Hey,
Avant tout, merci à tous pour votre soutien. C’est très gentil de votre part !
Red : Je comprends totalement ton ressenti parce que pour être franche, La horde du contrevent, c’est soit ça passe ou alors ça casse. C’est un livre que je pourrai difficilement recommander tant il est sur le fil et que la démarche de l’auteur est si aboutie qu’elle ne peut laisser indifférente.
Guizmo : Je te conseille vraiment ce Podcast. Les podcast ont un peu remplacé la musique en ce moment. Parce que je ne peux pas écouter quoique ce soit sans avoir une avalanche d’émotions, alors je préfère éviter. Et Les couilles sur la table est vraiment très instructif, les sujets sont variés, c’est bien sourcé. Bref, c’est un plaisir d’écouter ce Podcast, ça me permet de m’instruire et de ne pas tomber dans des pièges quand j’essaie de répandre la bonne parole !
Double Poulpe sorcier : Selon l’internet, l’anxiété est l’anticipation d’une menace future et donc est accompagnée d’un sentiment de malaise. L’angoisse c’est la même chose sauf qu’il y a une réponse physique qui l’accompagne.
C’est vrai que c’est hyper compliqué de s’en sortir et d’en parler. Quand j’en parle, j’ai toujours la sensation qu’on délégitime ce que je peux ressentir, que j’en fais des caisses. Ou alors on me sort des vérités toutes faites du style mais faut lâcher prise (comme si je ne le savais pas, c’est la révélation du siècle).
Pourtant, mon hypersensibilité est là et je ne peux rien y faire. Je ne peux pas la faire disparaître et si on ne veut pas comprendre que des personnes puissent ressentir des émotions de manière très forte, je n’y peux rien. Par contre, ce qui m’énerve, c’est ce cliché de la personne hypersensible qui pleure pour tout et n’importe quoi, c’est vraiment réducteur et si je ne peux pas faire comprendre aux personnes ce que je ressens, je peux les inviter à se renseigner sur le sujet …
C’est vrai que la lecture ça m’aide beaucoup ! Pouvoir m’évader et prendre possession d’un autre corps que le mien est par moment une délivrance.
J’espère que le Podcast te plaira. J’ai écouté également les épisodes sur le syndrome de l’imposteur dans lequel je me suis beaucoup reconnue ainsi que la colère. Je les trouve très juste et ça me permet d’y voir beaucoup plus clair.
Cendre : C’est une découverte pour La croisée des mondes ! J’avais commencé la saga en fin 2019, la faute à la nouvelle série HBO His dark materials. Je voulais avoir les bases pour commencer la saga, connaitre le matériau de base (parce que je n’avais vu que le film quand j’étais enfant) et au final j’ai beaucoup aimé ! Donc, j’ai très envie d’avoir la conclusion de cette trilogie pour pouvoir passer à la trilogie de La poussière où on apprend encore plus de choses sur l’univers qu’a créé Pullman.
Aealo : C’est clair que ça faisait un petit temps qu’une lecture ne m’avait pas laissé comme ça. La dernière fois, c’était pour ma relecture de La langue des bêtes mais, je savais parfaitement que j’allais être comme ça (parce que c’est Stéphane Servant !).
Il me semble que le suspense a assez duré. Avant toute chose, je tiens à préciser que je participe au Book Club de juin, donc si des personnes y participent et veulent attendre mon avis là-bas, je vous invite à ne pas lire ceci (enfin, si vous le voulez, ce sera à vos risques et périls) bien que lors du Book Club, je reformulerai mes pensées et parlerai plus en détails de certains passages dans l’intrigue. Bref, si vous voulez lire mon petit pavé consacré à ce livre, c’est plus bas !
<image>La horde du contrevent, Alain Damasio, Ed. Folio
« Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour chercher l’origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou. »
« Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents »
Voilà une des premières phrases du roman. Et parfois, il suffit d’une seule phrase pour nous faire comprendre que l’expérience de lecture sera grandiose. Une seule phrase pour me faire comprendre que La horde du contrevent sera un coup de cœur. Cette expérience, ce coup de foudre dès la première phrase, je l’ai déjà vécu. Quand mes yeux se sont posés sur cette phrase du dernier roman de Stéphane Servant, Félines : « Lire, c’est se préparer à livrer bataille », par exemple.
Cette première phrase n’a cessé de me hanter dès le début du roman et il a été comme un mantra, une phrase que j'ai répété à maintes reprises.
Parce que s’il y a bien quelque chose qui m’obsède dans l'écriture et qui se retrouve souvent dans ma prose, outre la mer, c’est le vent. Cette possibilité de tout effacer, de ressasser avec cette douceur ou cette violence … La horde du contrevent, c’est ça. Cette image du vent qui resasse, violent. Ces furvents qui balaient la terre, ressassent les pensées de chaque hordier. Ce vent synonyme de bataille, de peur … Ce vent qui permet de voir les choses les plus élémentaires de la vie en face, droit dans les yeux sans pouvoir se détourner, faire demi-tour et partir.
C’est peut-être pour ça que La horde du contrevent m’a tant parlé. Parce qu’à sa manière, il a fait écho, il a ressassé et fait tourbillonner mes angoisses. D’une page, comme d’un coup de vent, il m’a amené mille et une émotions à la fois. Des peurs, des joies, des pleurs … De manière si intense qu’il me fallait parfois m’éloigner du récit, refermer le livre pendant quelques heures, le reprendre le lendemain, pour digérer et me protéger.
Ca faisait longtemps que je n’avais plus eu aussi mal au ventre à cause de l’angoisse que La horde du contrevent procure. Ce contact si proche avec la mort qu’on les hordiers mais, aussi la vie. J’ai pleuré à plusieurs reprises, j’ai été choquée et surtout très ébranlée.
J’ai beau ne rien partager avec les différents personnages dans le vécu des personnages. Je n’irai pas braver le monde à pied sous des vents si violents pour une quête si mystique et chimérique. Je n’ai pas envie de fouler cette terre, être complice, plus que témoin, de la folie des hommes. Pourtant, je me suis sentie proche de chacun, en tout cas des principaux.
Je me suis énormément attachée aux personnages de Sov, Caracole et Oroshi, dont je trouve leur psychologie très affutée et bien loin d’une dichotomie manichéenne de bas étage.
Même des personnages que je déteste tel que Golgoth ne me laissent pas un arrière-goût d’amertume quand j’y repense. Golgoth est tout ce que je déteste : sexiste, vaniteux, orgueilleux, méprisant, égoïste. Il l’oublie parfois qu’il a vingt-deux autres personnes avec lui, vingt-deux personnes pour mener à bien cette expédition. Il ne peut pas y arriver tout seul ! Et pourtant, il le pense qu’avec sa hargne, il peut y arriver … De plus, je n’excuserai jamais le comportement qu’il a envers les femmes de la horde. Pourtant, il m'a fait pitié.
Dans un autre style, le personnage de Pietro m’a beaucoup touchée dans sa quête d’identité. Il y a pleins de pensées de sa part qui démontrent ceci.
Néanmoins, les personnages qui m’ont le plus marqué et que j’ai préféré suivre, ceux qui m’ont le plus coupé le souffle, la boule dans la gorge, le plomb dans l’estomac, ce sont les personnages de Caracole et de Sov. Il est rare d’avoir des personnages si complets et complexes. Si bien décrit avec une telle maîtrise et une telle profondeur. Je manque encore de mots par rapport à Caracole, cet esprit libre, cet électron qui donne et donne. Dès le début, ce personnage m’a marqué tant il semble détaché et peu en raccord par rapport à l’esprit de la horde. Cette combativité à toute épreuve, cette hargne, cette force brute. Bref, Caracole est comme le vent, il est l’incarnation du vent même, ce liant dans cette horde. Un personnage absolument dingue et imprévisible qui me marquera à jamais.
Quant à Sov, il m’a énormément touché. Il est le ciment de la horde, celui qui lie la horde ensemble. Ce besoin d’être en contact permanent avec les autres, de les redécouvrir après plus de trente ans de vie commune. Cette peur de la solitude … J’ai beau être quelqu’un de solitaire mais, cette peur enfouie profondément en lui a beaucoup resonnée dans mon propre être.
J’ai aimé cette énergie qui se dégage entre eux. J’en redemande encore cette alchimie, ce lien si particulier qui les maintient. Eux qui sont pourtant si différents. Parce que la Horde ce n’est pas Golgoth. Ce n’est à mon sens pas Pietro. C’est Sov et Caracole. Ce sont eux qui tiennent l’essence de ce groupe et qui le maintiennent ensemble. Les vingt autres personnes sont des électrons rattachés à eux. Je vais me limiter à ces quelques personnages, parce qu'il y a matière à redire quand il y a vingt-trois personnages qui vivent concomitamment, et je parlerai des autres lors du Book Club.
La horde du contrevent est une véritable expérience. Un roman insaisissable, fuyant comme le vent. Une quête interne entre aventure et philosophie. Bref, un roman unique et presque un ovni. Une quête qui m’a mis à terre, le pied encore écrasé dans la colonne vertébrale, qui broie l’estomac. C’est peut être cliché mais, un livre peut changer des vies. Et je sais que ce livre va me hanter longtemps, comme un spectre.
La horde du contrevent rejoint ces livres fondateurs, qui ont apporté quelque chose dans ma vie même si pour le moment, je ne sais pas dire quoi.
Alors, je vais laisser le vent souffler et le temps pour que cette vérachrone prenne sa forme véritable …