[Débat] Décision d'avoir des enfants

 
  • 234 Sonia 135

    Apprenti Lecteur

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    #11 20 Mars 2021 10:30:09

    Bonjour à tous,

    Tant de bienveillance dans les post. Merci pour vos témoignages et à Julie d’avoir lancé le débat.

    C’est un sujet que j’aborde peu de crainte d’un jugement non tolérant.
    Cependant, je sens que je peux me lancer ici.

    Avant de vous donner mon point de vue sur la question, voici quelques faits sur moi qui pèse dans la balance de mon choix:

    - J’ai 35 ans.
    - Je suis née avec une cardiopathie congénitale qui a entraîné une trombose de l’oeil ainsi qu’une cécité de celui-ci et une photophobie aux lumières artificielles à 31 ans. (D’où mes phrases rapides et courtes car je ne peux rester les yeux sur un écran sans risque)
    - Je suis une IAD (individu à donneur) autrement dit mon père biologique est un donneur anonyme.
    - J’ai appris cette infos à 25 ans.
    - Mes parents ont divorcé quand j’avais 13 ans, juste après ma troisième opération cardiaque.
    - Je vis seule, avec deux chats, un serpent et des souris.
    - En création d’entreprise.
    - Je vis avec le soleil pour ne pas allumer les lampes. (Photophobie)

    Ma décision est de NE PAS avoir d’enfant.

    Pour l’enfant qui ne naîtra pas:
    Je souffre tellement d’être une IAD que je ne souhaite pas lui transmettre cette incertitude.
    De plus, ignorant mes gênes paternels, il se peut que le futur père soit mon demi-frère. La consanguinité n’est jamais bonne. (Et si vous vous dite que la loi peut nous aider à le savoir, détrompez-vous!)
    Enfin, j’ai déjà des gênes « non-sains », j’ai beaucoup souffert de mes maladies ou handicaps. Certes, à présent j’ai appris à vivre avec. Néanmoins, Je ne souhaite pas transmettre cette héritage à autrui.
    Je conclu en disant que j’ai été dépressive suite à l’annonce du « secret familiale » sur ma naissance, je souffre de la peur de l’abandon et su manque. Je suis donc exécrable en couple et fait fuir tous mes partenaires. Inutile de donner un futur divorce douloureux à un enfant qui ne naitra pas et qui n’a rien demandé.

    Pour moi:
    Une grossesse est un énorme bouleversement corporel et hormonale. Si la pilule est déconseillée pour les cardiaques ce n’est pas pour rien. Je ne souhaite donc pas me mettre d’avantage en danger. (Ou de mettre au monde un orphelin)
    (Je réfléchi sur ce sujet depuis mes 22ans sous les conseils de mon cardiologue)
    Ma manière de penser veux un accouchement par voie basse mais les médecins m’ont dit que ce serais césarienne direct sinon synonyme de mort.
    Je suis, à présent, sous traitement anti-coagulant, contre indiqué pour une grossesse.
    Mon corps a besoin de calme et de repos. C’est physiologique, la fatigue entraine des AIT et malaises cardiaques et je suis hyperacousique. J’ai appris à écouter mon corps et vivre comme il en a besoin pour le préserver. Tous ceci est inconcevable durant les premières années de vie d’un enfant, qui devra « passer en premier ».
    Et enfin, l’aspect financier. C’est le yoyo financièrement. J’ai tellement appris à vivre avec peu que j’en suis presque au point de vivre en forêt sans électricité ni eau courante. Les services sociaux me retirerais l’enfant dès sa sortie de mon ventre!

    J’en ai donc conclu que « je n’aime pas les enfants ».
    Phrase un peu toute faite mais qui cache beaucoup de raisons.
    Pour autant, cela ne pas empêcher d’être animatrice en centre aéré, de m’occuper de mes cousins ou d’accueillir des amis avec un bébé.
    Je sais vivre en société et m’adapter à elle si besoin. Mais il est vrai, que je préfère la solitude et les discussions entre adulte que les cris ou les interruptions répétés des enfants.

    Pour ma manière de penser:
    Pour les êtres vivants, « Engendrer » signifie transmettre ses gênes et son savoir ainsi que faire survivre l’espèce.
    J’estime que notre espèce est déjà en surnombre. Et mes gênes ne sont pas à transmettre.
    De plus, quel avenir donner en ce monde à un enfant qui n’a rien demandé? (Oui, c’est un point sensible le « qui n’a rien demandé », due à ma condition d’IAD cardiaque et malvoyante, un point difficile pour moi à pardonner) Mais là, on s’écarte du sujet.

    Pour le savoir et les connaissances, je les transmet donc à d’autre.
    Vivre avec peu, spiritualité, artisanat d’art, mode de vie sans frigo, randonnée, lecture, bivouac... bref. Je partage sans retour à qui me demande ou veux apprendre.
    J’ai créé un compte instagram pour ça (un défi avec mes yeux), des chroniques de livre en vidéo et j’écris un livre sur mon parcours.
    Ma joie et mon bonheur sont dans les « merci » de ceux qui ont appris de moi.« Merci » car ce « savoir » les a aidé à un moment de leur vie.
    Je crois que ce sentiment s’appel « la fierté ». C’est un sentiment puissant que tous parents devraient ressentir dans sa vie. Et c’est avec beaucoup de gratitude que je le dis, puisque je l’ai vécu.

    Je suis contente que ce post soit proposé.
    En tant que « personne qui ne veux pas d’enfant », j’en ai assez de m’entendre répondre « tu verras quand tu aura les tiens, tu changera d’avis ». Quoi répondre à ça?
    C’est sans doute pour ça que je n’aborde pas souvent le sujet.

    Merci encore de nous avoir donné la parole.

    Courage à tous et à toute et surtout portez-vous bien.
  • Well-read-kid

    Super-Livraddictienne

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    #12 31 Août 2021 17:45:15

    Si ça peut rassurer les nanas OPK du topic (j'en ai vu au moins deux), je le suis également, et j'ai aujourd'hui deux beaux enfants.

    Pour moi, c'était impensable de ne pas avoir d'enfant.  J'ai eu très peur en étant diagnostiquée OPK mais au final, tout s'est bien goupillé, même si, forcément, avec des cycles très irréguliers, c'est plus compliqué de tomber enceinte.
  • Mariongeo

    Magicien des lignes

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    #13 07 Avril 2022 12:01:03

    Bonjour,

    Je tombe sur ce topic un peu par hasard, et je suis surprise de voir autant de bienveillance et de compréhension. Alors je vais aussi écrire mon ressenti sur cette question, même si ce n'est pas facile pour moi.

    J'ai 25 ans, j'ai toujours voulu avoir des enfants, au moins un, en fait ça me paraissait normal.
    Et puis j'ai rencontré mon copain à l'âge de 21 ans, plus âgé que moi, il a du coup deux enfants d'une précédente relation (8 et 10 ans à l'époque). Au début de cette relation, je n'avais qu'une hâte, c'était d'avoir un bébé avec cet homme. Et puis j'ai commencé à comprendre que ce serait difficile, parce que ses deux enfants prenaient beaucoup de place dans notre relation, ce qui est normal, mais c'était beaucoup trop pour moi. Donc j'ai commencé à me dire qu'il n'y avait pas de place pour un troisième enfant, même si mon copain me disait le contraire. J'ai emménagé avec lui, donc j'ai vu la réalité de la parentalité, et ça ne m'a pas plu du tout. A partir de ce moment, le désir d'avoir un enfant s'est envolé.
    Aujourd'hui je suis toujours avec cet homme, et ce désir d'être maman a complètement disparu. Il voudrait avoir un enfant avec moi, mais moi ce n'est pas envisageable.

    Le problème c'est qu'aujourd'hui je ne sais pas pourquoi. Est-ce que c'est ma relation actuelle qui m'empêche de vouloir un enfant (cad une situation où il y a déjà deux enfants et que même si je m'entends bien avec eux, et bien ça ne me donne pas du tout envie) ou est-ce que ce non désir d'enfant va rester là, peu importe comment évolue ma vie sentimentale ? Je n'ai pas la réponse à cette question et c'est très difficile pour moi.

    Ce que je sais, c'est que si un jour je dois avoir un enfant, je n'en veux qu'un. Je suis fille unique, je n'ai pas eu l'habitude de vivre entourée d'enfant, et ce n'est pas quelque chose que j'apprécie. Toutes les fraternités que je connais ne s'entendent pas, se mettent sur la g***, et moi ça je ne veux pas. Je n'aime pas le conflit, je ne veux pas d'une vie où je dois faire la police constamment entre mes deux enfants.

    Et puis il y a cette  question du changement climatique. Je travaille dans le domaine de l'eau et du risque inondation, je participe à des conférences sur les effets du changement climatique, et c'est glaçant. J'y pense beaucoup aussi...

    C'est tellement bizarre, je ne suis pas attirée par les enfants. J'ai un filleul de 2 ans que j'aime, mais ce n'est pas du tout naturel pour moi, je suis maladroite. Je suis bien plus "attirée" par un chat que par un bébé quoi... Je ne suis pas sûre d'avoir cette fibre maternelle et c'est terrifiant...

    Tout ça pour dire que je ne suis pas tout à fait à l'aise avec ce non-désir de maternité, ne sachant pas trop si c'est à cause de ma vie actuelle ou si c'est vraiment ancrée en moi définitivement...
  • Mana_

    Administratrice

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    #14 07 Avril 2022 12:25:03

    Moi ce qui me terrifie, c'est que tu trouves ça "terrifiant". Pourquoi une femme devrait-elle forcément avoir la fibre maternelle ?

    Je comprends que tu peux te sentir en décalage avec la "norme".
    Seulement ton non-désir d'enfant, ben c'est TON choix, TON ressenti actuel. Peut-être que ton avis changera dans le temps, mais pourquoi se poser des questions et le vivre mal maintenant ? Si pour le moment tu ne ressens pas cette fibre maternelle, c'est ainsi et il ne faut pas lutter contre ça. Sinon c'est là que tu crées du mal être.

    Cela dit, je comprends parfaitement ta comparaison entre la maladresse de s'occuper du filleul et l'amour porté à un chat car je le vis également. Et mon frère qui me répète (gentiment) dès que je tiens mon neveu de cinq mois dans les bras : "ben alors, ça te donne pas envie d'en avoir un ?". Bah non en fait, juste non. J'aimerais tous les neveux et nièces que j'aurai mais de là à en pondre un "rien qu'à moi", ça ne me tente pas du tout. Par contre, mon chat, je l'aime d'amour, à le câliner et à le papouiller toutes les heures ;)

    Bref, tout ça pour dire que c'est normal de se sentir différente (on est tous uniques après tout) mais qu'il faut t'accepter telle que tu es, y compris accepter tes décisions et tes choix et peu importe s'ils changent à l'avenir. Ce qu'il faut, c'est être bien dans tes baskets au moment T =)
  • Mariongeo

    Magicien des lignes

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    #15 07 Avril 2022 14:12:12

    Merci pour ton message @Mana_ :heart:

    Je pense que c'est le fait d'avoir pensé pendant 21 ans de ma vie que je serai mère un jour qui me donne du mal à accepter que je puisse changer d'avis.

    Et tout le monde autour de moi qui me dit "un enfant ça donne un sens à ta vie il te faut en faire un absolument" (mon copain et ma propre mère me disent ça...). C'est usant. Je n'ai pas d'enfants et j'ai un sens à ma vie : j'ai des passions, j'ai deux chats qui comptent sur moi, j'ai des amis que j'aime de tout mon coeur, une famille. Bien sûr que j'ai un sens à ma vie bon sang !
  • Olive-oued

    Petit rat de bibliothèque

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    #16 07 Avril 2022 14:35:55

    Mariongeo a écrit

    "un enfant ça donne un sens à ta vie il te faut en faire un absolument"


    C'est clairement la phrase que je ne supporte plus. Comme si une femme, et plus largement un couple, pouvait ne pas avoir un sens à leur vie parce qu'ils n'ont pas d'enfant.

    Je suis en couple depuis 12 ans et si au début on avait pas d'avis trop tranchés, depuis déjà quelques années pour nous les enfants c'est non. Trop de contraintes, trop chronophages. Et un monde et un avenir trop incertains.
    Mais surtout, nous ne ressentons absolument pas cet instinct parental. Rien ne nous manque dans notre vie, on a pas ce vide que peuvent ressentir certaines personnes qui ont une forte envie d'enfants.
    Nous ne sommes absolument pas attirés par les enfants, surtout moi. Je ne gagatise pas devant un nouveau né. Par contre mets moi un chat ou un chien en face et c'est  bon.
    Nous faisons l'effort pour nos amis les plus proches de nous intéressé à leurs enfants, de les gâter, de leur faire partager nos passions. Mais on ne ferait clairement pas ça tous les jours.

    Paradoxalement, nos parents respectifs ont beaucoup plus compris notre choix (à croire que dans le cas de mon père, si c'était à refaire, il s'en passerai peut être) que certains de nos amis. Qui d'ailleurs ont coupé les ponts avec nous à cause de ça.

    Donc oui, écoute toi. Tu es jeune, tu peux changer d'avis comme ne pas changer d'avis. Tu as déjà changé d'avis une fois d'ailleurs. Et c'est normal. Avec le temps, on murit, on voit les choses autrement. Être confronté à la parentalité peux t'avoir ouvert les yeux. Ou peut être que ça viendra plus tard. Bref, accepte tranquillement ton choix, envoie bouler ceux qui le comprenne pas et tu verras plus tard ;)

  • Mariongeo

    Magicien des lignes

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    #17 07 Avril 2022 14:44:37

    Merci beaucoup. :heart:

    Je trouve ça complètement dingue qu'on puisse perdre des amis pour ça, pour nos choix, qui n'impactent en aucun cas la vie de nos amis. Je ne comprends pas...
  • Olive-oued

    Petit rat de bibliothèque

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    #18 07 Avril 2022 14:50:07

    Mariongeo a écrit

    Merci beaucoup. :heart:

    Je trouve ça complètement dingue qu'on puisse perdre des amis pour ça, pour nos choix, qui n'impactent en aucun cas la vie de nos amis. Je ne comprends pas...


    Oh on s'est beaucoup posé la question avec mon conjoint sur ces amis qui s'éloignent pour un jour ne plus donner de nouvelles.Mais pour certains, le fait que nous n'ayons pas d'enfants nous empêche de les comprendre eux. Ils passaient leur temps à nous dire qu'on avait de la chance de pouvoir faire des grasses mat ou de partir en vacances. On déclinait certaines journées avec eux quand c'était des journées genre cirque ou parc pour enfants.
    Nous n'avons pas à tout prix tentés de reprendre contact parce que j'avoue que les reproches sur nos grasses mat entre autres nous a un peu fatigués :lol:

  • Riz-Deux-ZzZ

    Community manager

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    #19 07 Avril 2022 15:53:12

    Il faut aussi se dire que la relation "belle-mère/beaux-enfants" n'est pas la même que celle "mère/enfant".
    Je suis un peu dans la même situation que toi : j'ai rencontré mon copain actuel il y a un an, il a déjà 3 enfants dont 2 tous les week-ends (qui va sans doute se transformer en 1 semaine sur 2 d'ici peu). Je ne me vois pas avoir d'enfants pour le moment pour de multiples raisons, ça changera peut-être un jour, ne jamais dire jamais. Mais je me rends de plus en plus compte que ce qui me dérange réellement dans la maternité, ce ne sont pas forcément les enfants mais plutôt la grossesse (en mode +++) et les 2 ou 3 premières années des enfants, ce sentiment très fort d'avoir une vie entre les mains sans vraiment de "retours relationnels" alors que j'adore les gamins quand ils commencent à pouvoir avoir une conversation.
    J''aime cette relation qui s'apparente plus à une relation de tata ou de marraine, quelque chose qui reste plutôt positif et qui n'implique pas, pour mon cas, le côté contraintes/punitions ni ce sentiment d'être totalement responsables d'eux.
  • Nathalie

    Ex-Team

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    #20 08 Avril 2022 13:46:15

    Bonjour ! Je trouve cette discussion très intéressante, et pour un sujet aussi sensible et personnel, il reste très accueillant avec des témoignages dans tous les sens, c'est très chouette à lire  :)

    Normalement j'aurais tendance à dire que le désir d'enfant c'est quelque chose de tellement personnel que les témoignages d'autres personnes n'aident pas vraiment à faire son choix à soi. Décider de devenir parent c'est faire un énorme saut dans le vide, c'est s'engager à vie sans avoir lu le contrat, il n'y a rien de pareil. On ne sait pas quel enfant on aura : l'expérience sera très différente suivant que l'enfant est en bonne santé ou non, s'il a un caractère qui s'accorde au sien (par exemple, un enfant très exhubérant par rapport à des parents qui ont besoin de calme), etc. On ne sait pas non plus comment on sera en tant que parent : est-ce qu'on va aimer jouer avec l'enfant ou s'ennuyer tant qu'il/elle ne parle pas, est-ce qu'on va bien supporter la fatigue, est-ce qu'on sera constamment angoissé ou plutôt relax, etc - et même si on fréquente beaucoup d'enfants, impossible de savoir vraiment comment ça se passera avec le sien. En tant que mère on ne peut pas non plus savoir comment on vivra la grossesse ou le post-partum, physiquement et moralement. On ne sait pas non plus combien on va être aidé par son entourage, si le père va prendre sa place et ses responsabilités, si les grands-parents et autres sont prêts à babysitter ou au contraire vont vous pourrir la vie, etc. Bref, c'est un risque comme aucun autre, une décision qu'on fait tout à fait à l'aveugle et avec laquelle on va devoir vivre toute sa vie. Et le choix de prendre ce risque est une question purement personnelle qui ne devrait jamais être remise en question par les autres. On ne devrait même pas avoir à donner nos arguments parce qu'en l'absence de données, c'est vraiment un choix qu'on fait avant tout avec les tripes, personne d'autre ne peut vraiment comprendre.

    Ceci dit, je vais quand même donner mon expérience, parce que j'ai l'impression que je me suis trouvée un peu des deux côtés de la barrière  :D  Je suis avec mon compagnon depuis que j'ai 24 ans, et on a mis pas moins de 13 ans avant de se décider à avoir un enfant. Je n'étais pas complètement contre l'idée d'en avoir, mais tout ce que je voyais et tout ce qu'on me disait donnait l'impression que c'était un sacerdoce, que la vie de parent était l'enfer complet. Ma mère n'avait pas une minute à elle (mon père était plutôt à l'ancienne, il n'a jamais changé une couche), ma meilleure amie a eu beaucoup de mal à supporter les premières années de sa fille qu'elle adore au point de ne plus en vouloir d'autres, ma soeur a deux enfants et depuis la naissance du premier je ne l'ai jamais vue sans qu'elle soit fatiguée et débordée, sur les réseaux sociaux les parents ne parlent que d'à quel point la fatigue des premières années est intenable, on dit des trucs genre "Ah tu es enceinte ? Profite de ta vie maintenant parce qu'après c'est fini les vacances, les grasses matinées, le temps libre, les loisirs,...". Par contre les arguments "pour" sont toujours hyper vagues : "l'amour que tu lui portes vaut tous les sacrifices"... mais ca ne donne pas trop envie, d'autant plus que j'avais du mal à imaginer aimer un petit être comme ca que je ne connais absolument pas, au fond.

    Attention, je ne dis pas que c'est pas une bonne chose que les mauvais côtés de la maternités soient un peu dévoilés : je pense qu'il y a une génération de parents qui ne savaient pas à quoi s'attendre et qui ont bien morflé ! Mais entre les informations qui circulent beaucoup mieux maintenant, la contre-balance de ceux qui ont eu des mauvaises surprises, et les exagérations en mode "les parents ce sont des warriors", perso je n'ai été exposée qu'aux informations négatives. Donc mon impression c'était qu'avoir des infants c'est sympa quand ils ont grandi mais il faut être prêt à être profondément malheureux, fatigué, sans aucun plaisir perso pendant pas mal d'années, et aussi abandonner complètement la vie qu'on a vécu jusqu'à présent. J'étais heureuse sans et vraiment pas pressée  :D

    Puis vers 35 ans je me suis dit que ca commencait à être maintenant ou jamais, et après avoir bien réfléchi encore deux ans, on s'y est mis, presque à contre-coeur, et en tous cas avec beaucoup d'angoisse de mon côté. Mon homme aurait bien attendu encore un peu mais il a dû se plier à mon horloge biologique. Et en fait ca s'est super, super bien passé. J'ai bien aimé être enceinte (je croyais que je détesterais). La naissance s'est bien passée, le postpartum aussi, et même si bébé a eu un gros souci qui a nécessité une intervention chirurgicale à trois semaines, il était en très bonne santé après ca. Il a aussi été vraiment facile quand son problème de santé a été réglé. J'ai découvert que j'ai tout de suite adoré mon bébé, que je n'étais absolument pas une maman stressée, que les nuits hachées ne me posaient pas de problème, que j'aimais vraiment passer du temps avec bébé même quand les jeux se limitaient à lui apprendre à attraper ses orteils, que mes beaux-parents étaient des grands-parents géniaux et trop contents de s'en occuper régulièrement pour nous laisser du temps à nous (mes parents habitent loin), que mon compagnon était un papa impliqué et super à l'aise dans son rôle... Bref, on a eu énormémement de chance. Et j'arrête pas de dire que c'est de la chance et rien d'autre, je n'ai aucun mérite, ca aurait pu se passer totalement autrement et devenir un enfer - mais bizarrement peu de gens me croient quand je dis ça.

    Ma mère me dit encore souvent "ah la la ta vie a complètement changé maintenant que tu as un enfant, non ?" et à chaque fois je lui dis "non, vraiment pas, c'est la même vie mais à trois et c'est justement ce que j'espérais !".  J'étais heureuse avant, je suis persuadée que j'aurais pu continuer à être heureuse sans enfant, j'ai pris un énorme risque, et j'ai eu la chance de découvrir que je suis encore plus heureuse maintenant. Du coup maintenant on essaie de mettre le numéro deux en route, parce que je n'ai plus le moindre doute que nous sommes de bons parents et aussi des parents heureux et qu'on le serait encore un peu plus (tous les trois) avec un autre enfant. Et bien entendu, because karma is a bitch, la machine ne fonctionne plus, donc on va voir si la médecine peut nous aider, et c'est pas franchement facile à vivre.

    Bref, mon point de vue sur tout ca c'est que j'admire énormément
    - les gens qui sont sûrs qu'ils veulent un enfant ou ne veulent pas d'enfant, parce qu'être capable d'avoir une opinion tranchée sur une question si compliquée, c'est assez impressionnant ;
    - les gens qui ne savent pas trop, qui stressent, qui s'inquiètent et qui changent d'avis, parce que je sais que c'est la décision la plus difficile à prendre de toute sa vie ;
    - les gens qui voulaient des enfants et se rendent compte que ça les rend malheureux ou que c'est plus difficile qu'ils ne pensaient, parce que eux ce sont de vrais warriors du quotidien ;
    - les gens qui veulent des enfants et n'en ont pas, parce que là maintenant j'ai une petite dose de ce que vous ressentez (en moins grave vu que j'ai déjà un enfant) et c'est aussi l'enfer.

    Bref, bravo à tout le monde !  :vainqueur: