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- Le ciel et la Terre se parlent - Roman
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#1 16 Avril 2025 10:58:14
Bonjour, "Le ciel et la Terre se parlent" est une trilogie qui invite à réfléchir sur les thèmes de la vie, la mort, la différence, les turbulences de l'adolescence, l'amour, et l'influence que peuvent avoir certains récits sur le chemin d'une vie. "Calie", le premier volume, plus qu'un roman, est un voyage riche en émotions, qui va bousculer le lecteur jusqu'à ne plus jamais le laisser indifférent à tout ce qui l'entoure...
<image>Distribué sur Amazon.
En voici quelques extraits.
J'ai dix ans
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Me voilà à dix ans. Ce début de destin tragique me ferait hurler à l'injustice, s'il ne m'avait pas fait comprendre un truc existentiel : rien n'arrive par hasard, et il faut savoir écouter le ciel lorsqu'il essaie de nous parler !! Voici le tout commencement de mon histoire...
Je m’appelle Calie. J’ai dix ans. Je suis pas grande pour mon âge, on me dit. Suis pas assez grosse non plus ! Suis pas assez en bonne santé, pas assez heureuse et … pas assez comprise !
Maman est partie y a longtemps. Elle est partie si loin que je ne sais même pas où. On me dit pas ! Pour moi elle est au ciel, sinon elle serait déjà revenue. Elle me manque, mais je le dis pas, car Papa aussi est malheureux sans elle ! On a pas besoin de se le rappeler, ça fait trop mal ! Les maladies emportent les gens loin de chez eux. Y’en a une qu’a pris ma maman, y’en a une qui m’a prise, moi aussi. La mienne s’appelle Éléonore.
Papa déteste Éléonore, il veut la tuer ! Nan, il veut que ce soit moi qui l’écrabouille… avec mes petites cellules guerrières. Moi, j’aime pas la guerre. J’aime pas la violence ni les gens qui crient ou qui parlent trop fort… À moi, Éléonore me parle. Elle a même un visage, et de longs cheveux blonds. Elle me ressemble, un peu, juste un peu plus grande que moi. Sa voix est douce, et son visage est tout pâle.
Papa dit que je raconte des bêtises, que les médicaments me font délirer. Il me croit pas, il veut pas faire l’effort, il m’aime pas ! Plus il s’obstine à pas me croire… et plus moi j’aime Éléonore ! Elle au moins, elle m’écoute. Elle non plus comprend pas pourquoi je la déteste pas, malgré tout le mal qu’elle me fait ! Avec moi, je crois qu’elle a renoncé de me demander de la haïr. Dans ses yeux je vois bien qu’elle est gentille, que comme moi elle souffre, mais elle, je sais pas de quoi… Papa se fâche quand je parle d’elle. Alors en secret, avec Éléonore, on est devenue les meilleures amies du monde. Plus fortes que des amies même, puisqu’elle vit dans mon corps.
Ensemble on a découvert la vraie raison de notre rencontre. Puisque c’était pas pour guérir, c’était forcément pour autre chose. Une mission spéciale, une mission super importante nous a été confiée. Dans le ciel les anges existent. C’est vrai ! Et on nous a choisi, nous, Éléonore et moi pour réconcilier les humains avec tout ce qui les entoure. On nous a choisi nous, parce que la vérité sort de la bouche des enfants. En plus, quand ceux-là sont malades, ben on les écoute avec beaucoup plus d’attention, surtout si la maladie est grave !
Éléonore et moi parlons aux gens. Dans leur tête, on laisse plein d’idées positives. Se rendre compte qu’être en bonne santé c’est pas pour toute la vie, par exemple, et que c’est vraiment trop bête de ne pas voir quand tout va bien. Grace à nous, les gens changent. Ils se comportent mieux entre eux. Comme ça, ils sont plus heureux… Et moi et mon amie aussi !
Mais tout ça, Papa s’en fiche pas mal. Ça m’met en colère de voir qu’il y a encore trop de gens comme lui, qui ne regardent pas là où il faut. Les choses bien de la vie doivent pas être normales ni banales, mais exceptionnelles et appréciées. Ça on sait pas faire… jusqu’au jour où toutes ces belles choses disparaissent et qu’on est super malheureux.
J’ai envie de hurler à tous les gens : « AIMEZ LA VIE, SACHEZ PROFITER DE TOUTES LES JOLIES CHOSES QU’ELLE NOUS OFFRE, DES PLUS GRANDES AUX PLUS PETITES. APPRÉCIEZ, ET SURTOUT, PARTAGEZ VOTRE BONHEUR ».
Souvenir 1 – Père et fille
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Dan
Je m’appelle Daniel, j’ai 43 ans, je suis écrivain. Bien que je n’aie encore rien publié, l’écriture est mon activité principale. Je m’y attèle tous les jours, depuis maintenant près de vingt et une semaines. Des petits bouts d’histoire s’accumulaient depuis des années dans ma tête, mais les contraintes professionnelles qui pesaient sur le planning de mes journées avaient jusqu’à présent toujours su faire taire toute ambition dans ce domaine. A croire que l’espace devenait trop petit, il fallait bien qu’un jour la marmite explose et que tout cela se répande quelque part. J’ai donc ouvert un livre pour ramasser tout ça, et commencer à regarder si déjà quelques assemblages étaient possibles. J’ai quitté mon boulot sans pour autant arrêter de travailler, puisque j'écris. Mais les gens comprennent : « Ouah, la chance, il a arrêté de bosser !! » Alors ça les fait sourire. Je passe pour un gros privilégié de nanti qui se paie le luxe de ne rien foutre de ses journées. Je me projette dans leurs pensées et j’y découvre toute l’amertume que j’aurais certainement ressentie, moi aussi, à leur place. C’est malheureusement comme ça ! Certaines situations ne peuvent être comprises seulement lorsqu’elles sont vécues de l’intérieur. Aujourd’hui, mon esprit est sollicité comme jamais. En se libérant des chaines du monde du travail, on pense gagner enfin en liberté, mais comme à chaque situation nouvelle, un temps d’adaptation est nécessaire. La tentation d’entreprendre tout azimut est grande, mais elle disperse dans le même temps l’énergie, et complique toute réalisation dans un domaine en particulier. L’écriture a su répondre à toutes mes attentes, calmer mes inquiétudes et surtout donner un sens à ma démission posée il y a quelques mois. La douloureuse contrepartie est ma perte de revenu. Le peu d’argent mis de coté ne nous emmènera pas jusqu’à la publication. Même avec tout le talent du monde, mon inexpérience va prendre un certain temps à se résorber. Je devrais probablement reprendre une activité rémunérée d’ici quelque temps si je veux joindre les deux bouts, mais pas avant d’avoir bien avancé dans mon projet. Le temps devient donc mon ennemi. Le stress s’est incrusté dans ma supposée oisiveté, et s’attache solidement au fil de mes pensées dans cette nouvelle aventure. Je suis tellement branché là-dessus, depuis le début, que la gestion du quotidien est très vite devenue catastrophique. Comment ça pouvait marcher avant, alors que j’avais beaucoup moins de temps à y consacrer ?
Je vis seul avec ma fille, Florence, treize ans. Sa mère a choisi un jour de suivre un autre chemin que le nôtre. Beaucoup de frustration et de non-dits m’empêchent encore maintenant de parler librement de cette rupture. Plutôt que de me rapprocher de Flo, de m’efforcer à être davantage présent, et surtout de parler avec elle, je constate piteusement qu’encore une fois je n’ai pas été à la hauteur… J’ai cherché à minimiser l’évènement, et cédé à la facilité en lui faisant croire qu’une famille monoparentale était devenue une norme dans la société́ actuelle. Je pensais que c’aurait été suffisant pour l’installer dans un schéma affectif qui lui convenait, mais je me trompais. La présence et l’amour d’une maman est irremplaçable. On peut juste supporter son absence, mais pas sans une blessure permanente au cœur.
Aujourd’hui, je l’ai entrainée bien malgré elle dans cette nouvelle aventure. Pire, je lui ai rajouté des tâches ménagères qui nous évitent d’avoir la tête complètement sous l’eau. Je l’aime de toute mon âme, mais trop peu d’indices dans mon comportement ne transpirent, sans doute par timidité, ou seulement maladresse, c’est bien différent que lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. Je comprends alors parfaitement bien que ça ne peut pas lui suffire. Je ne sais pas comment le lui dire, je n’arrive même pas à lui parler. Elle m’en veut, je le sens bien.
Notre relation s’est encore dégradée ces derniers jours. Derrière ses allures d’ado révoltée, difficile de savoir si c’est à cause de moi ou seulement la crise d’adolescence qui plombe notre communication. Je suis dans une impasse, je ne sais plus quoi faire. J’aimerais seulement un jour la revoir sourire, et que nous puissions nous câliner comme autrefois.
En attendant que le temps use cette regrettable tension qui s’est installée entre nous, je fuis lâchement chaque jour un peu plus longtemps dans mon histoire imaginaire, à essayer de créer des personnages qui de près ou de loin nous ressemblent un peu.
Flo
Je m’appelle Florence, une idée de mes parents qui partageaient sans doute à l’époque un profond intérêt pour l’Italie. L’ironie de l’histoire est que nous n’y avons jamais mis les pieds. Maintenant c’est trop tard, pas ensemble en tout cas. Maman est partie de la maison alors que je n’avais que sept ans. Difficile à avaler à cet âge l’excuse bidon que c’était pour me protéger, et que ça allait être beaucoup mieux ainsi. Six ans plus tard je suis toujours en colère. Sans être responsable de rien, l’amour maternel avec lequel j’aurais dû grandir m’a été volé. C’est pas juste ! J’en veux à la terre entière, à mon père qui n’a pas su la retenir, ni même me dire pourquoi elle est partie, à mes copines qui se vantent de piquer les fringues de leur mère… Mon cœur saigne et ne cicatrise pas. Ma colère est très fragilement contenue, mais comme un volcan en activité, prête à exploser à la moindre contrariété. Un rien est capable de déclencher une crise de larmes, une violence verbale que je ne maîtrise pas, ou encore une attitude systématiquement inverse à celle qu’on attend de moi. Alors que les autres filles s’ingénient à séduire et soigner leur look, moi j’assure le service minimum. Ça m’agace tellement de m’entendre dire que je suis jolie, que je réponds « c’est pas d’ma faute, j’fais rien pour ». J’en ai même franchement marre, à vrai dire. L’intérêt pour une personne ne se réduit quand même pas à son apparence ! A croire qu’il n’y a que ça de bien chez moi. J’aimerais être transparente, briller d’intérêt autant qu’un lampadaire éteint en pleine journée. Les plus courageux des garçons osent parfois m’approcher et tenter d’être gentil avec moi. Je ne mords pas mais d’entrée, je ne leur laisse aucun espoir. En fait, je suis à chaque fois en panique. Je ne fais confiance à personne. Je suis toujours sur la défensive, et j’ai surtout très peur de ce qu’il risque d’arriver après. Ma première fois n’est pas prête d’arriver. A me voir ainsi fuir les garçons, on doit déjà croire à l’école que je suis lesbienne. Les rumeurs ici courent bien plus vite que la réalité. À force, l’idée a bien fini par me polluer l’esprit ! Le suis-je, le suis-je pas, comment savoir ? Essayer avec une fille, pourquoi pas, juste une fois, la toute première, pour apprendre ou juste me rassurer. Mais je ne suis tellement pas sûre de mes sentiments, que j’ai trop peur de ne plus savoir quel genre vouloir aimer après. Je n’ai personne vraiment à qui en parler. Je n’arrive pas à aimer autre chose que ma tristesse et ma solitude. J’enrage alors de plus belle. Je ne vois vraiment pas comment m’en sortir.
Souvenir 2 - Dan et Flo, nouvelle approche
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Dan
Grosse panique ce matin, tous mes bouts d’histoire sont là, posés sur la table, et aucun assemblage pertinent ne me saute aux yeux. J’en suis rendu à devoir faire un puzzle avec des pièces qui ne s’emboitent pas entre elles. Mes premières gouttes de sueurs froides coulent sur mes tempes puis dans le cou. Des semaines passées à écrire dans tous les sens pour faire jaillir la créativité, et résultat… rien ! Que des chemins à peine empruntés qui n’aboutissent nulle part.
Il est trop tard pour reculer, et après des mois d’écriture, je me retrouve quasiment au point de départ. C’est décourageant. À ce niveau, ce n’est plus du calibre d’une page blanche devant laquelle je me trouve, mais d’un mur entier. Une violente envie de tout taguer me démange. Remplacer des centaines de pages manuscrites par des slogans aussi laids qu’idiots sur les murs du salon me soulagerait surement.
C’est cet instant précis que Flo choisit pour passer en coup de vent devant la table du salon sur laquelle je me suis installé, en m’ignorant insolemment, brandissant ainsi fièrement mon inexistence à ses yeux. Son attitude est une véritable flèche tirée intentionnellement, et qui atteint sa cible. Mon cœur est transpercé de part en part.
Intérieurement j’explose. Blessé, en colère contre elle et contre moi, l’émotion m’anéantit. J’aimerais avoir le courage de monter dans sa chambre avant qu’elle ne parte pour l’école, la prendre dans mes bras et lui dire je t’aime... Mais là, je ne m’en sens plus la force, et puis avec sa combinaison d’ado révoltée sur le dos, elle est plus glaciale qu’un corps cryogénisé. Comment en sommes-nous arrivés jusque là ?
Flo
Je suis inscrite au collège en troisième. C’est l’année pendant laquelle je dois me trouver un stage découverte en entreprise. Rien qu’à l’idée d’imposer mon incompétence à des inconnus qui vont prendre sur leur temps de pauses café pour me supporter cinq jours d’affilée, j’ai la boule au ventre. Autour de moi, quasiment tous les élèves ont la chance de ne pas se prendre la tête pour démarcher les entreprises, puisqu’ils seront directement accueillis dans celles où travaillent leurs parents. Moi, je n’en ai qu’un, et il n’a vraiment pas été inspiré de choisir cette période pour se lancer tête baissée dans un projet perso. La seule année de toute ma scolarité où j’avais vraiment besoin que mon père ait un boulot, il choisit précisément ce moment-là pour le quitter. Je suis maudite ! Pourquoi me fait-il ça à moi, sa fille ?
Dan
Cette fois rien ne va plus. Mon projet part en sucette, la maison est un véritable champ de bataille et je suis en train de perdre ma fille. Je file au premier magasin de bricolage que je trouve. Je tente le tout pour le tout. Mon cœur fait une overdose d’amour frustré, il a besoin de se lâcher...
Flo
Je ne peux même pas me payer le luxe de rentrer en retard à la maison. J’assume mon côté solitaire, le bavardage entre filles ce n’est pas mon truc non plus. Sans activité extrascolaire ma vie est plutôt réglée comme du papier à musique. Tous les jours je rentre directement. En marchant normalement, je ne mets grand max que dix-sept minutes. C’est la moitié du temps total que je consacre à mettre le nez dehors. L’autre moitié… ben, c’est tristement le temps que je mets pour aller à l’école !
Nous sommes lundi, il faut que je sorte la poubelle. Une forte odeur de peinture masque celle de pourriture qui d’ordinaire habite de l’autre coté du couvercle. Par curiosité, et sans doute masochisme, j’ose ouvrir cette grande bouche à l’haleine fétide pour découvrir ce qui a bien pu lui rester coincé entre ses dents. Une dizaine de bombes aérosol et trois pots baveux de peinture blanche agonisent au fond. Pleine d’interrogations, je sors le container malodorant dehors pour marquer notre bout de trottoir de notre odeur, comme pour dissuader quiconque de s’approcher de notre « bazar land » ! Ayant déjà reçu ma dose olfactive cancérigène à plein poumon, j’opte cette fois pour l’entrée principale pour quitter ce froid humide de fin d’automne.
La surprise me coupe le souffle. Mon père a pété un câble. Il faut qu’il m’arrive un truc pareil pour réaliser que dans la vie je n’ai plus que lui. Je suffoque d’angoisse. Avec ce qu’on traverse en ce moment, je n’aurais jamais soupçonné que je sois autant affectée. Je suis toute émue. Ce que je découvre est dingue, inimaginable. Un bug dans son système affectif lui a retourné « l’cerveau ». Il a repeint tout un mur du salon en blanc... cadres compris… avec écrit en haut et au milieu « L’Amour est trop beau pour le garder secret, Je t’AIME ma Fille ». Mes jambes me lâchent, je tombe à genoux sur la moquette, mes affaires se répandent tout autour de moi. Un tsunami de larmes va déferler dans quelques secondes. Je progresse à quatre pattes de quelques centimètres avant de me relever et de courir jusqu’à ma chambre, en essayant de retenir tant bien que mal toute mon émotivité !... Avant même de claquer la porte derrière moi, j’éclate en sanglots jusqu’à en trembler, sans retenue. Entre deux spasmes, je laisse toute mon émotion exploser, et bouleverser mes pensées, mes sentiments. J’ai la tête qui tourne, l’odeur de peinture était trop forte, moi non plus je ne vais plus bien.
Deux heures passent. J’ai froid. J’ouvre timidement la porte de ma chambre, voir si le couloir vers la salle de bain est libre, comme si nous vivions à quatre ou cinq sous le même toit. D’un bond je rejoins mon objectif et referme la porte à clé́ derrière moi. Dans la glace je découvre mon costume d’Halloween. Je suis passée d’une tête de blasée fatiguée à celle d’une morte vivante. Mes cheveux sont gras et tout plat. Je veux redevenir moi, pas ce que je vois. Je fais couler l’eau de la douche, et me déshabille. Je ne me trouve ni belle ni moche. Mon corps change, j’espère à la fin avoir plus de poitrine. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Je ne veux pas qu’on me regarde, mais en même temps je voudrais vraiment me sentir femme. Parfois j’ai moi-même du mal à me comprendre. Je rentre sous la douche et laisse enfin l’eau chaude glisser sur ma peau. Je repense à la fresque de mon père dans le salon. Lui aussi doit se sentir seul. Lui aussi doit avoir ses propres blocages en communication pour réaliser une telle œuvre. Les chats ne font pas des chiens ! Il ne m’a même pas offert l’opportunité́ de détester une belle mère. Je ne comprends décidément autant pas les garçons que lui ne doit comprendre les filles.
Dan
J’ai les larmes aux yeux en ramassant les affaires de ma petite fille, éparpillées dans le salon. Le choc a été trop brutal, j’ai sous-estimé son hyper émotivité. Je voudrais monter pour lui demander pardon, mais je n’en ai encore pas le courage. Ce qui est fait est fait. Mon cœur s’exprime et il n’en a pas fini. Voir ma petite fille aussi triste me vide de toute énergie, et réfléchir dans ces conditions ne m’amènera pas les meilleures réponses aux questions que je me pose. Je prépare à diner, peut-être la faim l’aidera-t-elle à baisser le pont levis, et à sortir de sa forteresse.
Flo
Une odeur de cuisine me sort de mes pensées abyssales. Depuis la douche je suis toujours en peignoir, sans rien avoir pris la peine d’enfiler en dessous. J’ai faim, j’ai zappé la cantine à midi. J’écris un journal, mais il est dans ma tête, trop peur qu’on découvre ce qu’il y a dedans, que ce soit mal interprété. Il est hyper top secret. Alors des fois je me perds dans de trop longues réflexions et je ne vois pas le temps passer. J’entrouvre la porte de ma chambre comme pour mieux ressentir l’atmosphère ambiante. Je me décide enfin à descendre l’escalier, pieds nus, les cheveux encore mouillés. Je suis fatiguée mais apaisée.
Dan – Je voulais te demander de m’exc...
Flo – …Non, non. Ça va, c’est bon... Ton truc... C’est... Bizarre, mais c’est cool. Merci.
Dan – Je n’ai pas trouvé plus petit pour te dire ce que j’avais sur le cœur. Après, il reste de la place pour se dire des trucs. Je suis certain qu’il y a des choses qui ont besoin de sortir, chez toi aussi. Tu vois, là ? Tu as toute la panoplie du parfait graffeur : pinceaux, marqueurs, bombes… Écris ce que tu veux. Vide ton sac. Je te promets de répondre… à tout, y compris aux reproches que tu as à me faire.
Flo – Ok, ouais… Je l’ferai...
Dan – Je... Je t’aime vraiment Flo.
Flo – Je t’aime aussi Papa.
Flo
Avec le marqueur en main les idées se bousculent. L’espace à remplir est immense, mais certainement pas encore suffisant pour contenir toutes les choses que nous ne nous sommes pas dites avec Papa. Je voudrais écrire quelque chose de gentil. Mes sentiments sont aussi tops secrets que mon journal. Ils me consument de l’intérieur car je n’arrive pas à les exprimer. Je suis presque certaine qu’autre chose va sortir et cela n’aura aucun sens !
Flo
« Papa, pourquoi as-tu quitté ton travail ? »
Ce n’est pas ce que je voulais écrire, mais c’est ce qui est sorti. C’est complètement débile, je ne suis pas fière de moi, et ça ne va pas aider au rapprochement. Déjà que je le sens complètement à l’ouest, il va maintenant se mettre à culpabiliser de m’avoir entrainée dans cette galère !Dernière modification par RicLab (10 Mai 2025 19:34:04)
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