Bible de l'art roman
Jacques Loubatière2010

Synopsis

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«Comme approchait la troisième année qui suivit l'An Mil, on vit dans presque toute la terre, mais surtout en Italie et en Gaule, rénover les basiliques des églises ; bien que la plupart, fort bien construites, n'en eussent nul besoin, une émulation poussait chaque communauté chrétienne à en avoir une plus somptueuse que celle des autres. C'était comme si le monde lui-même se fut secoué et, dépouillant sa vétusté, ait revêtu de toutes parts une blanche robe d'église.»
Cette affirmation du moine Glaber, traduite ici par Georges Duby, fut souvent mobilisée pour expliquer l'extraordinaire frénésie du désir de construire qui s'empara de l'Occident chrétien au moment de l'an mil. Cet enthousiasme fut ensuite compris de façon très différente selon les commentateurs du texte de Glaber. Pour certains, il fut l'expression de la foi profonde des hommes contemporains de la période considérée comme cruciale du millénaire, anniversaire de la mort du Christ, temps eschatologiques annoncés. On sait maintenant que l'idée de la peur millénariste si souvent évoquée n'a germé que dans la tête des commentateurs romantiques du XIXe siècle. Pour d'autres, par contre, il fut l'annonce de temps meilleurs permettant à une société nouvelle de naître et de se structurer, que Georges Duby qualifiera de «printemps du monde».
Malgré les destructions nombreuses que les vicissitudes de l'histoire imposent au génie humain, mouvement entropique inévitable qui fait d'un mur un tas de pierres, mais aussi par la volonté des hommes de gommer une partie de leur propre histoire soit par vengeance, soit par mode, le résultat est là : innombrables sont les édifices visibles aujourd'hui, modestes ou grandioses, avec ou sans décor, fragiles havres de paix ou puissantes constructions témoignant de l'arrogance des grands du royaume ou de l'Église.
Depuis quelques décennies, un intérêt constant s'est développé pour la conservation et la restauration de ces témoins de l'époque médiévale, avec plus ou moins de bonheur si l'on en croit certains historiens de l'art. Qu'importe ! Bien des édifices aujourd'hui visibles ne le seraient plus sans le travail amoureux, systématique et patient des hommes de notre temps.
Chaque édifice mérite une halte, un regard, une attention particulière, l'envie de parcourir l'espace et le temps, de lire dans la pierre les peurs, les espoirs, les questions que tout homme porte en lui depuis la nuit des temps.
Mon parcours personnel dans ce livre de pierre ouvert sur le questionnement humain débuta par les sites languedociens et provençaux. Ils éveillèrent ma curiosité et mon désir de rencontre avec ces bâtisseurs d'un autre temps. J'en interrogeais les formes, j'en comprenais le sens, j'en goûtais la beauté, autant d'interpellations passionnantes, mais c'est à Saint-Michel d'Aiguilhe que j'acceptais le petit reste de mystère. Mystère qui m'invitait à poursuivre ma quête.
En effet, qui ne connaît pas cette lame de lave expulsée des entrailles de la terre, qu'impudiquement le temps a dénudé comme le désert un os, ne laissant que l'essentiel dans la mémoire, doit s'arrêter un jour au pied du dyke qui porte l'édifice.

1 édition pour ce livre

2010 Editions Ouest-France

Française Langue française | 670 pages | Sortie : 16 mars 2010 | ISBN : 2737348986

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