Puisque je ne lirai pas d'autres livres pour cette catégorie, je viens d'ores et déjà faire mon petit bilan !
- Une valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian
→ Ce fut globalement une bonne lecture. J'ai particulièrement apprécié l'ambiance : on se sent vraiment hors du temps et de l'espace, un peu comme dans un rêve éveillé, dans un mélange entre étrangeté et sérénité : c'est un peu onirique, avec cette petite pointe charmante d'absurdité. J'ai aimé cette espèce de mise en abyme, de "poupée gigogne" de la fiction, de réflexion sur les liens qui unissent fiction et réalité, cette ode à l'art et à l'imaginaire. C'est un livre un peu audacieux, sur le fond comme sur la forme, et d'une manière générale, j'aime ça. Mais j'avoue, il m'a manqué quelque chose, quelque chose d'insaisissable et d'indéfinissable : ce ne fut pas le coup de cœur que j'attendais à la lecture du résumé et des premiers chapitres. Peut-être parce que finalement, une fois passée le plaisir de la découverte, une fois passée également la surprise de la révélation, tout s'effiloche et s'achève très rapidement : il y avait beaucoup à faire avec ce concept, mais ça donne le sentiment que l'auteur a eu peur de l'exploiter jusqu'au bout, qu'il a préféré le faire s'effondrer sur lui-même le plus vite possible car il ne savait pas comment se dépatouiller avec. Et c'est dommage, car avec sa belle plume, il aurait vraiment pu en faire quelque chose de plus grandiose, de plus profond encore, de plus captivant encore. J'ai trouvé ce livre très beau, mais je reste un petit peu sur ma faim : la fin, particulièrement, a été précipitée, pour ne pas dire bâclée ...
- La brume l'emportera de Stéphane Arnier
→ Là, par contre, ce fut un coup de cœur ! J'ai vraiment trouvé ce roman absolument fabuleux. C'est de la bonne fantasy, à la fois très "classique" et très originale, qui met l'accent non pas sur l'action (malgré quelques passages qui bougent bien) mais sur l'émotion et la réflexion. L'univers est parfaitement bien campé, on rentre très rapidement dans ce monde grignoté par cette brume étrange, on est vite happé par cette urgence à grimper, toujours plus, toujours plus vite, dans l'espoir d'échapper à ce brouillard dévoreur, dans l'espoir fou qu'il s'arrêtera avant d'avoir mangé le monde entier. J'avoue, je ne regarde plus la brume matinale de la même manière, maintenant ... Mais plus encore que l'univers, la forme de ce roman, ce sont les personnages : des personnages profondément "vrais", des personnages qui font des erreurs, qui font des choix égoïstes parfois, des personnages qui doutent et qui ont peur, des personnages qui n'ont rien de héros, et c'est le genre de personnages que j'apprécie de plus en plus. Ils se débattent avant toutes choses avec leur passé, ce passé qui les hante mais qui est en quelque sorte constitutif de leur identité : que serions-nous sans notre passé, sinon des coquilles vides sans expériences de la vie ? C'est d'ailleurs ce petit côté philosophique qui m'a le plus plu, je pense : j'aime de plus en plus les récits qui font réfléchir, et j'ai été servie avec ce roman ! Je dois toutefois reconnaitre qu'après quelques semaines de recul, l'émotion est un peu retombée, il ne m'a pas forcément touchée aussi profondément et longtemps que je l'imaginais en tournant la dernière page.
Vous l'aurez donc compris, je voterai pour La brume l'emportera le moment venu !
