Quelques pensées sur
La promesse de l'aube.
Ce livre me perturbe un peu. Il y a des pensées, de l'action, des fous rires, des passages qui rendent mal-à-l'aise, c'est très riche comme écriture.
Je ne sais plus où j'ai lu qu'avec
Freud, le genre autobiographique/biographique avait pris beaucoup de relief, parce que beaucoup d'épisodes tabous étaient tus avant l'avènement de la psychanalyse, et qu'après, ils sont mentionnés, expliqués, décortiqués.
Freud était un ami de Zweig, on voit assez bien la transition qui s'opère entre
Le monde d'hier et
La promesse de l'Aube. Zweig, tout en accordant une belle place aux théories freudiennes, reste extrêmement discret et délicat sur les sujets liés à l'amour et à la sexualité. Je crois que c'est le premier auteur qui mentionne le thème de la sexualité d'une manière qui me touche sans me heurter. Là, avec Romain Gary, c'est beaucoup plu cru sans être parfaitement explicite.
D'ailleurs, indépendamment de ce qui touche au thème de la sexualité, je suis souvent frustrée dans ce récit parce que Gary ne va pas jusqu'au bout de ce qu'il veut dire. Ce n'est pas assez explicite pour moi. Parfois il suppose que le lecteur le suit, mais souvent à tort pour mon cas hélas.
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Il dit par exemple que sa mère lui lit La dame aux Camélias en soupirant à la mention d'Armand, et Gary semble convaincu de qui joue le rôle d'Armand pour sa mère, mais il me manque des billes pour le suivre : est-ce ce qu'elle imagine pour son fils plus tard ? Est-ce qu'elle pense au père de Romain ?
Parfois le récit est un peu brouillon, il y a des aller-retours, je trouve le tout un peu fouillis, ce qui accentue mon impression de malaise par rapport à l'ambiance générale. C'est surtout en comparaison de la prose noble, claire et précise de Zweig que je le compare ici.
Ce n'est qu'un tout petit bémol bien sûr, le récit se lit magnifiquement, il y a du rythme, et il donne une quantité de choses importante à digérer au lecteur à chaque paragraphe. Il y a des réflexions tout simplement sublimes, qu'il faudra que je note d'ailleurs.
En tous cas, je ne connaissais pas le personnage de Romain Gary avant, et je ne pouvais me douter de ce que sa vie pouvait contenir ! Wow, il y a des gens qui ne peuvent juste pas rester dans l'anonymat, quel début de vie tonitruant !