[Suivi de Lecture] Mange-Nuages

 
  • Cinika

    Maître de conférence des étagères

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    #141 12 Mai 2020 00:41:26

    Ok je trouve génial le coup du sommaire! Si j'avais pas abandonné mon suivi j'en aurai fait un direct. Du coup je suis allée relire tes avis sur La Passe Miroir et Le prieuré de l'Oranger juste pour le plaisir.

    J'ai un collègue qui est fan de Fabcaro et qui nous en parle en permanence, donc j'ai hâte de lire ton avis!
  • Mange-Nuages

    Guide touristique des librairies

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    #142 13 Mai 2020 20:59:23

    J'ai eu une phase où je saturais des romans sérieux. Du genre de roman où tout le monde est en costume d'époque et passe son temps dans des bals dans le seul but de bitcher sur le reste de la société mondaine du pays concerné avant de rentrer se suicider à l'arsenic. Bref après avoir lu Anna Karénine, La Dame de Pique, Orgueil et Préjugés et La Curée, j'ai eu envie de lire des trucs plus digestes, et surtout plus modernes.

    J'ai donc emprunté une petite liste de bouquins orientés new/young adult, et qui avaient plus ou moins un rapport avec les réseaux sociaux, et je compte bien vous parler de chacun d'entre eux, parce qu'ils se situent sur une échelle allant de "médiocre" à "étrangement intéressant". Et malheureusement, aujourd'hui, je vous parle de #Famous, de Jilly Gagnon.
    On doit savoir à quoi s'en tenir quand on lit un livre dont le titre contient un hashtag, me direz-vous. Bah on apprend de ses erreurs.

    Rachel est lycéenne. Elle traîne sans beaucoup d'enthousiasme dans un centre commercial pendant que sa mère fait des achats quand elle aperçoit Kyle, son crush, en train de bosser dans un fast-food. Elle prend discrètement une photo de celui-ci et la poste sur Flit, le Twitter du pauvre, pour que sa bestie la voie, le tout accompagné d'un hashtag pas piqué des hannetons, "#jeprendraidesfritesavecCA". Elle ne pensait pas qu'une photo publiée depuis son petit compte à 20 abonnés finirait par devenir virale, mais c'est ce qui s'est passé : le pays entier a vu la photo. Kyle devient instantanément célèbre et Rachel... a droit à une toute autre expérience de ce qui se passe quand on est soudainement projeté de l'ombre à la lumière.

    J'ai BEAUCOUP de choses à dire.

    <image>Ce roman est basé sur l'histoire vraie d'Alex, qui bossait à Target et dont la photo a fait le tour des Etats-Unis. Il a même fini dans le célèbre talk-show Ellen, quelle consécration. Jusqu'à ce que le New York Times publie un article dans lequel le pauvre garçon raconte l'enfer qu'est devenu son quotidien à cause de la manière dont les gens se sont acharnés sur lui : menaces de mort, insultes, stalkers, leak de son numéro de téléphone, de son adresse, des informations bancaires de sa famille. #Famous n'est rien d'autre qu'une fanfiction adaptée de cette histoire, à quelques détails près : Kyle travaille chez Quick, Twitter s'appelle Flit et ce n'est pas lui qui se prend toute la haine de parfaits inconnus. Non, à la place on va imaginer que le garçon pris en photo et la fille qui a posté l'image vont dans la même école et finissent par tomber amoureux.

    Je pensais que l'histoire resterait relativement fidèle à la réalité, que Kyle serait victime de la méchanceté crasse dont peut faire preuve l'Internet et que Rachel se sentant coupable chercherait à le soutenir, mais l'autrice a ici décidé de nous la jouer complot genré.
    Ici c'est Rachel qui se bouffe tout ça pendant que Kyle ne reçoit rien d'autre que louanges et compliments, le tout assaisonné de réflexions ça et là comme quoi "internet est plus cruel quand on est une fille", ou Mo la bestie en carton qui dit à Rachel qu'elle pourrait parler de ce qui lui arrive à "Féminisme Magazine". Si Jilly Gagnon a décidé de séparer le flot des réactions en deux storylines bien distinctes, elle DEVAIT forcément en venir quelque part, il DEVAIT y avoir un but pour qu'elle choisisse de déléguer sur un personnage féminin toutes les choses horribles qu'a subi ce pauvre Alex-from-Target. Sauf que non, pas vraiment. C'était juste pour pouvoir balancer deux trois platitudes sur le fait qu'internet est plus cruel quand on a deux chromosomes  X et que c'est triste que les garçons s'en rendent pas compte, et hop maintenant que c'est plié, attardons-nous sur le vrai but du roman, coller ensemble ces deux personnes très mal assorties.

    J'avoue que la démarche m'a dérangée, déjà parce que deux heures sur Twitter devraient suffire à convaincre n'importe qui qu'Internet est  cruel tout court, mais surtout parce que, sous couvert de militantisme féministe, on veut me forcer à compatir au sort d'une personne qui n'a pas jugé utile ne serait-ce qu'une seconde de s'embarrasser du concept de CONSENTEMENT.

    ON NE POSTE PAS DE PHOTO DE QUELQU'UN SANS SA PERMISSION. Je m'en fous complètement qu'elle ait deux followers, que ce soit "juste pour rigoler" ou que ce soit à destination de sa meilleure amie (ce qui est, à mon sens, le pire des trois arguments parce que non, on ne publie pas une photo sur internet quand on veut la montrer à une seule personne :  on a deux choix, attendre le lendemain pour la montrer ou simplement envoyer un foutu MP. C'est VRAIMENT pas compliqué en fait.).
    Je réagis très mal à ce concept de publier une photo de quelqu'un qui n'est même pas au courant parce que je vois ça tous les jours : je suis photographe, j'en connais un foutu rayon sur le droit à l'image, les anecdotes pullulent sur des modèles dont les photos prises à leur insu circulent dans le cercle des fauxtographes pervers, et je ne compte plus les fois où j'ai dû aller demander à un vieux dégueulasse de supprimer la photo qu'il a prise de ma cliente pendant qu'on travaillait en extérieur. Si j'avais été à la place de Kyle, j'aurais traîné Rachel en justice, nom d'une antilope taxidermiste. Je ne dis pas qu'elle mérite tout le torrent de haine qu'elle se prend sur le coin du museau, loin de là, et ça arrive à tout le monde de faire une erreur, mais je reste choquée qu'à aucun moment elle ne soit amenée à présenter des excuses pour son comportement, ce qui me semble être le minimum de base. Le respect du consentement concerne tous les genres, et pas que dans le registre des relations sexuelles, message important à véhiculer auprès d'une jeune audience, autant dire qu'ici on passe cent kilomètres au dessus.

    C'est dommage, parce que le sujet du harcèlement en ligne m'intéressait et il était assez bien traité : l'une des nombreuses choses pour lesquelles je suis contente d'avoir grandi à mon époque et pas une décennie plus tard, c'est que les quelques reliques des moments d’errements esthétique de mon adolescence ont terminé dans un disque dur dont je suis la seule propriétaire. On était très peu à posséder des smartphones, les réseaux sociaux en étaient à leurs balbutiements lorsque j'étais au collège (RT si tu te rappelles de Myspace), les forfaits illimités coûtaient un rein (seule époque de ma vie où j'écrivais en langage SMS pour rentabiliser au max les 10cts que coûtait un texto), bref même si je me faisais harceler au collège, quand je rentrais chez moi je pouvais laisser tout ça derrière moi et me replier dans ma bulle, là où le harcèlement en ligne te suit partout. Tu portes dans ta poche, en permanence, un pur concentré de haine qui ne te laisse jamais en paix. Ici tout le monde utilise les réseaux sociaux et on prend la mesure d'à quel point ceux-ci sont influents dans la société qui est la nôtre, un sujet que je ne trouve finalement pas tant représenté que ça dans la littérature. Si on se retrouve face à une romance niaise typique du roman YA peu inspiré, le roman nous gratifie de plusieurs moments assez sombres pendant lesquels on peut lire quelques unes des horreurs que Rachel lit quotidiennement, en une manière plutôt réaliste et efficace de nous mettre en garde : il ne faut pas oublier que ce qu'on poste sur le net n'est jamais privé.
    Malheureusement, la seconde partie du roman est totalement prévisible à partir du moment où on nous fait comprendre que Rachel est une pauvre victime et qu'il faut obliger Kyle à être gentil avec elle et l'inviter au bal de promo pour que les caméras du talk-show de la Ellen du leader price puissent filmer tout ça et faire des records d'audience. Parce que quelque part c'est un peu sa faute à lui si elle l'a pris en photo comme une stalkeuse pendant qu'il était au boulot, non ? *eyeroll de la mort*

    <image>

    L'écriture est simple, voire simpliste (l'autrice utilise souvent les mêmes formules qui reviennent au bout de deux ou trois phrases, niveau redondance on est bien). Pour autant, ce n'est pas catastrophique, juste plutôt maladroit. Ca fait le boulot et rend le tout lisible en très peu de temps, mais j'ai eu du mal avec les dialogues, que je trouvais pas très naturels et parfois un peu cringe. L'autrice a choisi de faire s'alterner les points de vue de Rachel et Kyle, relativement bien vu quand on cherche à montrer les deux aspects que la célébrité peut offrir (même si ça me semble discutable de les répartir aussi nettement en deux camps). Malheureusement j'ai terminé le roman en ayant l'impression de ne connaître ni l'un ni l'autre des protagonistes, même si j'admets aisément que l'autrice a trouvé une manière de rendre les interventions de chaque personnage facilement identifiables l'une de l'autre.
    Si Rachel s'exprime d'une manière relativement classique et crédible pour une fille de son âge, j'ai eu beaucoup de mal avec la manière dont l'autrice choisit de faire s'exprimer Kyle, pour deux raisons. La première est celle qui m'ennuie le moins : les jurons. Ami.e.s de la bienséance, nulle peur que vos délicates oreilles soient malmenées ici, c'est limite s'il nous sort pas des "nom d'un petit bonhomme", ou des "mince" quand il est vraiment très très colère. Alors autant je suis pas fan des romans qui tablent sur une vulgarité excessive pour faire so edgy, autant faire parler des adolescents sans le moindre petit gros mot, c'est pas très la crédibilité quand même. Mais ce n'est pas le plus gros problème. Sa manière de parler : tellement énervante. Kyle : on s'en lasse très vite. Ce procédé : un peu relou ? Faut s'y faire très vite parce qu'au moins 20% du roman est rédigé de cette manière.

    Sans surprise, l'écriture des personnages est plutôt faiblarde.
    Rachel est une adolescente peu populaire qui s'auto-qualifie de chelou : elle aime l'écriture créative, le bowling et le théâtre, ne passe pas son temps à se coiffer ou se maquiller comme toutes ces filles superficielles, a une personnalité... TELLEMENT WEIRD COMME FILLE HIHI. L'autrice en fait des tonnes pour qu'on comprenne que Rachel n'est pas l'adolescente typique mais elle ne fait que qualifier de "bizarre" ce qui est de plus en plus une norme admise : aucune fille n'est considérée comme chelou parce qu'elle ne s'habille pas comme dans un magazine féminin. Ce roman a été écrit en 2017, faut arrêter avec les clichés des années 90.
    Rachel n'a pas confiance en elle. Combien de fois on a vu cet archétype de fille qui n'est pas sûre de sa valeur jusqu'à ce qu'un mec (toujours beau et populaire/mystérieux) vienne lui dire qu'elle est belle? Pas assez aux yeux de Jilly Gagnon, car c'est l'arc narratif qui attend Rachel. Bien qu'elle se soit révélée drôle au début du roman, elle n'a pas mis longtemps à basculer tête la première dans une piscine d'insécurité à un point où ça en devient énervant : j'avais envie de la secouer et de jeter son téléphone contre un mur pour qu'elle arrête de s'abreuver de négativité. Moi aussi, je suis insecure, qui ne l'est pas ? Surtout pendant l'adolescence ? Mais là c'est excessif. On a compris, Rachel, tu ne t'aimes pas, comment Kyle pourrait-il vouloir de toi, t'es tellement une meuf étrange et pas comme les autres, t'es tellement pas superficielle que tu as aucune chance de ton côté. Tu peux arrêter. Te déprécier en permanence ne m'aidera pas à t'apprécier davantage.

    Kyle, lui, est le nice guy typique : joueur de lacrosse aux yeux verts, il est mignon et populaire, sort toutes les punchlines les plus cheesy (le cringe est tellement présent), il est drôle (c'est les autres qui le disent, pas moi), et pas spécialement bien doté au département matière grise. Je vois que ça pour justifier qu'il invite une fille dont le pays entier sait qu'il lui plait au bal de fin d'année avant de lui expliquer en détails que c'est les producteurs qui ont demandé. Pour ensuite faire le tout étonné quand il comprend qu'il a fait de la peine à Rachel. Oh god ce mec est aussi dense qu'un kouign amann. On en apprend assez peu sur lui à l'exception du fait qu'il soit chiant comme la pluie et qu'il bosse chez Burger Barn. Quelque chose le caractérise quand même un minimum : il vit dans l'ombre de son frère aîné, dont il semble obligé de suivre les traces s'il veut que ses parents soient, sinon fiers de lui, du moins vaguement conscients de son existence. C'est dommage parce que c'est une thématique que j'aurais aimé voir exploitée dans le roman, cette incapacité à satisfaire les exigences parentales, cette frustration à l'idée de ne pas être assez bien, de ne pas être accepté pour ce que l'on est, écrasé par les espoirs d'autrui. Mais ces quelques moments de conflit intérieur semblent toujours être mis sur la table pour justifier que Kyle fasse quelque chose de stupide.
    J'ai apprécié que Kyle reste fidèle à lui-même une fois devenu célèbre : bien qu'un peu déconnecté de ce qui ne le concerne pas directement (en même temps il doit avoir genre 16 ans, peut-on reprocher à un adolescent d'être égocentré ? Probablement pas), son attitude et sa personnalité ne sont pas affectées par cette soudaine attention, ce qui en dit long sur lui. Mais cet immobilisme est à double-tranchant : comparé à l'évolution du personnage de Rachel, Kyle semble monolythique. Il reste le même, n'aura rien appris, pas tiré de leçon, rien, à l'exception peut-être de l'évolution de sa relation avec son ex, Emma.

    Car c'est la seconde chose qui caractérise Kyle : il est adepte de cette pratique qui vise à se mettre en couple et se séparer de la même personne huit fois par mois, avant de vous jurer que cette fois c'est la dernière. Emma incarne ici la petite-amie cinglée et possessive qui agit de manière irrationnelle. On a déjà établi que j'ai du mal avec ce genre de procédé, sauf que moi, je la comprends cette pauvre fille : si mon mec vient me dire que pour le bal de fin d'année, il va inviter la meuf qui est à fond sur lui parce que les producteurs le lui ont demandé (pas ordonné, hein, personne ne l'a menacé de saboter les freins de sa bagnole), moi aussi je vais m'énerver. C'est pas être irrationnel, ça. Mais pas pour Kyle, qui en a vraiment marre de sa copine qui exagère tout.
    D'ailleurs la relation amoureuse de Kyle et Rachel est, de toutes celles dont j'ai parlé ici, celle qui m'a semblé la plus artificielle, la plus forcée. Je sais qu'ils ont été poussés à ce résultat par pratiquement tout le monde (y compris les chaînes de télé, évidemment), mais j'aurais justement aimé qu'ils deviennent amis. Qu'ils construisent une relation que ne ressemble pas à celle à laquelle tout le monde voulait les destiner, et qui pour le coup aurait été une véritable surprise.

    <image>
    Mais dans ce roman, plus encore que le harcèlement dont Rachel est victime, l'exploitation de l'image de Kyle ou le cliché relou de la fille-pas-comme-les-autres, ce qui me fout le plus en boule, c'est Mo, la personnification de l'amitié toxique qui n'est pourtant jamais identifiée comme telle
    Alors que son amie reçoit des menaces de mort et des insultes de milliers d'internautes, Mo lui force la main pour qu'elle conserve son compte Flit, et trouve qu'elle surréagit quand Rachel lui confie avoir du mal à le supporter, parce que ça pourrait vraiment l'aider sur le long terme avec son envie d'être intégrée dans un programme prestigieux d'écriture créative (j'imagine sans peine les responsables des admissions tomber sur le profil de Rachel et être très impressionnés par tous ces trolls qui passent leur temps à la harceler, ça fait bien dans le dossier). L'autre (excellente) raison invoquée par Mo : si Rachel supprime son profil, c'est comme si elle n'existait pas. Carrément.
    Mo sait que Rachel a un gros problème de confiance en elle, que son amie reçoit des menaces de mort depuis l'histoire de la photo, que celle-ci est embarrassée vis-à-vis de Kyle et qu'elle ne sait pas trop comment se comporter vis-à-vis de lui. Alors quand on a les intérêts de sa meilleure amie à cœur, on contacte sa mère pour créer une alliance de l'enfer, puis on appelle le talk-show qui a reçu Kyle pour mettre en scène la fameuse histoire de l'invitation au bal de promo, le tout sans en avertir l'intéressée ni lui demander son avis. Ahlala, quelle amie admirable.
    Si encore ce comportement dégueulasse servait à quelque chose, comme à transcrire une relation complexe dans laquelle chaque partie finit par admettre ses erreurs et repart sur des bases saines vers une amitié plus solide, passe encore. Mais Mo ne réalise jamais à quel point elle a été une amie pourrie, ne s'en veut jamais et si elle s'excuse, c'est du bout des lèvres et en pondérant chaque phrase par des justifications sur le bienfondé de ses intentions. Sauf que non, désolée. Quand ton amie reçoit des menaces de mort, tu privilégies sa santé mentale au détriment d'un potentiel levier vers un atelier d'écriture créative. Tu ne fais pas de trucs chelous comme obliger son crush à l'inviter au bal de fin d'année pour que ce soit diffusé dans le plus grand talk-show du pays alors que ton amie préférerait être enterrée vivante que d'attirer l'attention. Et que tu aies choisi de prendre toutes ces décisions immondes au motif que tu as ses intérêts à cœur ne change rien au fait que tu as été une amie merdique, Mo. Avec des amis comme toi, qui a besoin d'ennemis ?

    #Famous n'est pas un mauvais livre. Mais il n'est pas bon non plus. Entre des choix que je trouve un peu discutables de la part d'une autrice dont la plume n'est pas spécialement marquante et des personnages qui ne font qu'empiler les clichés, les thèmes du harcèlement en ligne et des réseaux sociaux m'ont intéressée et aidée à traverser les 376 pages du roman qui, du reste, se lit très vite. Je recommande ça à personne, mais si vous cherchez une romance adolescente un peu prévisible et facile à écouler, ce titre est pas pire qu'un autre.

    Dernière modification par Mange-Nuages (14 Mai 2020 01:57:58)

  • Miyuki_

    Gastronome littéraire

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    #143 14 Mai 2020 08:38:56

    Salut Mange-Nuages

    Je suis pour ma part hyper septique et j'avoue que quand je vois ce genre de couverture avec ce genre de titre, je fuis. D'ailleurs, je crois n'avoir pas vu ce type de livres à la bibliothèque, ou alors j'en ai ignoré l'existence.

    J'ai comme l'impression que #Famous a tout ce qu'il faut pour réussir mais, se plante en beauté et ne parvient pas à faire passer un autre message aux adolescents que ce dans quoi, on baigne constamment … Je suis totalement d'accord, le consentement c'est pas que d'ordre sexuel ! Même pour le plus petit des trucs genre sortir et manger un Mc Do, t'as pas envie, t'as pas envie et qu'on te lâche la grappe avec ça. C'est quand même pas compliqué de considérer que tes envies ont de la valeur, que tu ne dois pas les effacer juste pour faire plaisir à x, y et z …

    Je trouve que parler d'harcèlement numérique, c'est cool. Vraiment, surtout pour les adolescents d'aujourd'hui parce qu'ils se sentiraient compris dans le fléau qu'ils peuvent vivre. Personnellement, j'ai été harcelé au collège mais, ça s'arrêtait une fois que je rentrais chez moi. A l'époque, internet y était même un refuge parce que tu savais davantage être anonyme (je pense particulièrement au Skyblog même si, aujourd'hui, je me dis ouhlà, j'ai vraiment eu un skybog où j'écrivais en mode SMS, adieu langue française ? Mais, je ne regrette pas parce que là, j'y ai trouvé un refuge et je m'étais débrouillée pour être totalement anonyme et que personne de mon école n'ait connaissance de cet endroit) Ici, c'est beaucoup plus compliqué. D'accord, on a les réseaux qu'on se crée. Mais parfois, non. Tu aurais beau signaler nombre de fois le compte instagram, facebook, je ne sais quoi de la personne, elle peut facilement en recréer un autre. Et recommencer. C'est un peu le serpent qui se mord la queue et j'espère que enfin les choses changeront à ce niveau. Et je crois vraiment que les livres peuvent être un outil pour dénoncer ce genre de chose. Encore, faut-il que les auteur(ices) le fassent.

    Ah mais le coup de la protagoniste qui se trouve trop bizarre et qu'elle insiste tellement sur le fait qu'elle n'est pas comme TOUS les autres jeunes, qu'elle lit le journal, ne sort pas en boîte et est tous les week-end embarquée pour coma éthylique, je n'en peux plus ! Ajouter le coup du : je suis banale, pas vraiment jolie et je ne comprends pas pourquoi tous les mecs me regardent, scrogneugneu je n'ai pas conscience que je suis belle. Et qu'après l'autrice te sort une description de la fille qui est genre trop parfaite J'y pensais justement il y a pas longtemps mais, j'aimerai vraiment une plus grande diversité morphologique dans les romans YA et que ce soit bien fait également. Parce que dans certains romans, on nous propose un personnage comme ça et comme ça, mais l'auteur(ice) ne la définit que par ce trait. C'est genre l'unique chose qui la caractérise et ça me fait un poil grincer des dents.

    Je crois qu'avec tout ça, je ne le lirai pas ce livre. Mais j'ai trouvé ta critique hyper constructive =D

    Dernière modification par Noemie.lsth (14 Mai 2020 09:11:45)

  • Patate_suisse

    Chercheur de mots

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    #144 14 Mai 2020 08:44:57

    Coucou !

    Hé bien merci pour ton avis ! J'avoue qu'il m'aide à ne pas lire ce roman, chose que j'hésitais à faire après l'avoir commandé pour le boulot. Je comprends tout à fait ton point de vue et je trouve l'histoire mal fichue, ça donne vraiment l'impression que le harcèlement en ligne n'est juste qu'un prétexte pour une xième histoire d'amour malsaine typique. C'est du moins le sentiment que j'en ai après avoir lu ta critique.
  • Truculent_ichneumon

    Dévaliseur de rayonnages

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    #145 14 Mai 2020 10:41:06

    Salut !
    Eh bien, déjà que je ne suis pas fan de romance, là tu m'as convaincue de me tenir vraiment à l'écart de ce livre. La thématique du harcèlement aurait pu être intéressante, mais l'auteure est un peu à côté de la plaque. Et puis je ne saurais supporter ces personnages, ils sont tellement peu crédibles... En fait rien que de lire ta chronique j'ai l'impression d'avoir lu le livre. =D
    Et un roman YA de plus pour notre bûcher, un ! :lol:
  • LittleGuizmo

    Magicien des lignes

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    #146 14 Mai 2020 11:01:15

    Salut !

    Je n'ai pas lu #Famous, je n'avais pas l'intention de le faire. Pour avoir travailler deux ans dans un rayon jeunesse de librairie je crois malheureusement que le titre et la couverture fait plus vendre que son contenu. On prend les ado pour des idiots en leurs proposant des choses médiocres (tu as totalement raison, il ne doit pas être pire qu'un autre, les autres sont souvent sur la même branche), avec des clichés et aucune subtilité.
    Comme le dit Noémie.lsth tout aurait pu être bien mené mais (et comme beaucoup trop de roman pour ado qui sortent maintenant) tout est "trop". Il y a encore quelques éditeurs qui en valent la peine, mais un livre publié par hachette (par exemple) me laisse sceptique avec ce genre de titre et de genre de couverture. Car nous pouvons le dire, Hachette n'est pas la pour faire des livres de qualités mais pour faire du blé, rien de plus. Je pense qu'il s'agit de la même chose pour Hugo Roman.

    En tout cas merci pour cette avis ! Comme le dis si bien Truculent_ichneumon : un livre de plus au bûché !
  • Cendre

    Gollum littéraire

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    #147 14 Mai 2020 13:03:36

    Hahah ta description des livres sérieux sur la société mondaine d'une époque m'a bien fait rire. C'est tellement vrai.

    ils se situent sur une échelle allant de "médiocre" à "étrangement intéressant". Et malheureusement, aujourd'hui, je vous parle de #Famous, de Jilly Gagnon.


    Rein qu'en lisant cette phrase, on se doute que le curseur a plutôt été vers le médiocre =)

    Et oui moi aussi je suis une "vieille" car je me souviens de Myspace même si je ne l'ai jamais utilisé personnellement.

    Combien de fois on a vu cet archétype de fille qui n'est pas sûre de sa valeur jusqu'à ce qu'un mec (toujours beau et populaire/mystérieux) vienne lui dire qu'elle est belle?


    J'avoue que c'est une des raisons qui m'éloigne de plus en plus des livres YA et/ou romance. Et clairement le résumé ainsi que la couv' annonçaient déjà la couleur. J'ai un peu passé le cap (ouais moi aussi ado j'étais une fille pas populaire, avec des goûts chelous. J'en ai pas fait un bouquin Lol).

    En tout cas je trouve l'idée de ta liste sur le roman avec les réseau sociaux intéressante. As tu inclus Interfeel ? Je ne l'ai pas lu mais je l'ai vu passé plusieurs fois récemment. De plus si ce sujet t'intéresse, je te conseille très très fort la série BlackMirror. Tous les épisodes ne se valent pas mais certains sont géniaux !

    Dernière modification par Cendre (14 Mai 2020 13:05:56)

  • Aealo

    Lecteur fou

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    #148 14 Mai 2020 13:30:19

    On doit savoir à quoi s'en tenir quand on lit un livre dont le titre contient un hashtag, me direz-vous.


    En effet, je crois que tout était dit là. Mais comme tu l'as dit juste après : "Bah on apprend de ses erreurs." :D

    A la base, ce n'est déjà pas mon genre de lecture mais je comprends l'attrait qu'on peut avoir pour ce genre de sujet et la façon dont celui-ci est traité.
    Et ça se sent que ce sujet te tient à cœur, le bouillonnement de ta plume l'exprime pleinement : tu te sens concernée par ce sujet.
    Du coup, à nouveau, la lecture de ton avis est fluide et la suite des idées est logique.

    Je me rends compte aussi dans mon boulot que les gens soit très peu soit très mal renseigner sur les réseaux sociaux, leurs risques et l'image... Bien traité, ce serait intéressant de voir ce sujet plus répandu dans la littérature.

  • Lepandarouxquilit

    Bibliothécaire en herbe

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    #149 14 Mai 2020 13:53:24

    Je suis, à chaque fois, bluffée et impressionnée par ta capacité à développer tes arguments et à présenter un livre, sur la longueur, sans que le ressenti du lecture le soit. Tu le dégommes avec tellement de classe et panache :lol: !

    Tu m'as bien convaincue de ne pas lire ce titre, mais comme de nombreuses autres réactions, je regrette un peu que ce sujet assez fondamental et important pour les jeunes de nos jours soit si mal traité, surtout dans les ouvrages qui font le plus parler d'eux.
    Par exemple, je n'ai pas lu/vu 13 reasons why, il me semble que cela parle de ça, et j'avais souvenir avoir lu (mais ne me demande pas de précision, cela fait partie de ces trucs chelous que mon cerveau décide d'enregistrer alors qu'il n'a pas "d'intérêt" pour le sujet) que même là dedans le traitement était problématique, et pourtant son retentissement a été des plus importants il me semble. As-tu regardé la série ou lu les livres ?

    Niveaux ressources sur la question, je ne sais pas ce que contenait ta liste d'ouvrages empruntés, et je me doute que tu as pu l'étoffer dernièrement suite à ta demande sur le Discord des répertoires :lol: donc je serai curieuse de savoir quelles seront tes prochaines lectures ou tes prochains emprunts/achats.

    Aealo a écrit

    On doit savoir à quoi s'en tenir quand on lit un livre dont le titre contient un hashtag, me direz-vous.


    En effet, je crois que tout était dit là. Mais comme tu l'as dit juste après : "Bah on apprend de ses erreurs." :D


    Et que dire des livres qui n'ont même pas de titre digne de ce nom et qui n'ont qu'un smiley pour attirer le chaland ? :grat: :ohlecon:

  • Mange-Nuages

    Guide touristique des librairies

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    #150 16 Mai 2020 19:17:53

    @Noemie.lsth : Coucou ! :3
    Franchement ouais, la couverture est un gros indice du niveau de ce que j'ai lu mais y'a tellement de romans qui sont sympa et qui se retrouvent avec une couverture laide, si seulement les éditeurs pouvaient être cohérents...
    C'est exactement ce qui m'a déplu, l'idée était bonne mais l'exécution tellement mauvaise. Imagine que tu passes une sale journée au taf, tu rentres chez toi pour te rendre compte qu'un client t'a pris en photo et balancée sur le net... Je sais qu'aux Etats-Unis le droit à l'image est différent du nôtre, mais quand même -_-
    Je vois qu'on a eu la même adolescence... :derder:
    Effectivement à l'époque on utilisait internet pour être anonyme là où maintenant on cherche à être reconnu, les réseaux sociaux n'avaient pas cet impact sur nos vies. Maintenant on doit gérer notre identité réelle et en ligne, on lie tous nos comptes les uns aux autres, parce que c'est bien pratique. Jusqu'au jour où on s'attire la colère de la mauvaise personne, qui dispose de tout ce qui lui faut pour te pourrir la vie puisque tes informations sont partout sur le net. Il y a un projet de loi porté par la députée LREM Laetitia Avia qui a été adopté y'a deux jours contre la haine en ligne et ça a fait polémique (en grande partie à cause de l'identité de la députée, qui est dénoncée par ses anciens collaborateurs comme à l'origine de harcèlement, heureusement que l'ironie n'a jamais tué personne...), parce que ça risque à terme de donner aux géants du net le pouvoir de déterminer ce qui est ou non acceptable à leurs yeux (et ça parle même de police, t'imagines un peu la police interdire les vidéos qui les montrent en train de tabasser des gens ou d'arroser des manifestants à la lacrymo ?...) c'est donc dangereux pour le concept même de liberté d'expression, tout ça parce qu'on a eu l'idée illusoire d'empêcher des gros trolls nauséabonds de s'acharner sur des personnes lambda. En bref je pense que faire changer les choses ne peut pas passer par des textes de loi... Ce serait chouette que la lecture puisse servir ne serait-ce qu'un peu à sensibiliser les gens (on peut toujours rêver, I know).
    Mais oui oskour faut arrêter de nous vendre comme un special snowflake une fille qui est juste NORMALE. C'est pas une insulte ! Point bonus pour le "tout le monde me dit que je suis belle mais je sais que c'est faux". Meurs s'il te plaît.
    En parlant de diversité, je l'ai pas ajouté mais Rachel est sensée être une thick girl ! Enfin, ça j'en sais rien parce qu'il suffit qu'elle fasse une taille 40 pour être considérée comme plus size, et on le sait surtout parce que les commentaires arrêtent pas de la tâcler sur son poids mais quand je vois qu'il y a des gens qui insultent Bar Refaeli de grosse, bon. Je prends pas ça comme un référent sûr. Mais moi ce que j'attends c'est des romans dans lesquels le personnage +size n'en a rien à foutre de son poids au lieu d'en faire le pinacle de tout ce qui va pas dans sa vie (genre Eleanor, cœur sur toi Eleanor, plus j'avance dans le YA plus je me rends compte qu'Eleanor & Park est un bijou).

    @Cendre : Je te réponds présentement engoncée dans ma robe à panier en agitant mon éventail en plumes d'autruche.
    Franchement #Famous était le pire des romans que j'ai empruntés, le reste ne pourra qu'avoir l'air qualitatif en comparaison ! Jamais rien compris à Myspace, j'en avais un parce que tout le monde en avait un, j'étais un mouton quand j'avais 12 ans. Puis nous c'était surtout Skyblog, non ? :D
    Si je connais Black Mirror depuis un moment (j'aime beaucoup le travail de Charlie Brooker, je l'avais découvert avec la mini-série Dead Set, mettant en parallèle la télé-réalité et les zombies), je n'ai pas inclus Interfeel à ma liste (parce que c'était pas dans les rayons de ma médiathèque, je regarderai dans le catalogue général quand si le drive est mis en place), du coup c'est en attente !

    @Queen_Ayrenn :C'est exactement ça, le harcèlement et tout le côté oppressant de la situation se retrouve très rapidement éclipsé par les moult rapprochements entre les deux personnages principaux, ça n'a rien d'original ni de touchant... Sauve ton temps, ce roman n'en prend pas beaucoup mais il n'en vaut quand même pas la peine.

    @Truculent Trucmuche : Bien le bonjour ! Assieds-toi près du feu, je t'en prie, et regardons cette couverture dégueulasse cramer pendant qu'on enfile des marshmallows sur une pique.
    Parfois la romance n'empêche pas l'action, ici c'est l'inverse. Et si tu cherches des personnages intéressants c'est pas ici que ça s'trouve. Je suis RAVIE (genre littéralement, je suis abducted by aliens) de t'avoir rushé le livre pour éviter que tu te farcisses une telle purge.

    @LittleGuizmo : Je partage ton opinion, on prend un peu les ados pour des cons (ou les parents, aussi, au vu de la couv' j'ai eu l'impression qu'on avait tout fait pour donner à un boomer l'impression qu'il allait offrir un roman qui ferait mouche à sa petite-fille parce que ça parle de "trucs de d'jeuns"). Je connais pas du tout les maisons d'édition YA, mais en ce qui concerne Hugo Roman, je pars avec un trèèèès mauvais a priori x)
    Tu peux nous rejoindre au coin du feu, on a des marshmallows.

    @Aealo : J'aimerais te dire que j'ai appris de mes erreurs, mais on m'a suggéré un autre roman avec un # en titre, est-ce que je vais le lire ? Mais bien sûr que oui. Je mérite ce qui m'arrive.
    Je me sens concernée par le sujet, clairement ! J'ai pas de gosses mais quand je vois comme les réseaux sociaux peuvent foutre en l'air la vie des gens (les vidéos du Roi des Rats m'ont flingué le moral pour huit générations), je trouve important voire essentiel de trouver des livres qui sensibilisent les jeunes utilisateurs sur le sujet.
    Tout comme toi, via le boulot je vois l'importance que prennent les réseaux (plus besoin d'un site internet maintenant, mes clients me demandent mon insta : mon boulot c'est l'image et plutôt que de voir les photos en HD sur un espace dédié, ils veulent voir des versions recadrées et compressées uniquement pour suivre leur compteur de likes. Si c'est pas déprimant, je me demande ce qui l'est).