[Pierre Bondil] Discussion avec un traducteur de polars

  • Well-read-kid

    Super-Livraddictienne

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    #51 29 Septembre 2010 21:56:10

    Pierre Bondil a écrit

    Très bien well read kid, un joli pseudo pour un forum de lecture. Comment on devient traducteur ? A l'époque où j'ai commencé, essentiellement par copinage car il n'y avait pas de formation universitaire à la traduction. Aujourd'hui, toujours par copinage (c'est un peu comme au cinéma, la scripte essaye de faire engager son copain comme photographe de plateau ), ce qui n'est pas toujours idiot ou immoral : un directeur de collection qui connaît quelqu'un et sait que cette personne est sérieuse a tout intérêt à tenter l'aventure. Après, il faut que le travail rendu soit bon. Mais de toutes façons tous les éditeurs disent du mal de leurs traducteurs.
    Au niveau universiraire il y a maintenant des formations, notamment l'institut Charles V à Paris (il paraît qu'ils vont déménager, d'ailleurs) et d'autres peu nombreux, en province. Mais nous touchons autre chose qu'un simple apprentissage, et quelqu'un qui ne sait pas lire un texte, deviner qu'il y a des sous-entendus, des choses écrites sous les mots ou derrière eux, ou quelqu'un qui est prétentieux et qui va vouloir metter son empreinte sur le texte (il y en a beaucoup) ne seront jamais de bons traducteurs à mon avis. (Cela mériterait d'être davantage développé).


    Merci beaucoup de votre réponse. Je suis à Charles V cette année, et effectivement, j'ai entendu des bruits de couloir au sujet d'un déplacement. Il s'y tient souvent des conférences, tenues par des professionnels de l'édition et la traduction.

  • Sita

    Empileur d étagères

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    #52 29 Septembre 2010 21:57:08

    Merci pour votre réponse, c'est vraiment très intéressant de voir ce qui se cache derrière la publication d'un roman.

    Et je ne peux qu'être d'accord avec vous quant à certaines traductions, quand je vois que certains traducteurs changent ce que les arrangent dans le texte ou se permettent de ne pas traduire certains passages, ça me donnerait envie de les boycotter. Heureusement qu'il y a tout de même des personnes qui ont le soucis du détail comme vous.
  • Nathalie

    Ex-Team

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    #53 29 Septembre 2010 21:58:31

    Pierre Bondil a écrit

    Nathalie, je suis sur Mac, alors la touche F5, pour moi, ça me donne du son !!


    Ah, j'ignorais !  Je suis sur mac aussi.  C'est alors la touche cmd (command) + R (refresh).

  • Folfaerie

    Chercheur de mots

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    #54 29 Septembre 2010 22:02:48

    Je vous avoue que j'en reste stupéfaite...Je crois lire du Audubon et ça n'en est pas...:grat: Merci pour votre franchise, j'ignorais qu'ils utilisaient ce genre de méthode chez Payot.
    Je comprends bien qu'on peut être tenté d'améliorer le style d'un auteur étranger mais c'est de la tricherie effectivement...
  • Pierre Bondil

    Traducteur

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    #55 29 Septembre 2010 22:08:36

    Un genre littéraire franchement intraduisible ? LA POESIE. Comment rendre dans une autre langue un travail qui est souvent basé sur les sonorités alors que cette autre langue ne possède pas les mêmes. C'est un peu comme de jouer le triple concerto de beethoven à la harpe.
    On peut essayer, pour moi on ne peut pas vraiment réussir. Ou alors on obtient une oeuvre d'art autre, un peu comme les traductions d'Egar Allan Poe par Baudelaire. C'est sublime, mais ce n'est plus vraiment du Poe.

    Il continue, c'est vrai à y avoir des traducteurs qui imposent au texte des choses qui n'y sont pas. Ce n'est pas aussi fréquent ni aussi grave que dans les sous-titres au cinéma ("foutral" dans Full Metal Jacket") par exemple, le syndrome du traducteur qui veut créer du langage.
    Il faut aussi reconnaître qu'à une époque, le traducteur avait à ce niveau une grande liberté puisque généralement en édition populaire et pour des raison financières, les livres ne devaient pas dépasser 180 pages (je crois que c'était 180). Donc on coupait. Arbitrairement. par exemple, dans le premier Hillerman traduit en série noire, il manque un chapitre. L'enquêteur navajo est assis sur un rocher et réfléchit, regarde le paysage. Comme il "ne se passe rien" (pas de coups de feu, pas de poursuite de voitures, pas de bararres), ça avait été coupé. Cela était d'autant plus grave que beaucoup de traducteurs (dans ce roman comme dans bien d'autre, il s'appelait Le Peuple de l'ombre" et je l'ai retraduit, bien plus tard, sous le titre "le peuple des ténèbres" chez Rivages, d'autant plus grave disais-je que les traducteurs, qui pouvaient couper ce qu'ils voulaient ou presque, donc a priori ce qu'ils ne comprenaient pas, faisaient de nombreux contre sens.

    Merci pour l'info, Nathalie, mais... c'est laqelle, la touche Cmd ? Je suis vraiment nul. Pour moi, il est vrai, l'ordinateur est surtout une machine à écrire améliorée.
    Presque tout est à refaire (y compris les "grands", Steinbeck et compagnie). Les livres que j'ai traduit sont aussi à refaire. Je travaille sur un en ce moement, traduit il y a plus de 25 ans, et j'y découvre avec effroi des contre-sens (pas beaucoup, mais quand même... je n'avais pas tous les dictionnaires qu'il fallait, et quand l'interprétation est erronée, c'est quand même embêtant.)
    Voulais-je démontrer quelque chose en me lançant dans ce développement ? Vite, une autre question.
  • El Jc

    Guide touristique des librairies

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    #56 29 Septembre 2010 22:09:08

    Voici une question qui me taraude... Certains éditeurs prennent le prétexte du cout "exorbitant" de la traduction pour scinder des oeuvres originales en 2, 3 ou 4 tomes lors de leur édition en France. Trouvez vous cette explication acceptable ou comme je le suppose, une part de vérité pour présenter une pratique plus rentable pour l'éditeur ?
  • Well-read-kid

    Super-Livraddictienne

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    #57 29 Septembre 2010 22:13:19

    El Jc a écrit

    Voici une question qui me taraude... Certains éditeurs prennent le prétexte du cout "exorbitant" de la traduction pour scinder des oeuvres originales en 2, 3 ou 4 tomes lors de leur édition en France. Trouvez vous cette explication acceptable ou comme je le suppose, une part de vérité pour présenter une pratique plus rentable pour l'éditeur ?


    Fan de Robin Hobb, j'ai été très étonnée de savoir que sa série "L'assassin royal", comptant treize tomes en français, est constituée en VO de deux trilogies...Un exemple parmi d'autres !

  • Lyra Sullyvan

    Accro des mots

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    #58 29 Septembre 2010 22:13:19

    Que pensez-vous des traductions des noms propres ?

    Edit : arf, désolée, j'avais pas encore vu la question de JC ^^

    Well-read : oui, je n'ai pas compris pourquoi ils n'ont pas changé le nom à partir du tome 7 et d'en faire un tome 1 et un nouveau cycle comme ça aurait dû.. s'assurer que les gens achèteraient bien la suite ?

    Dernière modification par Lyra Sullyvan (29 Septembre 2010 22:14:25)

  • Folfaerie

    Chercheur de mots

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    #59 29 Septembre 2010 22:13:49

    Je ne vais plus oser lire mes classiques... j'ai vu la différence de ton entre ma très, très  vieille édition poche d'Autant en emporte le vent et la traduction plus récente des éditions Biblios...

    Et même question qu'El JC justement (moi je pense précisément au Parlement des fées...).
  • El Jc

    Guide touristique des librairies

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    #60 29 Septembre 2010 22:15:10

    Ou au Trône de fer de George RR Martin : 4 tome en Américain = 12 tomes en français