[ILLIMITE] Bingo de l'Imaginaire

Bonsoir !

Je souhaiterais m'inscrire pour cette année 2021 ! :D
Les lectures sont-elles rétroactives vu que j'aimerais compter ma lecture faîtes entre le 01 et le 09 Janvier ? Si ce n'est pas le cas ce n'est pas très grave =)

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Un livre étonnant sur la guerre de Sécession ! J’ai décidé de le lire dans le cadre du prix LA 2020, car je tiens à en lire plus que 2 (c’était mon 3e du genre Fantastique, et j’espère en lire encore au moins un, on verra…), même si ce n’était pas celui qui m’attirait le plus a priori. Tout d’abord, je ne comprends absolument pas pourquoi il est classé dans cette catégorie Fantastique… A cause de la personnification de la Mort, qui apparaît relativement peu en plus, et quasi exclusivement en présence du président Lincoln? Mais la mort fait partie de la vie, eh oui, au même titre que la naissance et elle a été personnifiée dans bien plus d’un roman qui ne se retrouvaient pas classés ainsi pour cette seule raison !
Pour moi, c’était bien davantage un roman hyperréaliste (justement à cause de la présence de la Mort), extrêmement bien documenté, avec juste ce qu’il faut de part fictionnelle pour que ça ne soit jamais ennuyeux. On suit l’évolution de la guerre, au fil de plusieurs dates, parfois plusieurs heures d’un même jour, à travers l’histoire d’une galerie de personnages. La plupart sont récurrents et affublés d’une paraphrase qui ouvre chacun des chapitre qui leur sont dédiés ; certains sont réels (par exemple « Le Général qui ne compte pas ses morts » pour le général Grant ou « Le Commandant qui ne prend pas les armes contre son pays natal » pour le général Lee), d’autres sont tout à fait imaginaires mais représentatifs de l’une ou l’autre réalité (comme « La Fille qui n’a plus de père » : cette fille d’un riche propriétaire terrain, jeune fille du Sud donc qui, dégoûtée de l’esclavage pour une raison qui m’échappe, décide de s’engager dans l’armée des Nordistes… et qui a donné son sens au titre un peu étrange de ce livre) ; ces passages réservés aux personnages sont traversés par des coupures de presse et autres dépêches d’époque. Ces documents et autres sources sont abrégés parfois, enjolivés peut-être, clairement typés selon chaque personnage mis en avait de telle sorte qu’on les reconnaît d’un seul coup d’œil.
Pour le reste, je ne dirais pas que j’ai appris énormément de choses… En effet, je me suis beaucoup intéressée à cette guerre il y a des années – pour tout dire : au moment où la série « Nord et Sud » avec le beau Patrick Swayze est passée à la télé, j’avais 15-16 ans, il y a donc plus de 30 ans ! :O (après vérification, c’est passé en 1988 sur l’ancienne A2, probablement quelques semaines plus tôt sur la RTBF), et comment ne pas citer l’un ou l’autre album des sympathiques « Tuniques bleues » ? – et les points essentiels m’étaient déjà connus : le génie (au sens d’être génial) du général Lee et les premières (nombreuses) défaites nordistes, la lenteur de ces derniers à réellement entrer en guerre, les hésitations de Lincoln face à l’abolition pure et simple de l’esclavage, le blocus maritime etc. Ce que je savais moins (ou avais oublié), c’est l’assassinat de Lincoln en clôture de cette guerre absurde… et le fait que de nombreuses tribus amérindiennes ont alors rejoint les rangs des Sudistes, espérant ainsi empêcher ou au moins ralentir la conquête de l’Ouest (et de leurs terres à eux) par une population essentiellement nordiste, tandis que les Sudistes restaient attachés à leurs terres sans besoin de conquêtes…
On peut reprocher à ce livre de pencher indubitablement en faveur des Nordistes, même si c’est assez discret : le point de vue des deux parties est (remarquablement) rendu, et un homme qui meurt d’un côté ou de l’autre, c’est un mort de trop, ce livre est bien clair là-dessus ! Mais après tout c’est l’Union des Nordistes qui a vaincu… Par ailleurs, qui parmi nos auteurs contemporains européens souhaiterait réellement se poser en faveur d’un Sud esclavagiste ? – même s’il est bien clair que les Blancs même du Nord ne souhaitaient pas forcément abolir l’esclavage et donner les mêmes droits aux Noirs qu’à eux-mêmes ! Au final, je suis conquise par la valeur narrative et documentaire de ce très beau roman, dont tant de passages résonnent d’une façon qui fait froid dans le dos, car on repense aux événements qui ont agité les États-Unis tout récemment, avec un président sur le déclin qui n’accepte pas sa défaite électorale et s’en va-t-en guerre en haranguant une foule manipulée… le drapeau des confédéré affiché à côté de celui du IIIe Reich, et les sympathisants actuels de tels mouvements qui se saluent comme des nazis… Les leçons du passé ne servent-elles dont jamais à rien ?

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Voici pour moi une relecture, dans le cadre d’une LC proposée par une autre lectrice sur LA… sachant que ma lecture originale date d’il y a plus de 20-25 ans, je devais avoir la petite vingtaine, voire moins. J’ai entamé ce livre avec de très vagues souvenirs, quelques rares assez précis (ou qui « revenaient » au fil de la lecture), mais surtout le sentiment que j’avais adoré. Eh bien, c’est confirmé !
Oh, l’histoire en elle-même, sans être décevante, est étrangement plate et peu emballante à première vue. Il ne se passe pas grand-chose, ça manque singulièrement d’action, et pour cause ! Et quand ça commence à bouger un tout petit peu, à plus de la moitié du livre, la narratrice (et protagoniste) fait de mauvais choix, si bien qu’on est déçu ! Plus d’une fois, on voudrait la secouer, ou la consoler, ou les deux. La sortir de cette torpeur résignée dans laquelle elle a enfoui, très loin tout au fond, une petite étincelle de révolte, dont elle ne sait quand même que faire quand les événements semblent vouloir l’aider. A côté de ça, la plume est fluide et agréable, sans être particulièrement exceptionnelle, quoique...
Mais ce qui rend ce livre tout à fait remarquable, c’est que l’auteure a réussi à immerger ses lecteurs dans cette ambiance d’une civilisation ultrareligieuse, où chacun est à une place bien déterminée et jamais enviable, même en haut de la hiérarchie, et où les femmes, même aux postes les plus élevés dans cette hiérarchie, sont toujours sous la coupelle des hommes et sous la surveillance des Yeux omniprésents. C’est lancinant, c’est à la limite du glauque, c’est désespérant, ça suinte d’ennui et de résignation – l’image parfait qu’on peut imaginer de n’importe quel régime totalitaire, ici en plus à ses débuts, car la narratrice a connu « l’avant » dont elle se rappelle à travers de nombreux flashes back, mais aussi ce centre de rééducation où ces insupportables « Tantes » ont réellement lobotomisé ces jeunes filles semblables à la narratrice (je ne dis pas en quoi car ce serait un spoiler dans le spoiler !). C’est un véritable tour de force littéraire, car on a vraiment l’impression d’y être, aux côtés de la narratrice. On ressent avec elle cet incommensurable ennui troublé de désespoir, on voudrait comprendre comme elle ce qui signifie cette inscription en latin (mes souvenirs de cette langue sont trop loin pour que j’aie pu la traduire d’emblée !). Et en fin de livre, si on s’inquiète quelque peu de ne pas savoir ce que l’avenir a réservé à la narratrice (et sans pour autant vouloir lire la suite directement, après tout l’auteure a attendu des années avant d’écrire « Les Testaments » !), on sait trop qu’une société du type de Gilead a déjà existé au moins en partie, dans un passé et/ou dans des régions du monde plus ou moins proches (d’ailleurs, l’auteure le confirme dans sa postface). C’est donc un monde qui pourrait surgir demain sans crier gare, plus encore dans une période incertaine comme celle que nous vivons actuellement, avec ces soucis de réchauffement climatique, de perte de la fertilité généralisée dans l’hémisphère nord, et de présidents et autres dirigeants aux allures de despotes pas éclairés ! Et tout à coup c’est glaçant de réalisme.