#2 29 Avril 2023 11:37:43
Bonjour !
D'abord je remercie la personne qui a proposé ce livre pour le bookclub car je connaissais ce titre de nom mais n'aurait probablement pas été vers lui sans ce bookclub, or ce fut une très belle découverte ! et je lirais avec plaisir d'autres livres de Mauriac =)
Le style de l'auteur est très agréable : fluide, léger, très musical, comme un ruisseau par lequel on se laisse emporté. Poétique mais d'une façon très “concrète”. C'est très sensoriel : “l’ odeur de fournil et de brouillard”, “elle aspira de nouveau la nuit pluvieuse”, “elle fermait les yeux au souffle de la terre herbeuse et mouillée” on a vraiment tout dans la tête : les odeurs, le calme, l'atmosphère lourde et humide, les sensations physiques. Sans avoir besoin de longues descriptions de décor, en quelques mots on parvient rapidement à s'immerger et à se projeter dans l'histoire. J'ai particulièrement aimé la Lande et la façon dont l'auteur fait de ce paysage plus qu'un simple décor mais un “milieu” qui impacte les personnes qui y vivent, leur quotidien, leur mode de vie, leurs émotions et crée une véritable ambiance tantôt ensoleillée et joyeuse tantôt particulièrement angoissante.
J'ai aimé que le personnage de Thérèse soit très nuancé : elle paraît très froide et détachée, lorsque des répliques qu'elle aurait dites à sa belle-famille ou à son mari sont évoquées, on ne la reconnaît pas “prenez donc un siège belle-maman” c'est trop chaleureux pour elle et ça illustre bien le masque qu'elle porte en société. Elle a du mal à démêler ses émotions, ses pensées, à comprendre le pourquoi de son geste, ce que j'ai trouvé beaucoup plus vraisemblable que si l'auteur avait donné une explication tranchée. Je me suis attachée à elle en mode “solidarité féminine” ><, certaines choses auxquelles elle est confronté sont encore très actuelles : la pression familiale, le non-désir de maternité, les aspirations à “devenir soi”, notamment à travers les livres <3 et en développant son analyse sur le monde, son esprit critique, etc. Ça m'a beaucoup parlé.
Je me suis demandé si Jean Azevedo n'était pas un “avatar” de François Mauriac. Je ne connais pas très bien l'auteur mais j'imagine que si François Mauriac et Thérèse Desqueyroux s'étaient rencontrés, ils auraient eu des conversations comme celles de Thérèse et Jean Azevedo.
Ces deux personnages sont les seuls auxquels je me suis attachée, ils paraissent d'ailleurs être les seuls en “reliefs”, le mari et la belle-famille sont particulièrement quelconque.
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Chaque étape dans la vie de Thérèse semble la mener inexorablement vers la dépression. Aussi je m'attendais à une fin beaucoup plus tragique : qu'elle se suicide ou que sa santé se dégrade et qu'elle décède. Je ne m'attendais pas du tout à une happy end et à la fois ça m'a rendue heureuse pour ce personnage auquel je me suis attachée, à la fois ça m'a laissé un peu sceptique. J'ai vu que l'auteur en plus du tome suivant à écrit plusieurs nouvelles autour du personnage de Thérèse. Peut-être n'en avait il tout simplement pas fini avec ce personnage.
Dernière modification par Lyzmod (29 Avril 2023 11:44:56)