conséquence.