Bonsoir à vous, chers suiveurs de lectures!
J'ai lu quelques livres depuis et je viens vous en parler, plus ou moins longuement haha :
Lettre d'une inconnue suivi de La ruelle au clair de lune de Zweig : Ce sont deux nouvelles de Zweig que j'ai voulu lire rapidement pour rendre le livre à la médiathèque et finalement, comme toujours avec Zweig, je me suis laissée charmer. Son écriture est particulièrement envoûtante, je trouve... La deuxième nouvelle est plus lugubre et pourtant je l'ai lue d'une traite parce que j'ai été fascinée, comme hypnotisée par les mots... Voilà ce que je retiens de cette rapide mais intense lecture. Même si je l'avoue, ce ne sont pas mes nouvelles préférées de ce grand monsieur. Je vous mets la fiche en lien ici parce que j'ai enfin trouvé comment faire...! :)
Dialogues de bêtes de Colette : Là encore, ce fut une lecture rapide. J'aime les animaux, j'aime le théâtre, alors j'y suis allée gaiement! Même si j'avais un peu peur de m'ennuyer... Mais au final, que nenni! Vraiment, le style de Colette est très réconfortant. J'ai lu ça comme du petit lait, elle dépeint merveilleusement bien les faits et gestes de nos amis à quatre pattes. C'est drôle, c'est mignon, c'est beau. Vraiment, je ne m'attendais pas à un tel bijou d'écriture. Amis des bêtes, je ne peux que vous recommander celivre ! :D
Les filles de Mr. Darcy d'Elizabeth Aston : C'est une histoire sympathique, surtout quand on la prend avec recul et sans comparaison avec l'œuvre mère et majeure de Jane Austen. J'ai trouvé certains personnages attachants, d'autres caricaturaux à l'excès (mais dans le mauvais sens du terme). J'ai passé un moment sympa, mais j'avoue être un peu déçue car, si je ne m'attendais pas à un livre historique extrêmement documenté, je pensais lire une romance... qui n'arrive qu'au bout de quatre cents pages... :pleur:
Proslogion d'Anselme Cantorbéry : Je conseille ce livre à qui veut découvrir une des premières preuves, si ce n'est la première preuve, ontologiques de l'existence de Dieu! Evidemment, il s'agit d'une lecture philosophique mais en réalité, le style d'Anselme use avec une grande force de la rhétorique! On sent qu'il kiffait bien Dieu :lol:C'était agréable à lire et à étudier. :)
LE MEILLEUR POUR LA FIN :lol: que j'ai teasé depuis quelque temps dans ce suivi oops
Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja : Waouh! Quel coup de cœur! Ce recueil d'histoires raconte la vie d'un personnage turc illustre. On découvre sa femme, son père, son amour pour son âne, sa vie en tant que cadi, maître d'une école coranique, bouffon de Timour Leng (Tamerlan)... Entre idiotie et vérité, il n'y a parfois qu'un pas. Ce personnage est irrévérencieux au possible, il est drôle, idiot, rusé et joue comme personne avec les paradoxes. C'est une mine d'or! De plus, l'édition de Jean-Louis Maunoury est très bien conçue. La traduction en français moderne donne un véritable accès au texte pour nous autres contemporains qui ne comprenons pas l'ancien turc parfois trop cru... J'ai vraiment très envie de me procurer ce livre, car je pense qu'on peut lire et relire certaines de ces petites historiettes! J'ai d'ailleurs noté les pages d'une vingtaine d'entre elles... et je vous mets ci-dessous quelques extraits que j'ai recopiés pour mon bon plaisir mais surtout pour vous! :D Rassurez-vous, les extraits sont très courts.
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Un oiseau merveilleux
Sur le marché, un Camelot propose pour deux pièces d’argent un oiseau aux merveilleux couleurs, rouge, vert, jaune, bleu.
- Et surtout, il parle, précise le marchand dans son boniment. Il est capable de répéter tout ce qu’on lui dit. Achetez l’oiseau des îles! Qui veut l’oiseau des îles?
Toute la matinée, cette rareté provoque un grand étonnement chez les chalands, mais personne ne l’achète : on trouve son prix élevé, et le marchand ne veut pas en rabattre.
Le lendemain, c’est au tour de Nasr Eddin de se présenter sur le marché, avec un dindon qu’il a installé sur un perchoir, un dindon tout noir qu’il a pris dans sa basse-cour, et pour lequel il ne demande pas moins de trois pièces d’argent!
Est-il devenu fou? A moins qu’il ne prépare encore quelque coup de sa façon…
- Explique-nous ce mystère, finit par lui demander un homme devant les curieux assemblés. Comment peux-tu espérer vendre un dindon à un tel prix, alors que pour la même somme on peut avoir un troupeau tout entier?
- Ne discute pas, ignorant! Si l’oiseau d’hier valait deux pièces d’argent, le mien en vaut bien trois. Je ne baisserai pas mon prix d’un aktché.
- Ta plaisanterie est de mauvais goût, Nasr Eddin. L’oiseau que nous avons vu hier est une merveille. Il parle.
- Justement, répond Nasr Eddin, justement! Mon dindon, lui, fait beaucoup mieux!
- Ah! Et quoi?
- Il pense.
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Encore une histoire de la perte de son âne à l’humeur errante, comme celle de son maître.
Cette fois, Nasr Eddin parcourt la ville en criant :
- J’ai perdu mon âne, je donne récompense à qui le retrouvera, je donne récompense!
Quelqu’un l’aborde pour lui demander:
- Que me donnes-tu si je te le retrouve?
- Je te donnerai l’âne lui-même.
- Cela ne se peut pas, Nasr Eddin. Si tu es prêt à le donner, à quoi cela te sert-il qu’on te le retrouve?
- Quel homme étrange tu es! On dirait que dans ce pas vous ne comptez pour rien la joie des retrouvailles.
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La première fois que Nasr Eddin est présenté à Timour Leng, le grand conquérant tartare, celui-ci est installé sur son trône en haut d’une estrade. En bas, assis par terre, tous les gens de sa cour.
Le Hodja s’approche et, se jetant à genoux, il s’écrie !
- Ô Allah! Tu es grand et je suis Ton humble serviteur!
Timour s’esclaffe et prend à témoin les assistants :
- On m’avait parlé d’un sage, mais voilà un bel imbécile, qui me tient pour Allah!
Alors Nasr Eddin, sans modifier en rien sa posture, repart :
- Pardonne ma méprise, ô saint archange Djibraïl!
- Allons, voyons, bonhomme, lui dit doucement Timour, enchanté de l’incident. Je ne suis pas non plus un ange; je suis simplement un homme, un homme comme toi.
A ces mots, Nasr Eddin se remet debout et lui lance vertement :
- Si tu es un homme comme moi, que fais-tu donc là-haut sur ce perchoir? Descends et causons.
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Pour après
Nasr Eddin est à l’agonie, et sa femme se tient à genoux à son chevet avec de nombreux parents:
- Ô mon mari! Je t’en prie, donne-nous tes dernières instructions. Que devrons-nous faire après ta mort?
- Rien. Seulement me pleurer.
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Le signe de la croix
Nasr Eddin aborde un jour un prêtre en ces termes:
- Pardonne-moi, saint homme, mais je me suis toujours demandé pourquoi vous autres chrétiens vous vous faites des signes sur la poitrine avec la main, en haut, en bas, à droite, à gauche…
- Tu n’es pas sans savoir, mahométan, que Notre seigneur Issa est mort crucifié. Pour commémorer son divin supplice nous faisons le signe de la croix.
En entendant cela, Nasr Eddin ne peut s’empêcher d’éclater de rire.
- Pourquoi ris-tu, mécréant? s’indigne le prêtre. Tu ne peux pas respecter nos croyances?
- Je les respecte, je les respecte, parvient à articuler Nasr Eddin, mais tout d’un coup j’ai imaginé le geste que vous feriez s’il avait été empalé!
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Les questions ultimes
Un soir, sur la place publique, on discute philosophie et religion mais Nasr Eddin, en intervenant à tout bout de champ avec ses paradoxes, embrouille les esprits. Le cadi, qui se fait fort de ses connaissances, finit par en être excédé.
- Hé, Hodja, puisque tu prétends nous en remontrer à tous, tu dois pouvoir répondre facilement aux questions ultimes qui se posent à chaque homme en ce monde…
- Quelles sont-elles? Demande Nasr Eddin.
- Tu devrais le savoir : d’où venons-nous et où allons-nous? Nous t’écoutons…
- Comment! Tu ne sais pas cela? Nous venons à l’évidence d’un endroit terrible et nous allons vers un autre qui l’est tout autant.
- Attention, Nasr Eddin! Tu n’es pas loin du blasphème…
- N’as-tu pas remarqué que tout homme en pleure encore à sa naissance et qu’au moment de mourir il se lamente à l’idée d’y retourner?
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Chaque chose en son temps
Selon la légende, Nasr Eddin fut atteint d’une grave maladie alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme. Son état empirait de jour en jour sans que les médecines ni les prières y fissent rien. Un soir enfin les anges de la mort vinrent le visiter en secret pour lui annoncer qu’il fallait partir immédiatement. Le Hodja y consentit mais il leur demanda d’aller intercéder auprès d’Allah : s’Il pouvait lui accorder le temps de se livrer une dernière fois à ses ablutions et aux deux prosternations rituelles…
Les anges de la mort sont bientôt de retour et lui font savoir que sa requête a été acceptée. Nasr Eddin se lève alors, procède à ses ablutions puis se prosterne un seule fois. Après quoi, il se recouche.
- Que fais-tu, Nasr Eddin? S’impatiente Azraël. Fais donc ta deuxième protesternation puisqu’elle t’est accordée et allons-y sans plus tarder.
- Ai-je donné un délai? Rétorque le Hodja. Je ferai la deuxième dans cinquante ans…
Les extraits choisis ci-dessus apparaissent dans l'ordre de l'édition et reflètent, à mon sens, plusieurs aspects de ce recueil. Bonne lecture! J'espère que cela vous plaira, n'hésitez pas à donner votre avis! :)
Je poursuis toujours ma lecture des
Contes de dragons et j'ai commencé
Les Garennes de Watership Down. J'ai emprunté plein de livres
encore et notamment
La cité des dames de Christine de Pizan, qu'il me tarde de commencer ...
Voilà pour ce long blabla livresque, en espérant avoir su divertir quelques curieux! Bonnes lectures à vous :)