[Americanah - Mai 2022] - Parlons du roman

  • Grominou

    Modératrice

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    #11 29 Mai 2022 21:43:51

    Julie, je me suis posée la même question, j'ai peut-être déjà dit ce type de phrase, pensant bien faire! oops

    Je n'avais pas trop d'attentes concernant la description du mode de vie nigérian, je me doutais que cela n'allait pas être le sujet du livre.  Et je pense que cela aurait été de trop si l'auteure (ou la traductrice) s'était lancée dans des explications concernant le gouvernement, la corruption, etc, étant donné que le livre était déjà assez dense.  Je trouve qu'elle en disait juste assez pour qu'on comprenne ce qui se passe.

    Je n'ai pas trouvé quant à moi qu'Obinze était dépendant des femmes, sauf bien sûr sa mère mais cela n'est pas anormal pour un garçon qui a grandi sans père.  Avec son épouse, c'est plutôt elle qui dépend de lui, non?  Elle va jusqu'à s'agenouiller devant lui pour qu'il ne parte pas...  Et je ne pense pas que la société nigériane soit présentée comme matriarcale.  Les femmes célibataires sont souvent obligées de se trouver un amant riche, sinon elles arrivent à peine à subvenir à leurs besoins, même celles qui ont un bon métier, comme médecin!

    Pour moi aussi la romance n'était pas l'intérêt principal et moi aussi j'ai trouvé que cela s'étirait un peu à la fin.
  • atick

    Dompteur de pages

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    #12 29 Mai 2022 23:30:48

    Je n'ai pas non plus vu qu'il était dépendant. J'ai plutôt l'impression qu'Obinze avait des relations assez saines avec les femmes de sa vie. Il avait une bonne communication avec sa mère qui l'encourageait dans ses buts et ne "l'étouffait" pas.  Idem avec Ifemlu, il tente d'avoir une communication franche et sans non dit. Pour ce qui est de sa femme c'est différent. Il s'est marié vu qu'il était rendu là et que c'est cette femme qui était dans sa vie.

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    il a réalisé à quel point ils se connaissent peu à la naissance de leur fille lorsqu'elle lui disait qu'elle lui donnerait un fils la prochaine fois. Aussi, quand il lui dit qu'il veut divorcer et qu'il réalise qu'elle était déjà au courant, mais fermait les yeux pour sauver les apparences.


    Ce n'est pas ce genre de relation qu'il a eu avec les autres femmes précédemment. Là, il était dans les responsabilités et les apparences au lieux d'être intègre et sincère.
    Bref, je voyais plutôt ses relations comme égalitaires où chacun peut compter sur  l'autre pour s'élever

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    ce qui est aussi le contraire de ce que Ifemlu a connu dans ses relations. L'homme blanc sexy prenait un rôle de pourvoyeur, lui donnait accès à une autre classe, sans que ce soit elle-même qui s'élève (oui il l'a aidé a se trouver un emploi, mais ça semble bien peu comparativement au reste). Quant au professeur, il voulait la modeler à ses attentes et qu'ils partagent tout au lieu de réellement la supporter dans ses ambitions à elle. Les commentaires du professeur Vs Obinze face à son blogue en sont un bel exemple


    En fait, je réalise en écrivant ce message que j'aime bien le traitement fait des relations amoureuses dans ce roman. Oui oui, même si je ne suis pas fan  de romance. Je pense que c'est plus le happy end qui m'a fait décrocher que tout le reste.

    Dernière modification par atick (29 Mai 2022 23:32:11)

  • Grominou

    Modératrice

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    #13 30 Mai 2022 00:26:31

    Oui même chose pour moi pour la romance,

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    c'est surtout à la fin que ça s'étirait, parce qu'avant, ça restait dans le sujet, on pouvait comparer sa relation avec un homme blanc, un Noir américain et un Nigérian, c'était intéressant.

  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #14 30 Mai 2022 06:41:58

    Julie27 a écrit

    Des phrases du type "Il n' y a pas de race, que la race humaine", j'en ai peut-être déjà dit.... Du coup dans mes dents "C’est exactement le privilège des Blancs, que vous puissiez faire ce genre de réflexion. La race n’existe pas véritablement pour vous parce qu’elle n’a jamais été une barrière. Les Noirs n’ont pas ce choix."
    J'ai vraiment trouvé l'approche immersive et instructive ! C'est ce qui m'a marquée.


    Tout à fait ça, hélas...

    Concernant la "Romance", j'ai trouvé intéressante chacune des relations des deux protagonistes car elles étudiaient tout des rapports de force ou d'intérêts. Elles m'ont plus en tant qu'objet d'étude XD

    Dernière modification par Alhweder (30 Mai 2022 06:45:27)

  • Riz-Deux-ZzZ

    Modératrice

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    #15 30 Mai 2022 08:36:12

    J'ai rapidement lu vos avis mais je n'en suis qu'à 40% de lecture... On m'avait prévenu que la lecture serait dense et demandait de l'attention mais je m'y suis pris un peu trop tardivement. De plus, j'ai assez de mal à entrer dans l'histoire, je lis avec entrain et finalement assez rapidement mais une fois le livre posé, je n'ai pas spécialement envie d'y retourner.
    Je pense que c'est sans doute lié au fait qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue, ce sont surtout des tranches de vie, entre USA et Nigeria, la romance entre les 2 personnages principaux n'étant pas vraiment ce qui m'attire le plus.
  • Emmani

    Magicien des lignes

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    #16 30 Mai 2022 12:43:45

    J'ai lu vos avis aussi en sautant les passages qui parlaient de choses que je n'avais pas lues, car malheureusement j'espérais avancer mais j'en suis toujours à la moitié (juste quelques chapitres plus loin, le week-end a été chargé et je n'ai pas envie de presser cette lecture). J'ai été particulièrement lente parce que j'écoutais l'audio (au début je n'appréciais pas trop la lectrice, ça n'a pas aidée à m'immerger dans le livre, je l'ai emprunté en papier du coup et en fait je me suis habituée à sa façon de lire) et je passais à la version papier que de temps en temps.

    Dommage pour la participation au bookclub, mais je vais prendre mon temps pour le terminer tranquillement, je viendrai peut-être en reparler si j'ai des choses à rajouter.

    Je comprends ce que dit Gnout et d'autres. C’est à la fois très bien et en même temps on est pas vraiment à fond et on a pas plus que ça envie d'y retourner. Peut-être que c’est le manque d’habitude de cette littérature-là ? Ou tout simplement ce n'est pas ce genre de livre-là. Au final, je passe quand même un très bon moment de lecture, et surtout, ma lecture est très édifiante.

    → Les personnages :
    J’ai eu du mal au début à m’y attacher. J’ai trouvé que la façon d’entrer dans le livre n’était pas l’idéal, autant sur l’intrigue que sur la découverte des personnages. Les scènes dans le salon de coiffure était d’une lenteur infinie et on avait l’impression qu’Ifemelu était en position de supériorité par rapport aux autres, ce que je n’aimais pas trop…
    Quand on entre dans son passé et notamment qu’on voit sa rencontre avec Obinze, j’ai commencé à m’attacher à elle et après c’était parti. J’ai beaucoup aimé la tante Uju (beaucoup moins une fois aux États-Unis) et Obinze, évidemment. Dike aussi m'a plu, notamment avec son point de vue d'expat' dès la toute petite enfance et ses questionnements identitaires. Guinica m’avait déplu de prime abord, mais elle est grandement remontée dans mon estime (spoiler des premiers 40% grand max) :


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    vu l’aide qu’elle apporte à Ifemelu, notamment quand elle est en dépression après le mec du tennis…



    Les personnages rencontrés au fur-et-à-mesure ne m’ont pas fait grande impression autrement, que ce soit Kimberley, Curt, Morgane.

    → L’intrigue :
    Comme je disais sur le topic d’inscription : j’ai vraiment mis beaucoup beaucoup beaucoup de mal à rentrer. J’ai cru que j’allais l’abandonner franchement. L’intrigue avançait peu (on a passé combien de temps dans ce salon de coiffure ? Elle y revenait sans cesse), Domi parlait aussi de la temporalité un peu spéciale sur le topic d'inscription et c’est vrai que ça m’a déstabilisée, pas dans le sens où j’étais perdue mais plutôt où j’étais en mode « okay donc on change encore, elle me parle de quoi ? Mmh, j’étais mieux dans l’intrigue d’avant ». Et puis, je trouvais le style assez froid et ça me donnait du fil à retordre, mais au final je m’y suis faite. J’avoue que la romance avec Obinze, bien que je me sois dit « okay super classique » au départ, m’a bien aidée à rentrer dans le livre. Je trouve que le fait qu'elle ait plusieurs histoires dans sa vie permet à la limite de diluer un peu l'importance de la romance, je ne pense pas que ça me gênera, et je trouve leur histoire belle jusque là.

    → Les thématiques :
    C’était surtout traité à partir du moment où elle est partie aux Etats-Unis (j’ai trouvé qu’elle mettait un temps fou à y aller d’ailleurs), et c’est vraiment le gros plus du livre. J’ai trouvé ça hyper intéressant, bien décrit, j’ai ressenti tout ce que pouvait ressentir Ifemelu, j’ai été dégoutée, en colère, triste avec elle. Comme vous disiez, en tant que personne blanche, lire ce livre était vraiment instructif et important. C'est pour moi le gros point fort du roman. Je crois que toute la partie de son arrivée aux Etats-Unis, de ses galères, des discriminations, des changements chez elle dans sa façon de se voir etc a été le moment le plus intéressant jusque là, j'ai avancé très vite sur cette partie-là.

    En revanche, je m’attendais à quelque chose de plus dépaysant, à plus découvrir la culture nigériane, mais bien qu’on y passe un certain temps, là où j’en suis j’ai trouvé que ça n’était pas si développée que ça, comme Domi et Julie, j'aurais aimé en avoir plus. Sans expliciter dans les moindres détails la politique au Nigeria, j'aurais aimé qu'on nous parle plus de la situation du pays, de la corruption et même niveau vie et culture, je m'attendais à en voir plus. Mais elle n'est pas encore retournée au Nigeria là où j'en suis alors j'ai espoir d'en voir un peu plus !

    → EN BREF :
    J’aime beaucoup ma lecture, qui est un peu atypique dans sa narration, avec un style un peu froid, mais hyper intéressante sur les thématiques. Si j’ai eu beaucouuup de mal au début, au final, j’adore l’héroïne et j’aime beaucoup suivre son parcours, même si certains passages m’intéressent moins.


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    Le passage où elle a enfin trouvé un job et où elle nous parle en détail des enfants de Kimberley… ça m’a pas trop intéressée par exemple. Pareil pour sa vie avec Curt qui ne la mérite pas à mes yeux et en fait trop pour moi, sans compter le décalage entre eux…

  • Grominou

    Modératrice

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    #17 30 Mai 2022 21:08:04

    Je viens de penser à quelque chose.  Souvent quand on lit un auteur d'un pays étranger, on s'attend à ce qu'il y ait une description de la culture, vie quotidienne, politique etc.  Alors qu'on ne s'attend pas à cela si on lit un livre de la France ou des États-Unis.  Si je lis un roman québécois, ça va me sembler superflu s'il y a beaucoup de descriptions de la culture, alors que vous lecteurs européens allez aimer cela si la visite à la cabane à sucre est décrite en détails, avec même un petit historique de l'importance de l'industrie de l'érable au Québec, par exemple.  Alors je me dis qu'un écrivain africain (ou japonais par exemple, comme pour notre BC précédent) n'a pas nécessairement pour but premier de faire connaître la culture de son pays quand il écrit un roman.  Qu'en pensez-vous?
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #18 30 Mai 2022 21:37:16

    Grominou a écrit

    Je viens de penser à quelque chose.  Souvent quand on lit un auteur d'un pays étranger, on s'attend à ce qu'il y ait une description de la culture, vie quotidienne, politique etc.  Alors qu'on ne s'attend pas à cela si on lit un livre de la France ou des États-Unis.  Si je lis un roman québécois, ça va me sembler superflu s'il y a beaucoup de descriptions de la culture, alors que vous lecteurs européens allez aimer cela si la visite à la cabane à sucre est décrite en détails, avec même un petit historique de l'importance de l'industrie de l'érable au Québec, par exemple.  Alors je me dis qu'un écrivain africain (ou japonais par exemple, comme pour notre BC précédent) n'a pas nécessairement pour but premier de faire connaître la culture de son pays quand il écrit un roman.  Qu'en pensez-vous?


    Pour ma part, tout à fait d'accord avec toi, Grominou.
    L'auteur  ne doit pas décrire sa culture etc. dans sa narration même! - enfin, plus exactement: libre à lui/elle de le faire, et dans quelle mesure, mais ce n'est pas ça qu'on attend d'un.e auteur.e; ce qu'on attend, c'est qu'il/elle nous raconte une histoire qui nous emporte "ailleurs". ;)

    En revanche, j'insiste toujours sur le fait que c'est le boulot du traducteur (puisque c'est théoriquement le plus "informé", ou pour le moins ça fait partie de son boulot de se renseigner un maximum), qui peut alors proposer une "note du traducteur" plus ou moins longue (c'est le cas dans L'homme qui savait la langue des serpents par exemple, et comme ni les Français ni les Québécois ni les Belges :P ne connaissent vraiment l'Estonie, et encore moins l'Estonie historique, c'était vraiment indispensable!), et, en dernier ressort, de l'éditeur, de proposer sous forme d'annexe, de préface, d'introduction ou que sais-je, quelques éléments (et une ou des carte.s!) qui permettent à tous les lecteurs de s'y retrouver, quel que soit leur âge et leur accès (ou non, parce que oui, ça existe encore, des gens non connectés!) à Internet.
    Dans ma vision des choses, un livre devrait se suffire à lui-même pour tous ces points-là, et les éditeurs devraient aller plus loin que seulement proposer un texte et basta... ça ne doit pas forcément être long, pas de longues théories sur des tas de pages qui feraient grimper le prix du livre, et ceux qui n'en veulent pas ne sont pas obligés de lire ces éléments annexes, mais au moins l'objet-livre serait vraiment complet.
    Mais bon, c'est ma vision des choses, qui s'accentue quand il s'agit d'un.e auteur.e "exotique" par rapport à ce qu'on connaît, mais visiblement elle n'est que rarement partagée...

  • Grominou

    Modératrice

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    #19 30 Mai 2022 21:51:53

    Perso je trouve que le traducteur n'a pas à aller plus loin que ce que l'auteur a voulu faire, à part le strict nécessaire pour permettre de comprendre l'intrigue.  Je ne trouve pas que ce soit son travail de nous faire un portrait complet de la société, si ce n'était pas le but de l'auteur.  Donc oui, des notes très courtes éclaircissant certains points précis lorsque c'est nécessaire pour l'intrigue, mais je ne m'attends pas à un document de plusieurs pages en annexe. ;)
  • ellalecrivain

    Explorateur de librairies

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    #20 31 Mai 2022 00:23:26

    Grominou a écrit

    Perso je trouve que le traducteur n'a pas à aller plus loin que ce que l'auteur a voulu faire, à part le strict nécessaire pour permettre de comprendre l'intrigue.  Je ne trouve pas que ce soit son travail de nous faire un portrait complet de la société, si ce n'était pas le but de l'auteur.  Donc oui, des notes très courtes éclaircissant certains points précis lorsque c'est nécessaire pour l'intrigue, mais je ne m'attends pas à un document de plusieurs pages en annexe. ;)


    Je partage ton avis. Aller plus loin ce serait travestir l'auteur. Le traducteur traduit la pensée de l'auteur, il ne fait pas d'interprétation, il ne va pas au-delà
    Pour les descriptions, j'aime bien quand il y a quelques références à la culture (pas une tonne sinon ça devient un guide de routard) : au moins un plat, une ou deux habitudes typiques des habitants, des endroits fameux, etc.... Lire, c'est voyager pour moi.
    Le contexte politique, je m'en fiche comme dans la vraie vie :lol:

    A titre d'exemple, c'est à travers des romances que j'ai eu envie de découvrir le Gabon.