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Mais la manie des effeuillages verbaux est peut-être encore plus patente aux fils de cet Embrouillamaxi que dans les Grenailles errantes. Ou alors, ce qui se radicalise, c’est le désespoir ricanant sur lequel débouchent les jeux de mots et les contrepèteries. Un « humour noir rosé », sans doute, cynisme où amour des hommes et misanthropie sont souvent synonymes. Ainsi ce (misogyne, cette fois) « Bonjour à ta compagne et à salade… » assez pertinent. D’ailleurs, la citation de Flaubert qui ouvre le recueil (sur la vie qui pue à faire vomir) ne nous en conte pas. En effet, il y a pas mal de spleen dans ce recueil, ou plutôt de cafards (animaux domestiques qu’il faudrait bien songer à apprivoiser). On notera aussi une volonté d’aller puiser dans des textes subversifs (même si demeure toujours le hasard des découvertes et, surtout, l’éloge de ce hasard), ainsi que de roboratifs appels à l’insoumission (verbale, pour commencer). Autre curiosité chez ce gars prolixe et ce fieffé blagueur : un éloge constant du silence, sous (si j’ose dire) toutes ses formes : « En désespoir de cause toujours ! », « Rira longtemps qui rit sous cape », « on ne nourrit pas les affamés en écrivant des tartines », « qui ne dit mot ne manque pas nécessairement de parole », « soit dit en passant sous silence », etc. Mais peut-être André Stas nourrit-il l’ambition de devenir taciturne, « parce qu’il n’a pu s’empêcher de déceler dans « faconde » à la fois « fat » et « con. »» ?
Bref, si vous vous sentez en passe d’agoniser d’ennui, lisez L’Embrouillamaxi. Vous aurez tout loisir d’y admirer, en prime et ce n’est pas rien, quinze dessins de Roland Topor. Une dernière petite chose : il me semble que si les fragments des Grenailles finissaient par élaborer, sans en avoir l’air, une histoire de l’artiste (ou en tout cas dessinaient un bout de son parcours), L’Embrouillamaxi en dresse plutôt le portrait (pensif, dégoûté, loufoque). Maintenant, il ne nous reste plus qu’à suivre l’un des plus sages conseils qui ponctuent le recueil : « Fermons nos gueules et faisons-le. »
1997 Editions Les Marées de la nuit
Langue française | 76 pages | ISBN : 0000000000000
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