#18 26 Février 2023 20:47:37
Bonsoir,
J'arrive tard car au final j'ai l'impression de ne pas avoir grand-chose à dire sur ce roman.
Globalement j'ai passé un bon moment, les pages se tournent toute seules et je ne suis guère aperçue que c'était un pavé (d'ailleurs mon fichier affichait moins de 500 pages … et je mets une police assez grosse pour ne pas fatiguer). Mais j'ai trouvé l'ensemble assez prévisible et suis restée sur ma faim sur bon nombre d'éléments. Donc avis en demi-teinte :
Comme helenoooouuuu, j'ai aimé l'atmosphère à la Downton Abbey (à la limite du plagiat pendant une bonne première partie du livre :S), ainsi que la mise en place de l'intrigue et la découverte des personnages que ce soit la famille Melzer ou les domestiques.
Mais j'aurais aimé un peu plus d'originalité car oui finalement la zone de confort type Downton m'a assez vite lassé et lorsque l'intrigue s'en détache elle part dans un romanesque (fugue, secrets … de polichinelle ou presque etc) dont les ficelles sont si voyantes que c'en est désolant.
Par ailleurs, les personnages ont un côté caricatural : les deux sœurs totalement opposées qui ne s'entendent pas, le frère et héritier qui passe du statut d'étudiant fêtard à homme d'affaires plutôt doué, la mère qui dirige la maison mais cède presque tout à ses enfants et le père soi-disant autoritaire Même chose au niveau des domestiques quoiqu'un peu moins marqué. Finalement même si j'ai relativement apprécié Marie (quoique je me pose des question sur le côté héréditaire de l'art… qu'on ne voit par exemple quasi jamais en musique : c'est d'abord une question d'éducation ou de "on baigne dedans" plus que de gènes), comme vous je la trouve un peu trop parfaite. Et c'est presque Elisabeth que j'ai trouvé la plus crédible.
Au niveau de la romance, le coup de foudre ne me dérange pas et après tout c'était le sujet du bookclub mais justement là clairement elle reste trop superficielle. Ils se rencontrent, tombent amoureux et après … on ne les voit presque pas ensemble et c’est à peine si l’on sait vraiment comment leurs sentiments évoluent intérieurement. Pour le coup j’aurais aimé en avoir beaucoup plus (oui je suis amatrice de romance et oui, quand j’en lis, j’aime qu’elle prenne toute la place). Idem d’ailleurs pour celle entre Katharina et Duchamp qui semble faire un petit tour et puis fini…
Mais je crois que ce qui m’a le plus frustré est le contexte car si on voit régulièrement la vie dans la maison, tout le reste est très en retrait : la vie à l’usine, les rapports commerciaux ou même simplement les réunions des dames dont on ne sait presque rien. Quand au contexte historique, il est peu retranscrit mis à part l’Empereur cité à plusieurs reprises…
Au final, je suis assez d’accord avec celles qui disent que c’est plutôt une saga familiale qu’une romance pure mais, même ainsi on reste vraiment en surface et ça m’a donné l’impression d’une lecture facile, sans profondeur et sans réels enjeux.
Par contre, je vais me permettre de réagir à ce qu’à dit Elojs (et pontdeslivres)
à propos du féminisme : d’abord c’est une “invention” du XVIIIe siècle et à ce moment-là c’est clairement les femmes ayant une certaine éducation et pouvant donc vraiment voir les problèmes, qui vont les montrer. Et au XIXe siècle, ce sont aussi des femmes de lettres (journaliste, écrivaine) qui lancent les premières pétitions de celles qu’on appelle “les suffragettes”. Donc pour moi, à ce niveau l’autrice est totalement dans le contexte. Si ce n’est qu’il y a fort peu de féminisme réelle dans ce roman : Marie fait juste attention à ne pas tomber dans le piège de “coucher avec le fils du patron” et ne cherche pas son indépendance plus que cela, quand à Katharina, elle me parait davantage être l’archétype de l’enfant pourrie gâtée qu’une image quelconque du féminisme.
Et c’est aussi parce que le contexte s’y prête que le mot “nègre” a toute sa place, l’Europe au début du XXe est profondément raciste - et antisémite - (ne vous en déplaise) et il aurait été encore plus surprenant d’aller mettre un autre mot à la place, ou même de faire comme si ça n'existait pas.
Et je repasse demain pour réagir un peu plus à vos avis (et aller plus loin).