#1 16 Janvier 2010 15:10:57
Voilà un moment que l'envie me trotte dans la tête et j'ai enfin décidée de le faire. Je n'ai jamais beaucoup écris mais il y a un texte qui est vraiment important pour moi. Et j'ai décidé de le partager avec vous aujourd'hui pour finir le cheminement qui m'a poussé à l'écrire.
Je l'ai écris il y a 6 ans alors que j'étais en pleine dépression. Alors même que je ne savais pas que j'en faisais une, ce texte a été parmi les premiers actes qui m'ont permis d'en sortir. Je l'ai écris d'une traite et je ne l'ai jamais relu mais j'ai toujours su où il était. Je n'ai jamais pu le relire et personne n'était au courant de son existence. Aujourd'hui, pour exorciser mon passé, je vous le présente, tel quel. Sachez qu'il n'est pas joyeux et qu'il reflète mes pensées de cette époque.
Voici, Solitude.
C’était un jour banal. J’étais un peu fatiguée certes, mais rien de bien inquiétant. Le lendemain j’avais 39 de fièvre. Une grippe sûrement. Je suis donc allée voir le docteur, tout ce qui a de plus banal. Mais ça n’avait rien de banal : deux jours après j’étais à l’hôpital. Ma mère, si solide, me semblait détruite de l’intérieur : les médecins ne savaient pas ce que j’avais. Mon père ne plaisantait plus, mon frère ne souriait plus. Ils ont eu beau faire toutes sortes d’analyses, les médecins ne comprenaient pas, ils ne savaient pas.
Au bout de quelques jours, mes amies n’ayant plus de nouvelles, elles appelèrent chez moi, et là ce fut le choc. Le lendemain elles vinrent me voir, pas toutes évidemment, celles qui comptaient le plus, mais avec un petit mot des autres. Je fus touchée car je ne faisais pas grand chose entre ma tonne de bouquins que l’on m’avait apportée et la télé. Mais plus les semaines passaient moins elles venaient. On pensait toujours à moi mais je fus isolée dans ma petite chambre blanche.
Bizarrement je n’étais pas triste, je n’avais pas peur de mourir, car même si on ne m’avait rien dit mais je savais que j’allais mourir. C’est comme si tout devenait clair : j’avais toujours senti que ça ne servait à rien de prévoir où j’allais être dans 10 ans, c ‘était le néant. Et puis, bien que j’aimais ma famille profondément, rien ne me retenait sur Terre : le grand amour a toujours été un rêve et l’amitié me fuyais entre les doigts. J’avais l’impression d’être nulle part à ma place et que partout on était en petit groupe et que moi j’étais seule. Toujours seule. D’autres vinrent me voir mais je m’en fichais maintenant : plus rien n’avait d’importance, plus rien ne me retenait. Je sentais que les liens que j’avais avec les gens étaient inutiles et fragiles. Je les ai volontairement brisés. Personnes n’attachait de réelle importance à moi, à ce que j’étais. La seule peine que j’ai pu ressentir était pour ma famille : mais les liens de la famille ne sont pas inébranlables. Il fallait qu’ils acceptent mais ma mort puisque j’y étais moi même résolue. Au fil des semaines je devins de plus en plus faible et j’ai fini par me murer dans le silence. A quoi me servais-t-il de parler ? J’attendais simplement la fin, le jour où je ne me réveillerais pas.
La mort est proche maintenant, je la sens tout près et je suis soulagée. Je ne marquerais pas cette terre de mon empreinte mais bizarrement je sens que j’ai accompli ma Tâche. Si j’écris ce soir, c’est pour que les larmes de mes parents, de ma famille, n’aient pas coulées en vain, pour qu’ils puissent comprendre pourquoi je ne me suis jamais battue. A quoi cela aurait servi que je souffre inutilement pour une vie où personne ne faisait attention à moi ? J’ai toujours au ce côté effacé, et personne n’a jamais compris qu’il fallait venir, me parler, me prendre dans ses bras.
Je t’ai aimé papa, je t’ai aimé maman, je t’ai aimé mon frère, mais cet amour là n’aurait pas pu me tenir en vie. Je suis désolée de vous avoir fais mal mais rien ne m’attend plus ici bas.
Adieu à tous.