[Suivi lecture] Minidou II

 
  • Minidou

    Petit rat de bibliothèque

    Hors ligne

    #931 12 Juin 2025 18:20:05

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    Happy Pride Month !



    Bon, je suis en retard encore une fois parce que je n'ai toujours pas terminé mes dernières lectures de mai, et ça va finir comme l'année dernière où j'ai fini par lire ma PAL des Fiertés en juillet/août (mais peu importe, de toute façon, les lectures queer, ça se lit toute l'année.)

    Avant tout, le point sur mes lectures de Mai, qui ont été dans l'ensemble assez bonnes, même s'il n'y a eu aucun coup de coeur absolu (certaines n'étaient vraiment pas loin).



    Lectures terminées



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    The Pillars of the Earth - Ken Follett


    J'ai fini par apprécier plus que je ne l'escomptais après les premiers chapitres un peu laborieux. J'ai finalement dévoré les deux derniers tiers du roman même si j'ai trouvé qu'il devenait un peu répétitif sur la fin et que certaines sous-intrigues ne nécessitaient pas de passer autant de temps dessus juste pour dire de tout conclure proprement (je pense à

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    l'origine de Jonathan par exemple, surtout qu'au bout d'un moment, le nombre de coïncidences nécessaires pour que ce "mystère" soit résolu pour les personnages (même pas pour lae lecteur'ice, vu que l'on sait de quoi il retourne dès le départ) force un peu la suspension d'incrédulité, sans apporter grand chose.)

    Et il n'y a pas vraiment de personnage auquel j'ai vraiment eu envie de m'attacher, je les ai tous trouvés sympa sans plus. Mais les jeux de pouvoir qui se nouent autour de la cathédrale et les retournements de situation m'ont tenue en haleine à peu près jusqu'au bout et le style de Ken Follet, sans jamais devenir formidable, finit par se faire oublier au fur et à mesure du récit. Et évidemment (en parlant de mois des Fiertés) c'est toujours agréable de trouver de la représentation aspec inattendue =D (même si ce n'est jamais identifié comme tel dans le texte, évidemment, Philip est clairement sur le spectre aroace (confirmé par l'auteur dans la préface). C'est même une représentation qui m'a parue dans l'ensemble assez juste, avec d'un côté le vécu d'une personne aspec dans une société où le désir et les relations amoureuses sont présentées comme la seule norme possible et saine (même pour celleux qui y renoncent volontairement) et de l'autre le jugement des personnes allo, qui s'imaginent que, parce qu'iels ne peuvent pas concevoir une vie sans désir ou sentiments amoureux, une personne pour qui ça n'a littéralement aucun intérêt doit forcément être aigrie et jalouse (alors que non, vraiment, on le vit bien, je vous jure). Comme la suite est déjà dans ma PAL au moins jusqu'au tome 3 (et j'ai un préquel qui se promène aussi sur ma liseuse, je crois), je ne vois pas d'inconvénient à poursuivre mon aventure à Kingsbridge au moins jusque là.

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    Moon of the Crusted Snow - Waubgeshig Rice


    Ça m'a pris un moment de terminer ce roman en audiobook, principalement parce que je n'ai jamais vraiment réussi à accrocher au style du narrateur (qui n'était pas mauvais en soi, je ne l'ai simplement pas trouvé aussi immersif que d'autres (mais tout le monde ne peut pas être Kevin R. Free ou Rupert Degas). Malgré tout, j'ai plutôt bien aimé ce récit post-apocalyptique assez atypique, dans le sens où c'est vraiment un récit assez lent qui reste dans la retenue sur l'horreur de la situation. La tension est bien là, l'horreur aussi, on sait que quelque chose de grave s'est passé hors de la réserve mais on n'a pas plus de détails, ce qui est assez terrifiant en soi. Le fait que l'action se déroule entièrement dans la réserve et au coeur de la communauté Anishinabe change la perspective par rapport  à d'autres récits post-apo. Pas d'émeutes, pas de mouvements de panique, pas de pillages ou d'attaques de zombies, mais une communauté qui s'organise pour survivre comme elle l'a toujours fait, finalement. Parce que la réserve est relativement isolée et déjà négligée par le gouvernement local sur bien des aspects, tout le monde est déjà préparé au pire, les coutumes de la communauté qui valorisent l'entraide et le partage des ressources jouent en leur faveur (même si cela ne suffit pas forcément), et l'un des personnages fait remarquer, à juste titre, que ce n'est pas la première fois que leur communauté fait face à un événement qui les menace d'extinction (en faisant évidemment référence à la colonisation des Étas-Unis et le massacre et le déplacement forcé des Premières Nations. Le roman n'hésite pas d'ailleurs à insister sur les conséquences qui persistent encore aujourd'hui, comme le taux d'alcoolisme et de suicide élevé dans les communautés de Natifs-Américains, et les efforts déployés pour préserver une culture qui a été presque forcée à l'extinction par les colons (à commencer par la langue.) Il y a une vraie violence dans ce roman mais elle est structurelle plutôt que circonstancielle, et cela donne au récit un ton assez unique. Je suis malgré tout restée sur une note de 3,5 étoiles (14/20 quoi, pas mauvais mais il manque un petit quelque chose) car le roman se conclut de façon un peu abrupte et manque un peu de mise en place à ce qu'il m'a semblé, et j'aurais aimé plus d'approfondissement dans l'intrigue comme dans les thèmes abordés (cela dit, mon impression aurait peut-être été différente si j'avais lu le livre en papier sur une période plus courte. Je ne serais pas contre une relecture à l'occasion). Dans tous les cas, la fin laisse présager un changement de cadre dans la suite et je la lirai avec plaisir.

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    Freshwater - Akwaeke Emezi



    Mon troisième roman d'Akwaeke Emezi (j'ai déjà lu The Death of Vivek Oji et Pet, deux coups de coeur) et comme à chaque fois un véritable coup de poing (dont je ne vais pas savoir comment parler parce que, comme après chaque lecture d'un roman d'Akwaeke Emezi, j'ai un milliard d'idées qui se bousculent dans ma tête et beaucoup de mal à mettre des mots dessus). D'abord, comme d'habitude, le style de l'auteurice est un plaisir à lire, la langue est recherchée, puissante, évocatrice même lorsqu'iel aborde des notions qui semblent abstraites. Le sujet qui transparaît tout au long du récit est celui des identités multiples, on comprend qu'il est question de TDI (pour employer les termes de la psychiatrie moderne) mais Akwaeke Emezi  rattache ce "trouble" à la mythologie Igbo et aux esprits qui résident à l'intérieur d'Ada, et se manifestent pour la protéger lorsqu'un événement traumatisant se produit. C'est une approche que j'ai trouvée intéressante car les deux explications à l'état d'Ada, psychiatrique et spirituelle, sont toutes les deux présentes dans le roman et il n'y a pas vraiment de réponse définitive. On voit la manière dont sa condition est pathologisée par le corps médical et par la société, mais aussi la manière dont, quelle que soit son origine, c'est avant tout un mécanisme de défense contre des traumatismes répétés. Cela permet d'aborder le TDI sous un angle différent, moins stigmatisant et surtout plus empathique (cela m'a semblé faire écho à un témoignage d'une personne autochtone d'Amérique sur lequel je suis tombée par hasard à peu près en même temps (à propos de complètement autre chose) sur la manière dont la science occidentale et la "rationalité" ont pu être utilisées comme un outil d'oppression, un moyen d'effacer les cultures et les croyances traditionnelles qui font partie intégrante de l'identité des nations colonisées. Je ne maîtrise pas assez le sujet pour m'étendre plus là dessus (je suis curieuse de me renseigner, par contre) mais ça me semble être un angle intéressant à garder en tête en lisant ce roman). Je l'ai quand même trouvé un chouïa en dessous de The Death of Vivek Oji (également assez dur mais moins centré sur les traumatismes du personnage principal à mon sens), mais cela reste une lecture marquante, qui méritera amplement une relecture un de ces jours.

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    all about love : new visions - bell hooks



    (Je vais essayer de ne pas parler pendant mille ans de mes lectures suivantes parce que bon, ça fait 8 jours que je suis sur ce message quand même) Premier livre de bell hooks que je lis (chaudement recommandé par The Book Leo, même s'il était dans ma PAL avant, ça n'a fait que me donner plus envie de l'en sortir) et cela me donne envie de continuer à découvrir cette autrice. Comme son titre l'indique ce recueil d'essais est centré autour du concept d'amour, pas seulement l'amour romantique qui n'occupe d'ailleurs qu'une petite partie du livre, mais l'amour sous toutes ses formes, et la manière dont cela influe sur notre vie sociale, familiale, amicale, romantique, spirituelle. Elle définit l'amour comme une intention et une action, plutôt que comme un simple sentiment, et démontre que l'amour, dans cette définition, ne peut pas exister dans une société patriarcale et capitaliste, où le cynisme et l'individualisme empêchent les individus de réellement former des liens qui vont dans le sens d'un épanouissement mutuel. Partant de là, elle essaie de donner des pistes pour réinjecter ce concept d'amour dans nos vies de tous les jours et la société de manière générale. C'est abordé sous un angle très pragmatique, sans être fataliste ni pour autant naïvement sentimental, et même si tous les chapitres ne m'ont pas forcément parlé, j'ai apprécié le message global.
    Une citation parmi les nombreuse que j'ai surlignées à la lecture

    "We have power as consumers. We can exercise that power all the time by not choosing to invest time, energy, or funds to support the production and dissemination of mass media images that do not reflect life - enhancing values, that undermine a love ethic . This is not meant to be an argument for censorship. Most of the evils in our world are not created by the mass media. For example, clearly, the mass media does not create violence in the home. Domestic violence was widespread even when there was no television. But everyone knows that all forms of violence are glamorized and made to appear interesting and seductive by the mass media. The producers of these images could just as easily use the mass media to challenge and change violence."


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    Notre-Dame aux Écailles - Mélanie Fazi



    Également mon premier Mélanie Fazi, même si j'ai 3 ou 4 autres de ses livres dans ma PAl déjà, clairement, même sans en avoir lu aucun, je plaçais de grands espoirs dans cette autrice, et je suis ravie d'annoncer qu'ils ont été comblés avec ce recueil de nouvelles fantastiques. J'ai adoré sa plume, son univers un peu sombre et nébuleux, parfois violent, mais sans jamais virer dans le glauque poisseux, ses personnages dont elle parvient à déployer toute la complexité et les contradictions en quelques pages. Fait rare, même si toutes les nouvelles de ce recueil ne m'ont pas touchée de la même façon, aucune ne m'a ennuyée ou ne m'a paru de moindre qualité, chacune a sa propre identité et explore des thèmes différents, même s'il y a des motifs récurrents d'une nouvelle sur l'autre. Cela ne fait que me donner encore plus envie de plonger dans ses autres oeuvres !




    Lectures en cours



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    Je ne vais pas m'étendre sur LotR et The Return of the Shadow, c'est toujours en cours, j'avance un peu de temps en temps, mais ça reste en tâche de fond de mes autres lectures.

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    Sands of Arawiya - Hafsah Faizal
    book 1 : We Hunt the Flame & book 2 : We Free the Stars



    (Techniquement, j'ai déjà terminé We Hunt the Flame mais je mets les 2 ensemble parce que j'ai enchaîné avec la suite directement) Un diptyque de fantasy inspiré de la mythologie arabe dont j'ai beaucoup aimé le premier tome et dont je suis en train de dévorer le second. J'ai quelques réserves qui font que le premier tome n'est pas tout à fait un coup de coeur, notamment le fait que le rythme est un peu inégal et la prose parfois inutilement alambiquée détourne un peu l'attention de l'action proprement dite. Ceci étant dit, les personnages sont attachants, presque malgré eux, et il y a un côté "found family" qui était un peu forcé dans le premier tome mais qui se développe de façon plus organique dans le tome 2. Particulièrement, je suis extrêmement investie dans la relation entre Nasir et Altair (parce que j'aime Altair et je suis plus que ravie qu'il ait des chapitres POV dans le deuxième tome =D) et Kifah qui était plutôt en retrait dans le premier tome m'est de plus en plus sympathique (sutout que yay, surprise aspec rep, encore une fois :pompom:). Les petits défauts qui m'ont chiffonnée dans le tome 1 ne disparaissent pas complètement dans le tome 2, mais après plus de 500 pages à suivre le gang de Zafira, Nasir, Kifah, Altair et les personnages qui gravitent autour d'eux, je suis complètement happée dans cet univers et je suis curieuse de savoir comment tout cela va se terminer (idéalement avec tout le monde en vie, entier et heureux jusqu'à la fin des temps, merci bien.)

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    Of Monsters and Mainframes - Barbara Truelove



    Je viens tout juste de le commencer (avant-hier, à la seconde où ma précommande Libro.fm est arrivée dans ma bibliothèque très précisément =D). C'est Pyrrha qui a attiré mon attention sur ce roman avant sa sortie, parce qu'elle me connaît trop bien, et soyons honnête, à la lecture du résumé, on dirait que quelqu'un a regardé directement dans mon cerveau, pris chacune de mes obsessions et en a fait un livre. Pardon, mais un vaisseau spatial doté d'une conscience, qui doit faire équipe avec un ragtag crew of misfits et une IA sarcastique, pour protéger ses humains contre *Dracula*? Count me in every time, comme dirait notre ami Arthur Holmwood. J'ai donc déjà écouté 17% de l'audiobook et pour le moment, je ne suis pas déçue. Il se passe des choses bizarres, je ne sais pas encore trop bien comment les créatures fantastiques s'intègrent là-dedans, mais toutes les petites références à Dracula (les spider drones de Renfield Robotics? krkrkr), les efforts plus ou moins concluants de Demeter pour comprendre les humain'es et les protéger, ses échanges savoureux avec Steward (qui est ART, si ART était une IA médicale clairement xD) me remplissent d'une joie indicible =D. J'ai donc très hâte de poursuivre cette lecture qui a le potentiel de devenir un nouveau livre doudou :heart:.



    Lectures à venir



    Nous sommes en juin, c'est à dire le mois où je pousse tout ce qu'il y a dans mon planning de lecture pour lire ma PAL des Fiertés. Ça fait quelques années que je réserve le mois de juin pour lire uniquement des livres avec/par des personnes LGBTQIA+ (enfin, le temps de terminer mes lectures en cours de mai, on sera mi-juin, mais tant pis. Ça ne sera pas pire que l'année dernière, où j'ai passé tout le mois de juin sur un Brandon Sanderson et j'ai dû commencer ma PAL des Fiertés en juillet :jeboude: )
    J'essaie aussi de faire ma liste autour d'un thème précis, l'année dernière c'était auteurices queer non-blanc'hes (c'est d'ailleurs à cette occasion que j'ai lu Pet d'Akwaeke Emezi entre autres :heart:) cette année je me penche sur les "classiques queer" de ma PAL, ce qui veut dire que toutes les lectures qui me restaient de ma PAL de mai sont repoussées à juillet (au plus tôt.)

    PAL du mois (PAL des Fiertés)

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    - The Secret Diaries of Miss Anne Lister  - Anne Lister (techniquement non-fiction plutôt que classique, mais c'est ma PAL, je fais ce que je veux)
    - Maurice - E.M. Forster
    - Carol / The Price of Salt - Patricia Highsmith
    - Middlesex - Jeffrey Eugenides
    - The Well of Loneliness - Radclyffe Hall
    - Brideshead Revisited - Evelyn Waugh
    - Under the Udala Tree - Chinelo Okparanta
    - Orlando - Virginia Woolf (Relecture)