<image>De ses débuts dans les années 1940, au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale, à sa réactualisation moderne par Brian AZZARELLO et Cliff CHIANG, retrouvez toutes les facettes de la Princesse Amazone, dévoilées par ses plus grands auteurs : George PÉREZ, Gene COLAN, Ross ANDRU, John BYRNE, Mike DEODATO,Yanick PAQUETTE, Phil JIMENEZ et Greg RUCKA.
Etant gosse, j'adorais regarder les épisodes de la Justice League sur France 3 ; j'en répétais les scènes de baston avec mes figurines de Flash, Batman et Spiderman (oui, à 8 ans la distinction Marvel/DC ne se fait pas). Superman m'énervait, Hawkman me paraissait totalement insignifiant, au même titre que le limier Martien. Et dans mes souvenirs, Wonder Woman était une femme ordinaire, juste très agile. Autant dire que ma lecture des Dieux et mortels m'a fait comprendre que j'étais dans le faux. Diana Prince, a.k.a. Wonder Woman, est plus que ça, et cette anthologie le démontre.
Son existence, elle le doit à William Moulton Marston, psy de son état et lecteur de comics qui s'énervait de ne pas voir plus de femmes mises au premier plan. C'est ainsi qu'au tout début des années 1940 il imagine les origines et les péripéties de la reine des Amazones. Dans cette mythologie, les femmes relèvent d'Aphrodite et les hommes d'Arès (erf...). Ce dernier, dieu de la guerre, dupe les fières Amazones par l'entremet d'Hercule, gros-bras-petit-cerveau. Humiliée par cet affront, Hippolyte mène son peuple jusqu'à l'île du Paradis, où les Amazones vont construire l'utopique Themyscira. C'est là que Diana va naître, sculptée dans la glaise par sa mère, et dont les pouvoirs vont être confiés par Hermès, Aphrodite, Athéna et Déméter. Diana va redonner la fierté et la dignité à son peuple et connaître mille et un dangers, en solo ou avec la Ligue de Justice.
Wonder Woman, à défaut d'être la première femme battante de l'histoire des comics, va être la figure féministe de DC. Cette anthologie, qui regroupe les intrigues imaginées par Marston, Pérez, Azzarello ou Colan, va dévoiler au lecteur et à la lectrice néophyte un personnage tout en nuances, qui en apparence peut être très douce et juste et qui, dans certains de ses fantasmes, s'avère être d'une cruauté sans égard.
Si, dans ses premières apparitions, Wonder Woman a davantage l'air d'être un objet de fantasmes, dans la mesure où elle et les autres femmes passent plus de temps attachées (le bondage) qu'à se battre, certains opus relèvent d'un féminisme presque caricatural (vous savez, cette idée selon laquelle le féminisme est une idéologie fasciste qui rêve de rayer de la surface de la Terre toutes les personnes qui portent l'attribut sexuel masculin ? Voilà.). Entre les deux, Diana Prince apparaît comme le penchant féminin de Superman : combattante, juste, sage, un peu naïve, noble, presque trop parfaite. Durant un certain temps ne porte-t-elle pas son costume reconnaissable entre mille, elle est employée dans un fastfood, etc. Fut un temps c'était même Artémis qui tenait le rôle de Wonder Woman ! (et vu le look, je me dis qu'elle a forcément influencé les créateurs des opus Ocarina of Time et Majora's Mask de la cultissime saga vidéoludique The Legend of Zelda...)
L'anthologie répond à toutes les idées reçues et à tous les rapports qu'on peut avoir à ce personnage qui avoisine les 80 ans (si 2019 était l'année de Batman, est-ce que 2021 sera celle de Wonder Woman ? Les paris sont ouverts...). Voir les dieux égyptiens Sekhmet (dieu de la guerre) et Bastet (déesse du foyer) fréquenter la mythologie grecque permet, aussi, de mieux appréhender quelques nouveautés telles que l'opus La Chute de Tir Na Nog et fait prendre conscience de l'immensité de la mythologie de Diana Prince/Wonder Woman.
