[Suivi Lectures] Aealo

Déclaration d’amour aux livres

– Que vas-tu faire des livres ?
– Le propriétaire veut que je les jette.
– Les jeter ? Tu ne vas pas les jeter. Jeter des livres ? Tu te rends compte de ce que tu dis ?
– Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?
– Donne-les, garde-les, peu importe mais ne mets pas des livres à la poubelle.

<image> Je serais bien incapable de parvenir à retrouver d’où j’ai pu prendre connaissance de Nos richesses de Kaouther Adimi. J’ai une très très vague impression de la séquence ‘’libraires’’ de La Grande Librairie mais je n’en suis pas plus sur que ça… :chaispas: Mais j’étais très curieux car c’était ma première lecture algérienne !

Mais ne nous fions pas à la couverture plongeons dans les bouquins :
En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et il rentre à Alger avec une seule idée en tête, prendre exemple sur Adrienne Monnier et sa librairie parisienne. Charlot le sait, sa vocation est d'accoucher, de choisir de jeunes écrivains de la Méditerranée, sans distinction de langue ou de religion. Placée sous l'égide de Giono, sa minuscule librairie est baptisée Les Vraies Richesses. Et pour inaugurer son catalogue, il publie le premier texte d'un inconnu : Albert Camus. Charlot exulte, ignorant encore que vouer sa vie aux livres, c'est aussi la sacrifier aux aléas de l'infortune. Et à ceux de l'Histoire. Car la révolte gronde en Algérie en cette veille de Seconde Guerre mondiale.

En 2017, Ryad a le même âge que Charlot à ses débuts. Mais lui n'éprouve qu'indifférence pour la littérature. Étudiant à Paris, il est de passage à Alger avec la charge de repeindre une librairie poussiéreuse, où les livres céderont bientôt la place à des beignets. Pourtant, vider ces lieux se révèle étrangement compliqué par la surveillance du vieil Abdallah, le gardien du temple.

Il va être difficile de décrire ce que ce livre raconte car …

Ce livre raconte deux temporalités : 1935, l’installation d’un jeune Edmond Charlot plein d’espoir dans un local étroit pour y ouvrir une librairie. 2017, le petit stage de Ryad qui a des pieds de plomb pour entamer celui-ci mais surtout qui se moque complètement de la lecture…

Un livre, ça se touche, ça se sent Il ne faut pas hésiter à corner des pages, à l’abandonner, à y revenir, à le cacher sous l’oreiller…

Ce livre raconte un rêve : celui d’un homme qui a voulu amener la librairie (type parisienne) en plein Alger. Celui d’un homme qui n’a pas voulu se contenter de vendre des livres et qui s’est lancé dans la découverte de jeunes talents inconnus. Celui d’un homme qui, aimant les livres, a voulu non seulement les vendre mais aussi les produire et devenir éditeur (pour ses jeunes talents et ses coups de cœurs) !

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Ce livre raconte l’évolution d’un secteur : celui de l’édition. A une époque, il était possible de s’arranger pour être éditeur local d’ouvrages venant d’ailleurs. A une époque, la passion et la sueur pouvaient déplacer des montagnes. A une époque, les auteurs étaient très accessibles. Puis les grosses boîtes on voulu racheter ou écraser les plus petites pour s’approprier certains auteurs ou certains exclusivités. Oui face à tout cela, la passion et la sueur ne suffisent plus au bout d’un temps… C’était une autre époque…

Vous serez seul, car il faut être seul pour se perdre et tout voir. Il y a des villes, et celle-ci en fait partie, où toute compagnie est un poids. On s’y ballade comme on divague, les mains dans les poches, le cœur serré.

Ce livre raconte un lieu : Les Vraies Richesses et comment de cette petite boutique aux apparences tranquilles, on perçoit le trouble qui s’empare lentement d’Alger, cette tension qui petit à petit mènera à la révolte.

Ce livre raconte une histoire vraie : celle de Charlot et de cette librairie. En effet, Edmond Charlot et Les Vrais Richesses ont bien existé. Cette aventure éditoriale algérienne n’est pas que littéraire ! La découverte d’Albert Camus n’est pas une fantaisie de Kaouther Adimi ! Elle vous raconte la vraie histoire de ce mordu de livre, qui fut pendant des années un personnage incontournable de la littérature française, et de sa petite boutique qui fut en même temps tellement plus…

… Tu aimes lire ?
– Non… Tu sais, les livres et moi…
– Les livres et toi, quoi ?
– On ne s’aime pas beaucoup.
– Les livres aiment tout le monde, petit crétin

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Ce livre raconte une passion dévorante : celle des livres. S’il est une évidence c’est qu’Edmond Charlot avait l’amour fou, l’amour passionné pour les livres. Ils ont pris une place gigantesque dans sa vie, au point de la remplir complètement pendant des années. Mais Charlot n’a jamais compté, il voulait que le livre soit beau et attire l’œil, il voulait rendre hommage aux auteurs, il voulait faire plaisir au lecteur (au point d’être parfois plus bibliothécaire que libraire) et pour cela il a dépense argent, temps et énergie sans compter… Oubliant même parfois qu’il peut y avoir d’autres choses dans la vie…
Si ça ce n’est pas de l’amour, je ne sais pas ce que c’est…

Je ne connaissais rien de cette histoire mais j’ai été embarqué très vite dans ce bel hommage à Edmond Charlot, dans cette déclaration d’amour aux livres, dans ce voyage auquel on pardonnera beaucoup de choses y compris un rythme un peu décousu…

... nous nous rendons compte de nos richesses qu'une fois que nous les perdons !

Le venin de l’amour non-partagé

L'amour n'est pas qu'un feu qu'on renferme en une âme :
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux,
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux

<image> Un peu dans le prolongement de ma passe ‘’lecture de pièce de théâtre classique’’, j’ai également lu Andromaque de Jean Racine. Et ce fut la dernière de ce passage.
Une fois encore, c’est un personnage de la mythologie grecque dont j’avais déjà entendu parler plusieurs fois mais je ne la situais plus vraiment non plus (un peu comme Phèdre). Ayant aimé la plume avec cette dernière, je n’étais pas trop inquiet en commençant la lecture…

Mais reste maintenant à la replacer dans le contexte mythologique :
Dans un monde traumatisé par la Guerre de Troie et ses séquelles, Andromaque, survivante et femme d’Hector, voudrait se vouer à son deuil. Mais elle et son fils ne sont que des proies pour des jeunes gens qu'emportent leurs passions, le désir, l'envie, la jalousie.

On résume parfois Andromaque avec ces mots : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort.
Lorsque j’ai appris ça, j’ai levé les yeux au ciel en me disant qu’écrire une tragédie autour d’une phrase/idée aussi plate ce n’était pas possible…
Mais j’étais curieux…

Il faut se croire aimé pour se croire infidèle.

Et disons que je me suis bien trompé ! Pour être une tragédie, c’est une tragédie qui va même bien loin, et même au-delà de ce que j’imaginais ! Comme pour Phèdre, plus d’une fois, je pensais que ça n’irai pas plus loin. Et pourtant si…
La surprise est toujours un élément appréciable en tant que lecteur. Pourtant, sans rien dire de ce qui s’y déroule, j’ai eu ici comme une sensation de ‘’trop loin’’. J’ai eu plus de mal ‘’à l’encaisser’’. Ce qui n’était pas le cas pour Phèdre par exemple.
Du coup, cette histoire ne m'a déjà que modérément transporté mais en plus, cette sensation de fin de lecture n’est pas là pour aider…

Si je vous aime? O dieux! mes serments, mes parjures,
Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures,
Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés,
Quels témoins croirez-vous si vous ne les croyez?

Oui, j’ai eu plus de mal à rentrer dans cette lecture (saturation de lecture du format théâtre ? :chaispas:). Pourtant, cette fois encore je n’ai rien à redire sur la forme car la plume de Jean Racine est toujours d'une beauté incroyable pour faire parler les tragédies grecques ! Mais cette fois elle n’a pas suffit…

Ca vient peut-être en partie des personnages… Aucun d’entre eux ne m’a vraiment touché. Certes, ils sont pour beaucoup dans la situation de l’amour follement éprouvé mais non-partagé mais malgré toute mon empathie, je ne suis jamais parvenu à me mettre à la place de l’un d’eux. Je les ai même parfois trouvés cruels (malgré que je comprenne ce qu’ils ressentent).
Bref, malgré pas mal d’ingrédients en place, la recette n’a pas prise avec moi…
Dommage…

Donnez-moi tous les noms destinés au parjure:
Je crains votre silence, et non point vos injures;
Et mon cœur, soulevant mille secrets témoins,
M'en dira d'autant plus que vous m'en direz moins.

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Bien le bonjour !

Alors, on dit que le forum est en baisse de fréquentation, mais perso, quand je reviens après une semaine, j'ai l'impression d'avoir un retard monstre à rattraper. =D

Désolée de lire que tu as de nouveau des soucis avec ta connexion ! J'espère que ça s'arrangera vite !

Nos richesses va direct dans ma WL, je ne connaissais pas du tout et j'ai maintenant très envie de le lire.
Le sujet m'intéresse fortement (sans blague).

Par contre, je passe mon chemin pour Andromaque. Déjà que je ne suis pas fana des pièces de théâtre et ce que tu en dis a achevé de me décourager totalement. :D

Je commence aussi tout doucement a établir mon petit bilan 2020 et je me rends compte que j'ai déjà beaucoup trop de livres dans mon top 5 (qui va devenir un top 20 si ça continue =D).

A bientôt ! :)