[Suivi de lecture] Ravan

Coucou à vous deux,

Finalement, je me suis lancé dans une autre lecture ! J'avais peur de frôler l'overdose, alors j'ai préféré mettre Druss, la légende de côté et d'y revenir plus tard pour profiter pleinement de la lecture. En effet ! David Gemmell est un écrivain de fantasy d'exception, l'un de mes préférés :3
J'espère que Waylander saura te conquir @Milina, et je suis ravi que mon avis t'ai plu ! Légende est pour moi l'un des meilleurs (pour le moment), je te souhaite bonne lecture dans la suite de cette série @Telesia

Salutation,

Aujourd'hui, je reviens avec un long avis sur la série complète d'Innocent ! Vous pouvez retrouver cet avis, avec une belle mise en page et quelques illustrations sur mon blog. En tout cas n'hésitez pas à me donner vos retours, je suis encore tout nouveau dans ce milieu. Tout conseil est bon à prendre !

Lectures terminées

Innocent tome 1,2,3,4,5,6,7,8 & 9 de Shin'Ichi Sakamoto 100%
[Série terminée] (Fiche BBM)

Avis :

Cette série m’attirait depuis de nombreuses années, notamment pour le côté historique et sombre de l’intrigue. Suivre l’histoire de la famille d’exécuteurs Sanson est une idée excellente, qui permet d’en apprendre plus sur cette profession mais également sur les hommes. Le mangaka annonce, dès le début, avoir pris des libertés. Cela m’a encouragé à me documenter en parallèle sur la période historique, ainsi que sur les personnages établis dans l’intrigue, afin de discerner ces différences. Un agréable mélange entre fiction et réalité.

Les dessins sont magnifiques et très réalistes. Des traits vifs marqués par une douceur et une cruauté sans précédent. La beauté est amplifiée avant d’être réduite à néant. Nous plongeons directement dans les rues de Paris au XVIIIème siècle. La pauvreté, la cruauté, la souffrance, tout comme l’excessivité, le plaisir et l’envie sont mis à nus avec une certaine humilité. Le lecteur est face à des scène atypiques, d’une grande violence mais représentant une réalité révolu (en France). Nous assistons à des scènes de torture, réalisées aussi bien sur des adultes que sur des enfants. La violence envers les enfants était considérée comme légitime à l’époque. L’enfant n’était qu’une propriété interchangeable du paternel dont il pouvait disposer à son souhait. L’histoire de Charles-Henri Sanson nous fait comprendre cette injuste et non-concevable fatalité du XVIIIème siècle. Nous sommes également confronté à des scènes sexuelles, consentis ou non. Les dessins peuvent être suggérées, comme très explicites. Ainsi, ce livre s’adresse véritablement à un public averti.

A titre personnel, le premier tome est construit pour représenter la perte de l’innocence de Charles-Henri Sanson. Nous rencontrons un jeune homme de 14 ans, honteux et sensible aux actes commis par sa famille et à sa réputation. Contraint, il finira par accepté son héritage sans pour autant arrêter ses larmes. L’acte symbolisant cette perte de pureté est représenté par le baiser échangé avec son ami Jean. Un acte défendu, mais précieux. Il ne cessera de clamer ses idéaux de justice, de liberté, ce qui lui causera de graves ennuis. Cet acte de rébellion sera payé au centuple l’amenant inévitablement à sa premier exécution.

La première mise à mort de Charles-Henri Sanson est un véritable massacre, faisant ressortir son inexpérience ainsi que ses émotions. La haine, la tristesse et l’impuissance transparaissent à travers chaque coup du jeune homme. De part son réalisme, la scène est d’une grande violence. Pour les plus sensibles, attendez-vous à être parcouru de sensations désagréables. Toutefois, les éléments les plus sanglants sont censurés à travers des métaphores, comme le fruit qui éclate. Cette scène est le point d’origine d’une rumeur concernant le véritable Charles-Henri Sanson. Cette rumeur rapporte le fait que l’homme prenait du plaisir à tuer les personnes. Cependant, il est également établi dans l’Histoire (avec un grand H), que Charles-Henri Sanson faisait en sorte d’éviter toute souffrance non nécessaire. Ce côté de la personnalité du personnage est correctement représenté par la détresse émotionnelle face à l’horreur de sa première exécution, qui lui fera promettre d’exécuter les personnes sans souffrance. Promesse qui se changera au fil des pages en un rêve inaccessible pour l’époque : la fin de la peine de mort. Charles-Henri Sanson décide de mettre la veste d’exécuteur pour changer les choses.

Le lecteur apprendra à connaître également la soeur cadette de Charles-Henri, qui semble davantage prête à vêtir le manteau d’exécuteur. Dénuée de sensibilité et passionnée par l’anatomie, elle rejoint son frère en tant que paria de la famille. En effet, ce métier n’étant pas ouvert à la gente féminine, elle ne pourra, en apparence, pas l’exercer. De plus, nous avons un parallèle intéressant entre la naissance de Marie Antoinette et la soeur cadette. Peut-être est-ce le début d’un lien entre les deux personnages ?

La rencontre avec Robert-François Damiens et son fils Jacques, permettra de voir le jeune Charles-Henri sous un autre angle. Même les mains tâchées de sang, nous retrouvons un homme généreux et compréhensif. Prêt à donner le gîte à son prochain. Il fera également face aux inégalités, ce qui développera son souhait d’évolution des pensées. Malheureusement, le jeune homme ne saura prévenir son protégé des affres de la tristesse.

Charles-Henri apprend que Robert-François Damiens vient de commettre une tentative de régicide et qu’il s’apprête à réaliser la pire mise à mort de l’Histoire. Son oncle Gabriel Sanson est venu coordonner l’exécution, mais cet acte ne semble pas désintéressé. Les conflits familiaux reviennent rapidement, tout comme l’influence malsaine de sa grand-mère. Elle ferait n’importe quoi pour que son petit-fils réalise les grands desseins qu’elle a visualisé pour lui. Ces manigances font place à des scènes gênantes, malsaines qui sont tellement plausibles à cette époque dans la haute société. La quête du pouvoir amène les hommes à commettre des horreurs, sous prétexte d’être retenu dans l’Histoire.

La préparation de la mise à mort, ainsi que les scènes de torture sont un véritable supplice. Nous faisons la connaissance d’une autre famille d’exécuteur : les tortionnaires. Ces derniers ont également une pression horrible sur les épaules, puisqu’ils doivent à tout prix faire parler le criminel, tout en le gardant suffisamment en vie pour garantir le spectacle. Personnage immoral à la santé mentale douteuse, Subyss saura transmettre cet état d’esprit.
L’allégorie de la danse revient à de nombreuses reprises, que ce soit dans la torture du criminel que dans la relation avec Charles-Henri. Leur rencontre est considéré comme une danse inconnue, arythmique par rapport aux autres danseurs. Ces pas innovants venant du futur ne peuvent être accepté sur la piste de danse. Même si l’homme a parlé, il ne peut être libéré, le spectacle doit continuer. Les danseurs seront donc séparé par le fil de l’épée. Dans cette foule nauséabonde, jouissant de la souffrance d’autrui, ignorant jusqu’au crime de l’individu, Charles-Henri Sanson semble être le seul pourvu d’humanité. Tenant l’arme de la souffrance et la mise à mort, il sera le seul à faire preuve de bonté. Épargnant les non-initié de l’intolérance de ses actes, afin d’accompagner sa « victime » dans son châtiment. Toutefois, cette rédemption ne semble pas plaire à son oncle, jaloux de n’avoir pu revêtir la veste du dernier exécuteur d’un régicide.

Le crescendo de la souffrance et de la violence continue, sublimé par les dessins du mangaka. Poignante, écœurante et déroutante, cette mise à mort nous fait détourner le regard. Les pages défilent rapidement afin de mettre fin au supplice. Nous accueillons la mort avec délivrance. Nous avons l’impression que cette exécution sera le point de départ du changement de la fin. La graine du changement a été planté dans les esprits, elle prendra des années à mûrir poussée par le souffle de l’injustice. Nous assistons aux premières pensées menant aux évènements que nous connaissons sous le nom de la Révolution Française.

J’ai énormément apprécié la symbolisation des cordes cassées et de la musique lors des derniers instants de Robert-François Damiens. Bien que l’encre ne puisse faire entendre la mélodie, ce moment est puissant et déchirant. Nous pouvons facilement imaginer les différentes notes, le bruit des cordes cassées, tout comme les hurlements et la chair déchirée. Cette scène dure en émotion se termine en apothéose, emportant toute résistance de la part du lecteur pour retenir ses larmes.

La condition de la femme est également abordée, contrée et réprimandée. A cette époque, la femme est principalement considérée pour la reproduction (et croyez-moi, je souffre en écrivant ces mots). Mais il s’agit d’une réalité à cette époque, et il est important de le montrer dans ce récit même si cette vision est très offensante pour notre époque. Cependant, tout comme le vent du changement, nous assistons à une rébellion féminine. Elle sera réprimandée avec force et cruauté, mais jamais elle ne sera niée ou regrettée. Le soutien et l’amour fraternel réussira à mettre en avant les projets de la jeune fille, dont l’avenir semble prometteur. Les deux parias de la famille Sanson s’entraident mutuellement afin de réaliser leurs propres idéaux. La présence de Marie-Josephe Sanson apporte beaucoup à l’intrigue. Sa personnalité décalée, attrayante et son fort caractère promettent des scènes mémorables.

Les tomes suivants sont principalement centrés sur Marie-Josephe Sanson. Nous nous retrouvons face à la cruauté des Hommes et des scènes insoutenables. Les thèmes du viol et de la pédophilie sont abordés, y mêlant la vision de la femme à l’époque. Au premier abord, j’ai eu beaucoup de mal avec la spontanéité et la désinvolture de la jeune femme. Même si je comprenais sa colère et sa haine, à mon sens, la souffrance et la vengeance détruisent davantage la victime que l’accusé. Toutefois, nous sommes aux prémisses d’un développement de personnage très intéressant.

Tandis que la jeune sœur évoluent en fonction de ses idéaux, nous nous confrontons à la décadence de Charles-Henri Sanson. Ce qui m’a énormément déçu. Je pars du principe qu’ « il ne faut pas faire aux autres, ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fasse ». Et l’exécuteur de Paris rentre totalement en contradiction avec ce principe. Il laisse ses rêves s’évanouir avec le temps, ne devenant que le reflet de son paternel. Il reproduit ce qu’il a vécu au nom de rêves auxquels il ne croit plus. Ils ne sont que des chimères qui servent d’excuses.
Ceci est personnel, mais la raison de ce changement m’a fait grincer des dents : sa première fois avec une femme. Cette scène est magnifique, les allégories et souvenirs s’entremêlent rendant l’acte esthétique et spirituel. Cependant, le changement de design des dessin et de la personnalité du jeune homme est un surplus mal venu. L’orgueil et le pouvoir aurait été une approche plus pertinente.

Le lecteur se retrouve face à deux protagonistes aux comportements différents, qui ne sont épargnés par les émois de la cour de Versailles, amenant au procès de Sanson. L’argumentaire et la plaidoirie est admirable, faisant réfléchir les foules mais n’épargnant pas une fin tragique. Même si les mots ont su me toucher, je n’ai pas aimé l’interlude musical entre Marie-Josephe et Charles Henri. Cela m’a coupé dans ma lecture, mais surtout à amoindri l’effet dramatique de la situation. Bien évidemment, nous comprenons que ce procès n’est qu’une farce, un spectacle pour amuser ces nobles-gens. Mais je n’apprécie pas ce mode d’échange, qui réapparait plusieurs fois dans le récit.
L’histoire de fond se raccorde à l’histoire principale dans une réalité historique effrayante. Nous connaissons l’issue, nous aimerions découvrir le chemin sans pour autant atteindre la destination.

Le couple royal fait son entrée, avec son lot de complots, de rumeurs et de persécutions. J’ai trouvé que le mangaka avait réussi à faire ressentir la pression que les deux adolescents avaient sur les épaules. Ils deviennent le centre du monde, et doivent apprendre à vivre avec une personne inconnue. Je me demande comment le couple et leurs enfants seront traités dans la prochaine saison. Certains documentaires mettent en avant Louis XVI et Marie-Antoinette en tant que précurseurs de la parentalité. Ils seraient le couple royal qui se rapproche le plus de notre conception actuelle de la parentalité. Mais pour le moment, le mariage non consumé cause de nombreux problèmes.

Plus les tomes passent, et moins je retrouve le plaisir que je ressentais au début de cette série. La qualité du récit est toujours excellent ! Mais j’ai l’impression que les personnages se sont perdus, et que je suis moi-même perdu dans leurs développements. Charles-Henri devient ce qu’il ne souhaitait pas devenir. Instrumentalisé par la Cour et frôlant la folie à chaque exécution, l’homme n’est plus que l’ombre de lui-même. Parfois, nous pensons retrouver le jeune homme quelques instants, avant de le perdre immédiatement dans des actes monstrueux et perfides. De son côté, Marie-Josephe s’enfonce dans la colère et dans son désir de vengeance, manipulant afin d’arriver à ses fins sans se rendre compte de la puérilité de ses actes. Pourtant, comme pour son frère, elle a parfois des moments de lucidité où ses pensées sont matures, fortes et déterminées. Des développements de personnages inattendus et déstabilisants !

Une once d’espoir semble apparaître dans le dernier tome dans la personne d’Alain Bernard. Galvanisé par la justice, ce jeune homme n’a pas laissé le temps et la mort flétrir ses rêves d’égalité. Parfait reflet chimérique de ce que Charles-Henri Sanson aurait pu devenir. Les retrouvailles avec Marie-Josephe permet au lecteur de rencontrer la jeune femme sous un nouveau jour. Même les traits de son visage semble plus serein en sa compagnie. Le monde et les mentalités sont en plein changement. Toutefois le final, à l’image de la série, la conclut merveilleusement bien. Je dirais même qu’elle nous permet d’envisager une compréhension à la souillure de Charles-Henri Sanson.

Globalement, cette série fut une très bonne lecture qui aurait pu devenir un coup de cœur. Elle permet au lecteur d’éprouver beaucoup d’émotions et de sentiments contradictoires. Que ce soit par la magnificence du dessin, l’habilité des mots ou l’ambiance, nous vivons notre lecture. Nous rencontrons également différents personnages historiques, apprenant leurs origines, assistant à leurs évolutions dans la société. Le jeu d’archive effectué pour retracer l’Histoire, et démêler la réalité de la fiction fut très intéressant ! Quoi de mieux lorsque l’on peut lier l’utile et l’agréable. Et même si parfois les sources historiques ne permettent pas de discerner la réalité, la qualité du récit et le manque d’information nous pousse à trouver cela plausible. L’élaboration et le rythme du récit sont enivrant, surtout dans les premiers tomes. Nous avons envie de connaître la suite ! Malheureusement, j’ai trouvé que cet entrain diminuait au milieu de la série, pour reprendre dans les derniers tomes. Je n’ai rien à redire sur la qualité du scénario et des dessins ! Alors pourquoi cette série n’est pas un coup de cœur ? Principalement à cause du développement des personnages, qui m’ont perdu… Surtout celui de Charles-Henri. Les années passent, sans pour autant l’on comprenne explicitement la cause de son changement. La première fois avec une femme me semble peu approprié pour un tel changement. Face à la finalité de la série, je pense que l’auteur a essayé de nous faire comprendre que les rêveurs n’étaient pas admis dans ce monde cruel. Que cet individu finirait par se faire massacrer par la supériorité. Ainsi, Charles-Henri Sanson aurait arrêté de se battre, s’adaptant à cette société pour survivre et utilisant ses rêves chimériques comme argument de sa décadence. Ce n’est qu’une interprétation personnelle, puisque comme indiquée précédemment, il n’est mentionné nul part la cause de ce revirement. Ensuite, certaines scènes m’étaient vraiment insupportables… Je tournais rapidement les pages, espérant trouver rapidement un échappatoire. Bien d’instructrice sur les mentalités de l’époque, l’anatomie et l’histoire en générale, je pense que cette série doit se lire avec un certain recule, une connaissance de soi et au bon moment. Malgré tout, cette série restera une très bonne découverte que je vous recommande grandement !

Ainsi s'achève ce suivi de lecture ! Finalement, il y a eu un changement de programme ! J'ai reposé Druss, la légende pour Blanc Mortel de Robert Galbraith. Un policier ça faisait très longtemps ! Je compte également faire quelques achats cette semaine !
Bonne lecture