[Suivi lecture] Miyuki_

Aealo : J'espère que ça te plaira ! :D

Wonderpouple double : Héhé, je sens que tu vas être ravie ! =D Du coup, je vais essayer de ne pas traîner à sortir Americanah vu que Luhnatic et toi avez adoré ! Mais il y a tellement de choses à lire aussi :aaah:

Luhnatic : Je te rejoins en tout point avec Sirius ! J'avais pas eu de coup de coeur à l'époque parce que Kid m'énervait XD Mais je trouve que j'ai été hyper sévère parce que j'arrive pas à retenir cet énervement envers Kid et j'ai qu'une seule envie le relire ! :D

Du coup, parce que Wonderbooks c'est mon double et que nous sommes qu'une seule et même personne, c'est elle qui a deviné le livre mystère !

<image>Nous sommes tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie, Ed. Folio

"«Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j'aimerais aujourd'hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement.» Chimamanda Ngozi Adichie aborde le sujet controversé du féminisme avec lucidité, éloquence et humour."

Je n’avais pas prévu de lire aussi rapidement ce livre, moi qui ai tant de mal à sortir mes livres de ma pile à lire personnelle … Je suis une emprunteuse compulsive et j’aime aussi m’acheter de temps à autre des livres.

Ces derniers temps, je suis très stressée, sur les nerfs. Alors quand je rate une énième fois ma correspondance (et que je ne cesse de signaler poliment le problème récurrent que je rencontre tous les jours), j’ai eu besoin de me détendre, de décompresser et quoi de mieux que ma librairie préférée qui, par chance, se trouve près de la gare (donc, pas de risque de louper une nouvelle fois mon train et de rentrer chez moi à pas d’heure après une longue journée).

Comme d’habitude, je fais mon petit tour : mangas, jeunesse, SFFF … Je m’arrête pendant dix minutes à contempler le roman d’Alain Damasio, Les Furtifs, avec une seule question à l’esprit : “Je l’achète ou pas ?” et cette question, elle revient pour des dizaines d’ouvrages différents. Ce sera finalement le rayon essai sur lequel je vais jeter mon dévolu (c’est très drôle car je fréquente cette librairie depuis quatre ans maintenant et je ne m’étais jamais arrêtée dans ce rayon. Sauf pour fuir des personnes déguisées pour le Carnaval. C’est clair que des répliques de déguisements digne du carnaval de Venise n’ira jamais au rayon ésotérisme et autre non-fiction) et claquer un bout de mon salaire en essai féministe (mais pas que !). Je suis donc ressortie avec Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichi, un titre présent dans ma wish-list depuis très longtemps. (Et puis à deux euros, ça aurait vraiment bête de ne pas en profiter)

Si cette lecture était totalement imprévue, c’est parce que je l’ai sortie précipitamment de ma pile à lire pour le challenge de la guerre des clans. (De base, je comptais sortir soit Le seigneur des anneaux, soit la première intégrale de Game Of Thrones, avec l’espoir de les terminer avant le 31 décembre)

Et j’ai tout simplement adoré ce livre. Maintenant, la mission que je me suis fixée est de vous faire lire ce petit roman parce qu’il est, à mon sens d’utilité publique.

Le “problème” (il faut s’imaginer que je mets plein de guillemets parce que moi, je ne vois pas où est le problème) et il ne faut pas être Sherlock pour le deviner, c’est que le livre parle de féminisme. Quand je parle du féminisme autour de moi, j’ai l’impression que je vais déclencher une troisième guerre mondiale. Je me heurte toujours à des murs ou à des phrases toutes faites du style : “mais, l’égalité homme/femme est acquise. Vous gagnez le même salaire que nous et vous avez les mêmes droits que nous.” Ou encore, on délégitime ma pensée, on me dit que j'exagère ... Bref que l'égalité est là et que tout est bon maintenant parce qu'on est quand même en 2020 et que ce n'est plus le Moyen-Âge !

Ca c’est en théorie.

Je gagne peut-être le même salaire que mes collègues masculins pour le même travail (même si je n’ai jamais osé demander), j’ai peut-être les mêmes droits politiques et sociaux que mes homologues masculins … Mais, en tant que femme, je subis des expériences que les hommes ne vivent pas (ou peu). Du lundi au vendredi, deux fois par jours, j’ai peur quand je vais et part du travail. Parce que comme beaucoup de femmes, j’ai subi et subirai encore du harcèlement de rue (Encore aujourd'hui, j'en ai fait l'expérience...) Aux yeux de tous, mon travail n’a pas la même valeur que celui de mes collègues masculins. Je ne compte plus le nombre de fois où des personnes me disent en regardant droit dans les yeux : “il y a pas d’hommes ici ?” ou “Monsieur truc il est pas là ?” Je me souviens encore du ton condescendant et surpris qu’un monsieur avait pris au téléphone quand je lui avais dit que j’étais juriste et non secrétaire, juste parce que j’ai répondu au téléphone. Je voyais bien que dans son esprit il était inconcevable qu’une femme qui répond au téléphone ne soit pas secrétaire (parce que dans l’esprit collectif, le métier de secrétaire est purement féminin. C’est bien connu que les femmes ont dans leurs gênes l’art du rangement, du classement et de l’ordre. J’ai beau aimer que tout soit en ordre, c’est bien plus parce que je suis une maniaque et une perfectionniste, que c’est plus un fardeau qu’autre chose. Et je connais nombre de personnes de sexe féminin (dont une de mes meilleures amies) qui sont hyper bordéliques. Bref, encore un fléau des stéréotypes de genre et des clichés.)

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai été victime de ces stéréotypes de genre, comme nombre d’êtres humains peu importe le genre. On ne voulait pas que je joue au foot parce que j’étais une fille ou quand on m’acceptais dans ce jeu, j’étais cantonnée à rester en défense et on me reprochait carrément de m’éloigner de mon poste pour tenter de marquer un goal si je voyais l’opportunité. On me qualifiait de garçon manqué parce que je ne rentrais pas dans les clichés et les stéréotypes de genre qui sont construites par les conventions sociales et ancrées solidement en nos sociétés. Et l'inverse est vrai aussi, il ne me venait pas à l'idée qu'un garçon puisse jouer à la barbie, etc... Dans mon esprit, il était clair que les garçons devaient jouer au foot et aux voitures ...

Et je l’ai accepté. J’ai ingéré tous les discours visant à nous cadenasser dans ces stéréotypes. Sans me poser de questions …

Jusqu’au jour où je ne sais plus comment, ni pourquoi, je me faisais la réflexion que je trouvais très infantilisant le fait de m'appeler mademoiselle alors que les hommes n’ont pas ce problème, ils recevront du monsieur toute leur vie et ne seront pas appelé grâce à un statut social. J’ai un diplôme, un travail, une situation stable et je suis systématiquement renvoyé au terme de mademoiselle (en plus, je suis petite et j’ai effectivement l’air très jeune. Ce qui a l’air d’autoriser les personnes de m’infantiliser. Une petite anecdote qui est très loin de m’avoir fait rire et qui encore aujourd’hui ne parvient pas à me faire esquisser un sourire parce qu’il montre un rapport de domination et que encore une fois, ma position de femme me dévalorise, qu’on ne me prend pas au sérieux et je suis absolument certaine que l’on aurait jamais osé dire cela à mes collègues masculins : au travail, un client m’a appelé : La gamine blonde. Pas madame, pas mon nom et prénom, ni même mon prénom, juste : La gamine.)

Et Nous sommes tous des féministes permet de mettre ces faits en perspective et de les analyser par le prisme du genre.

De manière simple et sans prétention, l’autrice pose les bases du féminisme. En soit, l'idée du mouvement est loin d'être compliqué et extrêmement positif. (Non, je ne suis pas "en colère" contre tout et n'importe quoi. Je suis juste révoltée d'avoir peur de passer par telle ou telle rue pour aller au travail, de ne pas être toujours considérée et respectée ... Mais qui ne le serait pas au fond ?)

Pour le coup, je n’ai rien appris de nouveau. J’ai déjà quelques connaissances grâce à un livre que j’adule et que j’ai pris le temps de découvrir pendant le confinement : Sorcières de Monna Chollet. J’écoute un podcast très cool sur les questions de masculinités (Les couilles sur la table produit par Binge Audio. Je les ai écouté à la chaîne pendant le confinement et j’étais très contente que mon opérateur augmente gratuitement la capacité de data !)

(Si jamais les Podcast ça vous intéresse - parce que j’ai découvert le merveilleux monde du podcast pendant le confinement et que ça change ma vie - je vous conseille, autre que Les couilles sur la table : Miroir, Miroir (produit par Binge Audio), Camille (produit par Binge Audio), Un podcast à soi (produit par Arte), Emotions (produit par Louie Média), Le book club (produit par Louie Média, d’ailleurs coup de coeur pour l’épisode avec Marie-Aude Murail), Travail en cours (produit par Louie Média), Vénus s’épilait-elle la chatte ? (Merci à Wonderbooks_ aka mon double pour cette découverte) ou encore Programme B (produit par Binge Audio) Et je crois que j’ai usé tout mon répertoire de Podcast …)

Mais, c’est un livre qui est extrêmement abordable, bienveillant qui n’est pas dans le jugement ou dans la pensée négative (Je pense à des livres comme La servante écarlate ou Vox que je n’ai pas encore lus mais, si j’ai bien compris, on est déjà dans le scénario catastrophe et voir une problématique de manière systématiquement négative me fait extrêmement peur et peut m'empêcher de faire des choses constructives). C’est à mon sens un point de départ idéal pour déconstruire tous les discours que l’on entend. Parce que c’est important, c’est essentiel même.

S’informer, déconstruire et reconstruire est à, mon sens, le meilleur moyen de créer quelque chose de mieux où la bienveillance et la sororité auront leur place. Et ce ne sera pas un chemin toujours facile, j’en conviens. Parce qu’à force de graviter autour de nous en permanence, on pense que si c’est là, que ça existe, c’est forcément que c’est vrai. Alors que non.

(Je ne sais pas si c’est ou c’était le cas pour vous, mais j’ai toujours entendu de la part de mes professeurs d’être curieux, de toujours vérifier si ce qu’ils disaient était exact et de ne pas prendre tout pour argent comptant)

Déconstruire tous les stéréotypes de genre, combattre le sexisme est loin d’être de tout repos. Mais, avec Nous sommes tous des féministes, j’ai envie de croire que toutes mes démarches pour combattre le sexisme (à mon échelle) ne sont pas vaines (et je conviens également que l’engagement singulier ne suffit pas, il faut de vraies décisions politiques et juridiques. (C’est comme le climat, c’est un travail à grande échelle. Eteindre la lumière quand tu quittes une pièce, c’est bien. Mais, face à l’ampleur du problème, ce n’est pas une réponse suffisante. Après, c’est toujours mieux que si tu laisses la lumière pour Casper et qui erre là pendant des heures ...)

Bref, lisez Nous sommes tous des féministes. Et mettez-le entre toutes les mains, quelque soit le genre ou l’âge.

Sur ces paroles (et j'espère honnêtement m'être bien exprimée ... Je ne veux pas que ça produise quoique ce soit de négatif ici mais, je voulais absolument parler de ce livre. Du coup, si quelque chose est mal formulé, mea culpa d'avance...), je vais continuer ma lecture du Mythe de Cthulhu !