#55 29 Mars 2017 19:58:06
Je suis très déçu par cette lecture, peut-être que je croyais que le Prix Goncourt avait pour objectif de sélectionner "LE meilleur roman" parmi les nombreux candidats. Après avoir terminé ce roman, je me rends compte qu'il a été choisi par des professionnels qui ont un regard bien différent des lecteurs que nous sommes majoritairement. Je ne peux absolument pas concevoir que l'on peut apprécier Chanson douce pour de nombreuses raisons :
- Le roman est terminé dès la deuxième page du "récit". Tout y est, absolument tout. On comprend immédiatement que la nounou est responsable du meurtre de deux enfants (l'un étant encore en vie dans les premières lignes) et l'auteure nous propose déjà toutes les pistes à envisager (rang social, passé tragique, surcharge, ...).
- Il s'agit d'un roman fiction, où il n'est pas envisageable de se dire : "cela pourrait exister". Prenons un exemple pour bien illustrer.
La maman rentre à la maison et découvre que la nounou a obligé ses deux enfants à nettoyer une carcasse de poulet, en guise de repas, qui se trouvait être ... dans la poubelle. En tant que maman (ou papa ou autre), qu'auriez-vous fait avec cette nounou ?
Et les passages de ce "genre" sont très nombreux. Comment peux-t-on imaginer que des parents puissent admettre de tels débordements et ensuite s'étonner de l'acte irréversible ? (Je précise que les parents sont conscients de ces comportements, mais trouvent des excuses "bidons"). Bref, j'attends vos nombreux commentaires pour me prouver que j'ai tort (j'ai une formation en faculté de philosophie (4 ans) derrière moi, je connais la chanson, mais j'aime être contredit :p).
- Le roman manque cruellement de structure où les informations, permettant de déceler les personnages en actions et la période à laquelle les faits se produisent, ne sont pas suffisantes pour permettre au lecteur d'entrer rapidement dans le "chapitre" en cours. Bien souvent, on ne comprend le raisonnement qui permet à l'auteure de passer de l'un à l'autre des personnages.
- La lecture ne nous apprend tout simplement rien. Nous avons une intrigue principale, où l'objectif principal est de proposer aux lecteurs des pistes (uniquement des pistes, pas de solutions) qui permettront de comprendre comment on peut en arriver à assassiner des enfants. Les raisons évoquées : surmenage, passé lourd, relations instable avec sa propre progéniture, différence de rang social, ... Ce sont des thèmes qui nous gonflent au quotidien et particulièrement certaines notions, comme le burn-out. Des inventions humaines qui, ENFIN, nous permettent de mettre des mots sur des sentiments partagés par l'humanité depuis de nombreuses décennies.
Nous avons donc ici un roman qui nous propose le mal du siècle (pas uniquement) : le burn-out, la surcharge physique et morale...
Mon grand-père a travaillé pendant 40 ans, sans le moindre jour de congé maladie (hors vacances annuelles). Il se levait à 4 heures du matin, faisait son potager et commençait ensuite sa journée vers 6h pour la terminer vers 22 heures. Il devait gérer son entreprise de 80 ouvriers sur une dizaine de chantiers différents. 130.000 Km par an, minimum 6 heures de travail dans les tranchées (raccordements), quelques heures de bureau et de nombreuses heures sur la route. Il devait gérer une famille, il était président d'un club de football, ...
Il n'a jamais assassiné ses enfants sous "prétexte" d'être épuisé, d'avoir un rang social inférieur aux autres à ses débuts (né en Pologne), d'avoir être en camp en 39-45, ...
Il y a un an, l'une de mes collègues est restée une année en dépression pour burn-out. Elle travaillait 18 heures par semaine, dans une classe de 5 enfants, sans la moindre charge de travail (leçons et matériels réalisés par moi-même, son assistant à l'époque).
Je m'écarte probablement du sujet en comparant ces deux situations. Tout cela pour essayer de vous faire passer mon point de vue (le mien, pas besoin d'être d'accord). Je suis assez classé de ces reportages, journaux ou même romans (Chanson douce) qui abordent des concepts qui ont été créés par notre société, pour une population de moins en moins courageuse et qui ne base que sur les acquis. Nous voulons toujours plus en faisant le moins possible.
[Suite dans quelques instants... xD]