<image> Le bureau des affaires occultes - Éric FouassierAutomne 1830, dans un Paris fiévreux encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente.
Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, est muté à la brigade de Sûreté fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges, susceptible de déstabiliser le régime.
Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité.
Féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour le mystérieux et l’irrationnel, Valentin Verne sait en décrypter les codes. Nommé par le préfet à la tête du "bureau des affaires occultes", un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences.
Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le seul surnom du Vicaire ?
Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ?
Qui est le chasseur, qui est le gibier ?Éric Fouassier nous offre un voyage fascinant dans le Paris des années 1830, une ville sombre et mystérieuse où les bas-fonds côtoient les cercles bourgeois. J'ai particulièrement apprécié que Paris devienne un personnage à part entière. Ce n'est pas encore la Ville Lumière, mais plutôt une capitale sombre où la brume envahit les rues, où la boue recouvre les pavés et où la Seine coule imperturbablement sans s'inquiéter des crimes de la capitale.
L'auteur ne nous propose pas seulement une enquête ou même deux, mais une atmosphère. Souvenir du passé, robe à crinoline pour madame et haut de forme pour messieurs, le bruit des fers à cheval qui parcoure les rues. Valentin mène l'enquête et pas seulement pour découvrir la vérité sur une série de meurtres étranges mais aussi sur son passé trouble. Je le disais une atmosphère noire comme la noirceur de l'époque ou le pouvoir politique est encore instable, où les découvertes stagnent.
J'ai adoré découvrir cet univers parfois étouffant, lourd et pesant. J'ai suivi les pas de ce jeune inspecteur dans sa quête : la vérité. Deux enquêtes aussi captivantes l'une que l'autre. Valentin Verne, jeune inspecteur perspicace, ne cherche pas seulement à résoudre une série de meurtres étranges, il est également hanté par son propre passé trouble. Ce personnage complexe, intelligent et doté d’une redoutable capacité d’anticipation, m'a entraînée et le l'ai suivie les yeux fermées dans la quête aux plusieurs vérités. À mesure que les révélations se succèdent, l’intrigue m'a happé, entre manipulations politiques, prémices des expérimentations scientifiques et secrets d’État. La Criminologie à ses tout débuts ou presque puisque le roman initie le personnage bien connu de Vidocq. La propre histoire de Valentin vient se superposer à sa vie d'adulte.
L'auteur a su également introduire d’autres personnages permettant d'ajouter profondeur et nuances à l’histoire. Damien, cet enfant innocent aux mains du terrible Vicaire, incarne à lui seul l’horreur et l’injustice d’une époque où les plus faibles sont souvent les premières victimes. Ce personnage vil, véritable fil conducteur du roman, suscite un mélange de dégoût et d’envie d’en savoir plus, tant son influence semble étendue. Lors de l'évocation de Damien et de ses souffrances, la plume d'Eric Fouassier devient émouvante et compatissante et j'ai eu beaucoup de peine pour ce jeune garçon. J'ai tellement eu envie de découvrir la suite. Ce ne sera pas dans ce tome, mais peut importe, l'auteur a su retenir mon attention durant toute ma lecture.
Et puis il y a Aglaé, la présence féminine lumineuse dans ce monde âpre, ce monde de brut, ce monde presque à l'état sauvage. Volontaire, déterminée, elle apporte une touche de douceur et d’humanité au roman, elle ajoute vraiment une dimension enchanteresse à l'histoire. Par son empathie et sa grâce, elle m'a touchée comme elle a touché Valentin pour nous apporter les réponses qui sont encore plus sombres que celles que j'aurai pu imaginé. Elle éclaire non seulement le récit, mais aussi Valentin lui-même, révélant en lui une facette plus sensible et attachante. Aglaé apporte cette lumière au roman qui en aurait cruellement manqué sans sa présence.
Et pourtant même si le final est efficace, il m'a parut bien rapide, car résolu par un simple cri ! Si l’auteur maîtrise parfaitement la tension et le rythme de son récit, la résolution de l’enquête principale arrive comme un cheveu sur la soupe. Mais mon envie d’en apprendre davantage sur les mystères non résolus est néanmoins intacte, notamment en ce qui concerne la quête personnelle de Valentin, qui promet encore bien des révélations dans la suite de ses aventures.
Une lecture que j'ai beaucoup apprécié et qui me donne terriblement envie de découvrir la suite.
