#10 25 Juillet 2023 15:33:53
Suite de mes pérégrinations de l'entre deux lectures... C'est un moment difficile pour moi, plein de doutes, d'hésitations, avec une grosse chute de pression, surtout après une grosse oeuvre (ou un gros ensemble d'oeuvres) très intense. Pour moi cette fois trois ensemble d'écrits de Tolstoï : Textes pédagogiques, Guerre et Paix, et l'Enfance, l'adolescence. Est-ce que certains d'entre vous ont des ressentis similaires ?
J'ai donc tenté de lire Summerhill School de A. S. Neil hier, un autre de mes livres sur mon grand thème de l'éducation/école alternative. Les premières pages m'ont certes fait plaisir, parce que c'est un thème qui me touche particulièrement. Mais je tourne quand même un peu en rond, j'ai déjà réuni une très belle bibliographie sur le sujet, et j'ai lu beaucoup de choses très fortes sur ce thème. Du coup, à force d'en lire, l'intensité diminue, j'ai l'impression que chacun me raconte des banalités parce que je commence à être habituée à les lire et je perds le plaisir savoureux de découvrir ces magnifiques idées et expériences.
Pour y revenir plus tard, et parce que j'ai toujours un peu l'esprit dedans, je dresse ici la liste de la bibliographie que j'ai réunie sur le sujet, dont j'ai lu certains en entier, certains seulement partiellement, et certains pas du tout. Et peut-être que certains de ces ouvrages peuvent tenter certains d'entre vous, on ne sait jamais !
Pour aborder le sujet de la réflexion critique sur l'école, je conseille d'y aller en douceur. J'ai commencé par John Holt et je pense que c'est un merveilleux endroit pour commencer. J'ai lu Teach you own et Learning all the time (traduit catastrophiquement en français par "les apprentissages autonomes" comme si cela formait une catégorie à part d'apprentissages). Et j'ai parcouru certains articles de The underachieving school, c'est ma petite gâterie de lire une ou deux pages de ce livre quand je suis devant ma bibliothèque.
Ce qui est intéressant avec J. Holt, c'est qu'il est enseignant (certes avec un parcours très particulier, mais il commence ses réflexions quand même au sein de l'école), et qu'il en arrive naturellement à se poser des questions pour proposer des améliorations pour l'école, et de fil en aiguille, il en arrive à remettre complètement en question le fondement même de l'école, et finit par devenir l'avocat de l'Instruction en Famille. Cela permet de remettre en question tout le système en douceur.
Un superbe témoignage qui se lit agréablement et très facilement sur l'Instruction en Famille :
André Stern, Et je n'ai jamais été à l'école.
Et un point de vue théorique sur la société et l'école qui déménage : Ivan Illich, Deschooling society.
C'est un livre un peu plus ardu et difficile à lire, un peu tiré par les cheveux parfois mais les idées profondes sont excellentes et enrichissantes, en tous cas pour moi.
Après, il y a les expériences réelles d'écoles "alternatives" :
- Roland Levin, Sébastien Faure et la Ruche (expérience en France)
- Georges Dennison, The lives of Children (aux Etats Unis)
- Léon Tolstoï (et oui, encore !), Revue Iasnaïa Poliana (en Russie)
- Niell, Summerhill School (a eu un fort retentissement en France sous le titres "Libres enfants de Summerhill") (en Angleterre)
- Francisco Ferrer, La escuela moderna (en Espagne)
Pour comprendre ce que ces écoles ont de différent, je cite mon cher Tolstoï encore :
« Les élèves n’apportent rien avec eux, ni livres ni cahiers. Ils n’ont pas de leçons à apprendre chez eux. C'est peu qu'ils n'aient rien dans les mains, ils n'ont rien non plus à apporter dans leur tête. On ne les oblige nullement à se rappeler aujourd’hui ce qu’ils ont fait hier. La pensée de la leçon future ne les tourmente pas ; l’élève ne porte que soi : sa nature impressionnable et la certitude que l'école sera aussi gaie que la veille »
Lev Nikolaïevitch Tolstoï, L'école de Iasnaïa Poliana en novembre et en décembre (1862)
"Une qualité est nécessaire, et c'est celle qui supplée à chaque talent du maître, car s'il la possède, il acquerra facilement le savoir qui lui manque. Le maître qui, pendant trois heures, n'a pas senti un moment d'ennui, la possède. Cette qualité, c'est l'amour. Si le maître aime son œuvre, il sera un bon maître ; un maître qui n'aime que son élève, comme un père ou une mère, vaudra mieux qu'un maître qui aura lu tous les livres mais qui n'aimera ni sa besogne ni ses élèves. Le maître qui aime à la fois son œuvre et ses élèves, est le maître idéal."
Lev Nikolaïevitch Tolstoï, Les contenus scolaires (1862)
Ca me fait du bien de garder toutes ces notes quelque part, c'est un beau sujet, très intense, très émouvant pour moi. Je le quitte aujourd'hui en lecture pour mieux le retrouver demain !
Dernière modification par Claire C (25 Juillet 2023 16:00:18)