[Suivi Lectures] Aealo

Tour à tour

Il est des choses qu'il vaut mieux entreprendre que refuser quand bien même la fin risque d'être sombre.

<image> M’étant lancé dans une nouvelle tentative de découverte de Tolkien fin de l’année dernière, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait ! Je n’aurais pas pu imaginer que cette fois, je me ferais emporté aussi violemment dans cette aventure ! Tellement charmé par elle que j’ai terminé le tome 1 en me disant que les autres allaient suivre de très près ! Il est donc normal qu’en ce début d’année, je poursuive la quête entamée avec Le Seigneur des Anneaux, tome 2 : Les deux tours de J. R. R. Tolkien ! C’est tout excité que je suis reparti au front !

Petit rappel d’où nous étions arrivés la fois dernière :
Les Deux Tours, deuxième partie du Seigneur des Anneaux, poursuit le récit des aventures de Frodo et de ses compagnons, lancés dans leur périple en Terre du Milieu. Frodo et ses compagnons se sont engagés à détruire l’Anneau de Pouvoir dont Sauron cherche à s’emparer pour asservir tous les peuples de la Terre habitée : Elfes et Nains, Hommes et Hobbits. L’entreprise est audacieuse et les forces du Seigneur Sombre se dressent contre eux. Bientôt, pour survivre, il va leur falloir se disperser et affronter tous les dangers.

La première chose qu’il me semble important de signaler c’est que je ne vais pas revenir ici sur les éléments que j’ai déjà évoqués dans mon avis sur le tome 1 et que vous pouvez retrouver ici. Je n’en reparlerai pas parce que le tome qui nous concerne ici est la digne suite du premier tome : descriptions des lieux, immersion facile dans les lieux, richesse de l’univers… Tout cela est toujours aussi appréciable ici !

Mais par rapport au premier tome, il y a ici des différences que je vais développer mais pour ça il me semble important d’expliquer une ou deux petites choses à propos de la façon dont Le Seigneur des Anneaux a été écrit.
Initialement, Tolkien a écrit Le Seigneur des Anneaux en 6 livres qu’il projetait de faire éditer en un seul volume. Malheureusement, à cause du coût du papier à l’époque, on lui proposa de l’éditer mais en divisant le tout en trois volumes comportant chacun deux livres.
Alors autant le fait que le premier tome comporte donc les livres 1 et 2 n’a aucune importance dans sa fluidité et son exécution, autant ici la division de ce tome 2 en livres 3 et 4 est d’une importance énorme dans sa lecture !
Aux dernières nouvelles (et sans faire de spoil), à la fin du tome 1 l’ensemble du groupe que composait nos héros se voit divisé et nos héros répartis en plus petits groupe. Dans le livre 3 nous suivons surtout les aventures du trio Légolas, Gimli et Aragorn. Tandis que dans le livre 4, nous allons nous trouver en compagnie de Frodo et Sam. Qu’en est-il de Pipin, Mery et Boromir ? J’ai dit pas de spoil ! :cool:
Nous avons donc deux livres, deux parties et c’est là que le vrai problème de ce livre commence (mais j’y reviendrai, procédons dans l’ordre).

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Bien entendu, il est tout à fait probable, mes amis, dit-il lentement, tout à fait probable que nous courons à notre perte : la dernière marche des Ents. Mais si nous restions chez nous à ne rien faire, notre perte viendrait tôt ou tard, de toute façon. Cette pensée a longuement mûri dans nos cœurs ; c’est pourquoi nous marchons aujourd’hui. Ce n’était pas une décision hâtive. Au moins, la dernière marche des Ents pourrait valoir une chanson. Oui, soupira-t-il, nous pourrions aider les autres peuples avant de disparaître.

Le livre 3, intitulé normalement  la Trahison d'Isengard, reprend directement là où le tome 1 nous avait laissé, c’est-à-dire en plein capharnaüm ! Mais un de ceux qu’on peut suivre !
Par contre lorsqu’arrive le bilan de celui-ci, notre groupe n’est plus uni mais séparé. Nous restons avec Légolas, Gimli et Aragorn. Mais où sont les hobbits ? C’est bien la question qu’ils se posent et décident de partir à leur recherche ! Ce ne sera que le début de leur aventure et non des moindres : des rencontres et des obstacles les attendent sur leur route ! Je ne développerai rien de cette facette-là pour ne rien divulgâcher mais cette première moitié du livre est palpitante par son aventure toujours avec une part épique ! Mais la drôlerie est au rendez-vous notamment grâce non seulement aux gredins Pipin et Mery qui sont terribles (surtout Pipin !) mais surtout grâce à la relation entre Légolas et Gimli voguant entre complicité et dualité, c’est irrésistible !

Les autres les regardèrent en silence tandis qu’ils se tenaient l’un face à l’autre. La forme grise de l’Homme, Aragorn fils d’Arathorn, était haute, et sévère comme la pierre, sa main sur la poignée de son épée ; on eût dit qu’un roi sorti des brumes marines avait posé le pied sur les rivages d’hommes de moindre stature. Devant lui s’arquait la vieille silhouette, blanche, brillant à présent comme d’une clarté intérieure, courbée, chargée d’années, mais investie d’un pouvoir au-delà de la puissance des rois.

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Après ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dis, Aragorn me plait toujours autant mais on le sent plus tracassé, plus dans sa tête avec la situation qu’ils vivent mais il n’en reste pas moins le même personnage que j’ai adoré dans le tome 1 !
Le trio que forment Légolas, Gimli et L’Arpenteur fonctionne donc très bien ! C’est un plaisir de les suivre ! D’autant plus que de leur côté nous allons apprendre beaucoup de choses intéressantes sur l’Histoire et la richesse l’univers qu’on continue de découvrir !
Mais surtout, le vrai inattendu pour moi c’était que malgré les remous de l’aventure, le côté touchant était bel et bien présent. Les relations entre les personnages jouent évidemment mais l’émotion de Gimli dans sa déclaration d’amour aux cavernes de la Gorge de Helm ! C'est beau et touchant.

- Tu les trouves peut-être merveilleux, mais j’ai vu en ce pays une merveille plus grande, plus belle qu’aucun bosquet ou bocage ayant jamais poussé : mon cœur en déborde encore. Les Hommes ont d’étranges façons, Legolas ! Ils ont ici l’un des plus grands joyaux du Monde Septentrional, et qu’en disent-ils ? Des grottes qu’ils disent ! Des grottes! Des trous pour servir d’abri en temps de guerre, de greniers à fourrage ! Mon bon Legolas, sais-tu que les cavernes de la Gorge de Helm sont vastes et somptueuses ? Il y aurait un pèlerinage ininterrompu de Nains simplement pour venir les contempler, s’il était connu que de telles choses existent. Oui, certes : ils paieraient de l’or pur pour un simple coup d’œil !
- Et moi je donnerais de l’or pour être exempté. Et le double pour qu’on me laisse sortir si par erreur j’y mettais les pieds.
- Tu n’as pas vu alors je te pardonne cette boutade, reprit Gimli.

Puis arrivé à un point de leur histoire, le livre 3 se termine et c’est alors le début du livre 4.
Ce dernier a pour nom initial Le voyage des porteurs de l'Anneau. Je ne ferai donc pas de mystère sur le contenu : nous allons y suivre Sam et Frodon, très vite rejoints par un personnage qu’on n’avait qu’entraperçu dans le tome précédent : le fameux Gollum.
Alors je n’ai pas envie de tirer en longueur et je n’ai pas envie d’être trop tranchant non plus mais… Un des rares intérêts de ce livre 4, c’est Gollum… Voilà c’est dit ! Il m’insupportait dans les films, et je suis le premier étonné de ce que je vais dire, mais force est de constater qu’ici c’est le véritable (et peut-être le seul) point intéressant de cette partie !

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Entre Sam tout dévoué à Frodon, à qui j’ai eu envie mettre des claques tellement le personnage m’insupporte par moment, et ce dernier qui veut avancer (presque) sans prudence et surtout sans réflexion, à qui j’en aurais bien mise une ou deux aussi tant il me semble bête par instant, le constat n’est pas terrible. Mais surtout après les aventures du livre 3, deux hobbits pas très malins qui marchent tout seul, ça semble tellement fade !

- Et vos compagnons, eux ? Et moi, et Legolas ? s'écria Gimli, incapable de se contenir plus longtemps. Misérables déserteurs, coquins aux pieds laineux et à la tête crêpue ! Vous nous avez menés dans une belle chasse ! Deux cents lieues par les marais et les forêts, les batailles et la mort, tout ça pour vous délivrer ! Et voilà qu'on vous trouve ici à ripailler et à paresser... et à fumer ! Fumer ! Où avez-vous pris cette herbe, espèce de scélérats ? Pic et pioche ! La rage et la joie me tiraillent à tel point que si je n'éclate pas, ce sera un prodige !

Arrive alors Gollum (qui ne changera rien aux claques que je voulais mettre aux deux autres mais) qui va se révéler bien plus intéressant et complexe que les deux autres réunis !
En effet, Gollum est un personnage formidablement plus complexe que je ne le percevais dans les films, dans sa dualité interne, dans la contradiction de ses actes mais surtout de ses projets. Vu que nous en savons plus sur le contenue de la tête de Sam mais peu sur les deux autres, on ne peut s’empêcher de se poser continuellement des questions sur Gollum : entre apparences et cachotteries, entre ses paroles et ses actes, ce qu’il se dit à lui-même et aux autres, trahira ou trahira pas, où les emmènent-ils… Je ne suis pas souvent amateur de ce type de personnage mais ici son instabilité est une source de richesse à elle seule. Quand ment-il ? Quand est-il Smeagol et quand est-il Gollum ? Qu’a-t-il en tête ? Quand va-t-il frapper ? Il crée la tension et l’attention à lui tout seul devenant finalement le seul véritable enjeu de cette partie puisque continuellement on se questionne en se disant que les conséquences de ce qu’il va faire ou non, trahir ou aider, pourraient être énorme pour la suite dans un cas comme dans l’autre !
Malheureusement malgré ça, cette deuxième partie a beau ne pas être complètement désagréable (uniquement grâce à Gollum), elle n’est en définitive ni follement palpitante, ni épique… Son rythme plutôt lent n’aidant en rien il faut le dire…

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J’aurai vécu d’étranges jours. Longtemps nous avons élevé nos bêtes et cultivé nos champs, bâti nos maisons, façonné nos outils, ou chevauché au loin pour prendre part aux guerres de Minas Tirith. Cela, c’était pour nous la vie des Hommes, le train du monde. Nous n’avions cure de ce qui se trouvait au-delà des frontières de notre pays. Nos chansons nous parlent de ces choses et nous les oublions, et nous ne les apprenons plus qu’aux enfants, négligemment, par tradition. Et aujourd’hui, les chansons resurgissent parmi nous des endroits les plus étranges, et on les voit marcher sous nos yeux à la lumière du Soleil.

Au final, Le Seigneur des Anneaux, tome 2 : Les deux tours continue à merveille l’élan entamé dans le premier tome mais le ‘’découpage de l’histoire’’ donne deux parties très inégales dont une des deux (le livre 4 donc) n’est pas à la hauteurs des 3 livres qui la précèdent ! Un déséquilibre qui met un léger coup au plaisir de lecture par moment. Ça n’en fait pas une mauvaise histoire (au contraire!) mais lorsqu’on raconte une histoire la forme a autant d’importance que le fond.
Et sur ce dernier point, la trame globale et l’univers sont toujours aussi exaltant et épique! Un univers dont la richesse ne cesse de m'enchanter!

Le troisième tome ne tardera pas !