Je me pose un peu pour écrire mes impressions sur ce géant littéraire nommé
Cien años de soledad (
Cent ans de solitude) de
Gabriel García Marquez.
<image>Cette lecture a été longue et difficile pour moi, en grande partie parce que je ne suis pas complètement à l'aise avec l'espagnol et que j'ai loupé plein de détails (d'ailleurs j'ai remarqué qu'en espagnol, je perdais la capacité de lire en diagonale, je comprends trop peu pour me permettre de sauter le moindre mot...), mais pas que.
Je ne suis pas familière avec l'esprit d'une grande saga avec plein de personnages. J'ai besoin de m'attacher, de suivre un ou très peu de caractères pour rentrer vraiment dans l'oeuvre. Là, même s'ils ont à peu près tous le même nom, il y a plein de gens, on suit 6 générations.
L'autre point qui me laisse un peu en dehors du roman est qu'aucun des personnages n'est vraiment attachant, à un moment ou un autre, chacun se met à avoir brutalement un comportement que je ne comprends pas, auquel je n'adhère pas, donc pour moi c'est un autre obstacle, même si cela fait partie intégrante de l'univers.
A part cela, j'ai trouvé cette fresque magnifique. D'abord, par les couleurs des personnages, avec des caractères très marqués, très différents. Là, on a exploré une belle palette de sentiments, beaucoup dans l'extrême. L'extrême de la folie, de la solitude, de la grandeur et de la bassesse. Ca m'a plu, cette absence complète de mesure et de médiocrité, c'est fou mais c'est grand, c'est généreux.
J'aime sa manière d'écrire tout avec le même regard cru, le geste le plus violent nous semble complètement commun, ça me plait de ne pas dramatiser et laisser les événements parler pour eux. C'est d'autant plus fort. Et j'aime Macondo, la ville, la chaleur, la maison de famille.
C'est un roman riche, intense, dense. A travers chaque situation, chaque personnage, García Marquez a des tonnes de choses à nous dire, chaque mot pèse son poids. Purée, il a voulu en faire passer des choses dans son livre ! Je n'ai pas trouvé de creux, il maintient l'intensité d'un bout à l'autre du roman.
J'ai aimé aussi les aller-retours entre le réel et l'irréel, cela donne encore de la grandeur, le propos n'est pas limité par la réalité, l'auteur n'a pas eu peur d'aller plus loin, et l'ambiance créée est une vraie réussite je trouve.
Je ne regrette absolument pas de l'avoir lu en espagnol, la qualité de la langue et ses sonorités fait complètement partie du charme pour moi. L'idéal aurait été de le lire en maîtrisant parfaitement le vocabulaire, mais si on devait faire les choses chaque fois dans les règles de l'art, on ne sortirait sans doute pas souvent de notre zone de confort...
En tous cas ce livre peut difficilement laisser indifférent, je n'en sors pas indemne. Il me faudra longtemps pour le digérer.
"Lo que me preocupa - agrego - es que de tanto odiar a los militares, de tanto combatirlos, de tanto pensar en ellos, has terminado por ser igual a ellos. Y no hay un ideal en la vida que merezca tanta abyeccion."