#1218 16 Juillet 2015 18:09:31
Eddy Bellegueule n'est pas mal, mais je suis un peu déçue par le fait que l'histoire s'arrête au moment où le narrateur prend la décision de devenir autre chose que Eddy Bellegueule. C'est le passage, la confrontation d'un milieu à l'autre qui m'intéressait particulièrement, d'autant que l'auteur se définit comme un transfuge de classes. Un peu comme Annie Ernaux, d'ailleurs, et c'est intéressant, car ces deux auteurs se perçoivent comme des "anomalies sociales", des êtres qui ne font que passer dans le monde, peut-être sans vraiment y trouver leur place. Cette quête d'identité est au cœur de leurs œuvres, largement autobiographiques, et on voit qu'en deçà de l'identité sociale se pose la question de l'être tout court, ou de l'être affectif à soi, aux autres et aux mondes. La féminité de la narratrice des romans d'Annie Ernaux n'est pas une évidence pour elle, pas plus que ne l'est sa masculinité pour Eddy Bellegueule. Je me demande si la quête identitaire et la nécessité de transcender les catégories sociales n'est pas l'effet visible d'une recherche de soi plus personnelle et plus profonde.