#779 19 Mars 2023 17:07:35
Allo,
J'ai lu "La terre"
Il y a dans ce roman un souffle qui me faisait parfois penser à Germinal: les passions exacerbées, des conditions de travail explorées à fond, une lutte sourde entre petit peuple et nantis, des rivalités malsaines au cube etc. J'ai lu avec avidité cette brique digne d'un thriller. Les descriptions de cette Beauce, ses paysages et sa terre, ne m'ont pas ennuyé du tout, au contraire, j'y ai trouvé un puissant pouvoir d'évocation qui me transportait, preuve de la qualité de l'écriture. De même que pour les dialogues, incisifs, durs, à l'image des personnages. J'ai aussi apprécié l'image de cette communauté rurale avec ses divisions, ses ambiguïtés, ses rêves perdus noyés dans l'alcool. Voilà pour les cotés positifs.
Mais quel gang de vindicatifs, toujours à s'entredéchirer, chérissant leurs rancœurs, jouissant des prises de becs ! À la longue cette violence continuelle m'a fatigué; seuls Delhomme et Jean détonnent parmi ces obsédés de la confrontation. La fixation des acteurs sur l'argent devient également lassante. Quant au sort réservé aux femmes il est loin d'être enviable, sans doute une réalité de l'époque, mais quand Françoise se fait violer par son beau-frère, aidé de sa sœur en plus, et que Zola lui fait aimer cela, j'ai quelque peu décroché . . . Il y a des passages déchirants dans ce roman, notamment tout ce qui a trait à la déchéance du père Fouan et des sévices que lui infligent ses enfants. Les hymnes à la terre devancent presque aussi le courant actuel de nature writing. Mais au total d'autres éléments laissent un goût amer qui teinte mon appréciation.